Son nom vient du Front Populaire de 1936, dont l’assemblée, alliance des radicaux, de la SFIO (le PS de l’époque) et du PCF avait été élue avec 57,8% des voix. Elle était composée de 386 députés de gauche sur 610 au total, et était appuyée par un fort mouvement social. Ce Front Populaire a obtenu de grandes avancées sociales dont les congés payés etc. Cela n’a cependant pas empêché une large majorité de cette même assemblée, 357 députés, de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940…
Aujourd’hui le Nouveau Front Populaire, dont le nom semble avoir été choisi pour illustrer la phrase de Marx comme quoi l’histoire ne se répète jamais qu’en farce, prétend gouverner, avec moins de 20% des inscrits, moins de 20% des députés. La possibilité n’existe que parce que les partisans du capitalisme sont divisés entre droite et extrême droite, et même divisés encore au sein de chacun de ces camps. Comme le dit Jean François Copé l’un des leaders des LR : « Il y a 400 députés de droite, moins de 200 de gauche, ce serait aberrant d'avoir un gouvernement de gauche ! ». (Sur LCI le 16/07/2024 à 23H30).
La priorité : combattre les idées du RN
Le NFP prétend gouverner alors qu’il n’y a aucune perspective, ni à l’Assemblée nationale, ni dans le pays, pour qu’une politique de gauche soit mise en place avec succès. Surtout sans être appuyé sur un mouvement social fort. Le seul succès qu’il y ai eu le 7 juillet c’est le Front Républicain et le barrage à l’extrême droite. L’arrivée au pouvoir de cette extrême droite devient crédible à partir du moment où une fraction des milliardaires, ceux qui font le pouvoir en France, la choisisse et lui apporte les finances et les médias nécessaires à son accession. Dans l’instant, consolider ce barrage est utile et les députés non-RN élus trouveront les compromis pour cela à l’Assemblée.
Mais on sait aussi que ce type de barrage ne tient pas longtemps, voir les votes de barrage pour Chirac en 2002 et pour Macron en 2017 et 2022 qui n’ont pas empêché la progression du RN. Faut-il vraiment, après Hollande, d’une nouvelle déception de la gauche au pouvoir pour mobiliser ? Ce qu’il faut c’est constituer une alternative solide au RN. C’est-à-dire une alternative au capitalisme dont le RN est l’expression exacerbée. Or au sein du NFP lui-même la rupture avec le capitalisme est loin d’être claire. Les classes moyennes dont le NFP est une des expressions (regardez le profil des députés NFP) ne peuvent pas être le socle d’une victoire décisive contre le RN. Le programme du NFP non plus. Nul ne peut croire que 3 revendications (l’abrogation de la réforme des retraites, l’augmentation du smic, le blocage du prix de certains produits) puissent être un barrage à la poussée du RN (d’autant plus que le RN laisse penser qu’il n’est pas loin d’approuver certaines d’entre elles).
Ce n’est pas prendre la mesure que la montée du RN n’est que l’expression ici de celle de l’extrême droite dans tous les pays occidentaux. Or il faut continuer à combattre les idées du RN, ce qui est très peu fait lors des discussions pour prétendre gouverner. L’unité dans la lutte contre le RN, et en premier lieu ses idées, fera émerger une ligne politique cohérente, permettra d’élaborer un programme communiste démocratique tenant compte des erreurs passées, entrainera l’adhésion consciente des travailleurs à une alternative à la politique de citadelle blanche assiégée, d’impasse à l’israélienne où nous mène le RN, constituera une alternative crédible lors des crises à venir.