Comme l’écrit le quotidien ukrainien Gazeta du 14 février « Les agissements du président américain étaient prévisibles et Kiev n’aurait jamais dû compter sur lui ». Surtout ne pas compter principalement sur l’aide américaine dont on a vu avec Biden qu’elle n’arrivait jamais que mal dimensionnée et en retard. Mao Zedong en spécialiste des luttes de libération nationale est de meilleur conseil : « compter avant tout sur ses propres forces ». Ensuite seulement on peut être aidé utilement. Ce qu’il y a de bien avec Trump c’est qu’il y va carrément. Il tente de profiter de l’affaiblissement de l’Ukraine, sous les coups de son complice Poutine, pour tenter de lui soutirer 500 milliards de $ de minerais pour, dit-il, compenser l’aide de 175 milliards de $ (dont 70 sous forme de contrats pour les firmes d’armement américaines). Il s’est permis de dire au président Zelensky, décidément le De Gaulle ukrainien : « Vous auriez dû mettre un terme à la guerre il y a 3 ans. Vous n’auriez jamais dû la commencer. » !!! Son cynisme et sa cupidité se révèle à de plus en plus de gens et lui met à dos les peuples du monde entier, du Groenland à l’Ukraine en passant par des, jusqu’à présent, atlantistes européens. Il croit jouer fin en sacrifiant l’Ukraine, voire ensuite d’autres pays européens, pour se rallier la 2ème puissance militaire du monde, la plus puissante des Brics sur ce plan-là. Mais la Russie n’est pas une superpuissance comme Trump la flatte de l’être. Si elle avait le 4ème PIB mondial en PPA en 2023 c’était artificiel, basé sur le prix élevé du pétrole, du gaz et sur l’économie de guerre. La Russie a la 9ème population mondiale. Le clan d’oligarques de Poutine est extrêmement réduit et n’a pas de base sociale forte.
Si l’aide, même timide, honteuse, de Biden à l’Ukraine a semblé une diversion à Trump face à la préparation de l’agression contre la Chine, il ne lui suffira pas de rallier la Russie pour casser les Brics. Le soutien aux agressions israéliennes empêche un accord avec l’Arabie Saoudite qui vient de rallier les Brics. À moins que… L’exemple de l’Ukraine aidant, mais aussi celui du Canada, du Danemark, du Panama etc. les Israéliens ne soient eux aussi lâchés un jour ? Il nous faut nous préparer à accueillir les colons réfugiés israéliens !
S’il n’est pas exact que la Chine et les autres pays du Sud, Inde, Brésil etc. aient approuvé l’agression russe en Ukraine[1], il est vrai que certains pays du Sud n’ont pas soutenu la résistance ukrainienne avec ardeur. Une certaine gauche non plus. Voir le billet Poutine, Trump, gauche « campiste » même combat ? Espérons que ces pays, comme ces militants, le regrettent aujourd’hui et rectifieront !
Les leçons de ces derniers jours sont claires : 1) Le États-Unis sont un pays impérialiste même pas fiable. Tous leurs alliés doivent s’en méfier. 2) Tous les peuples doivent être soutenus dans leur lutte pour leur indépendance et leur libération, en particulier aujourd’hui les peuples palestiniens et ukrainiens 3) Face à l’Internationale réactionnaire dont Poutine et Trump[2] sont les leaders mondiaux, appuyés sur les extrêmes droites, menant les dernières guerres coloniales en Ukraine et en Palestine, il n’y a pas face à eux, contrairement aux années 40, la possibilité d’une alliance entre une URSS communiste et un monde occidental démocratique susceptible de remporter une victoire. L’horizon politique est donc de combattre de l’intérieur le système dominant en place : le capitalisme oligarchique. Pour répondre aux trois défis majeurs dont ces deux leaders sont porteurs : les risques de guerre, les inégalités, les dérives climatiques, y a-t-il une alternative autre que le socialisme ? le réel, c’est-à-dire le communisme ? Une phase de ce combat est l’alliance avec la majorité des pays de la planète, les pays du Sud, malmenés par les tyrans, et où se trouve l’essentiel de la classe ouvrière largement majoritaire dans le monde aujourd’hui.
[1] 4 pays seulement, Biélorussie, Corée du Nord, Érythrée, Syrie l’on fait lors du premier vote sur la question à l’ONU, le 2 mars 2022.
[2] Nous répondrons dans un autre billet à la question « Trump est-il fasciste ? »