Une vague de vestes noires étalées au pied de la victoire de Samothrace en guise de marée noire symbolique : le pétrole ne coule pas encore dans les couloirs du musée du Louvre, mais son argent, si.
Pour dénoncer les financements que l’institution parisienne reçoit par le biais de la fondation Total (notamment pour la création des nouvelles salles du département des arts de l’Islam en 2012, ou des actions dans le cadre de la Semaine de la femme depuis 2011), une quarantaine de personnes se sont livrées à une action/performance dimanche 5 mars, auprès de l’une des œuvres les plus célèbres du musée. Elles appartiennent au collectif « libérons le Louvre » lié au réseau militant 350.org. La vidéo de leur action est visible ci-dessous.
Dans la bande son, on entend deux voix chuchoter : « Total soutient le Louvre », « le Louvre soutient Total ». Pour ces militants, c’est tout le problème : en acceptant l’argent du pétrolier, le musée contribue à sa bonne image et renforce son acceptation sociale. « Mener cette action au pied de la Victoire de Samothrace signifie que nous démarrons cette campagne et que nous reviendrons au Louvre jusqu’à obtenir la victoire » explique Nicolas Haeringer, porte-parole de 350.org.
Pourquoi cette action, après le lancement en janvier d’un appel à libérer le Louvre des fossiles (10 000 signataires environ à ce jour) ? (voir l'article de Mediapart à ce sujet) « Nous souhaitons retirer notre consentement tacite aux activités de Total, poursuit l’activiste qui dénonce la perversité du mécénat : « on a l’impression que Total rend un service au Louvre alors que c’est le Louvre qui rend service à Total. Car ils ont besoin de renvoyer l’image d’un groupe qui œuvre pour le bien commun. Mais que signifie protéger le patrimoine à l’heure de l’anthropocène ? Est-ce qu’on exposera des bidons d’essence pour expliquer notre époque ? » Sollicité par mail lundi matin, le Louvre n’avait pas réagi avant la publication de ce billet de blog.
A quelques semaines de l’élection présidentielle, la campagne électorale est dévorée par l’ahurissante mésaventure de la candidature Fillon. Les soubresauts judiciaires et politiques de la droite occultent de nombreux et importants débats politiques. La question climatique et l’usage des investissements tirés des hydrocarbures en fait partie.