Jean-Christophe TABUY (avatar)

Jean-Christophe TABUY

Abonné·e de Mediapart

11 Billets

0 Édition

Billet de blog 1 mars 2022

Jean-Christophe TABUY (avatar)

Jean-Christophe TABUY

Abonné·e de Mediapart

"Munichois" : réponse à Noël Mamère

Monsieur Noël Mamère a livré dans ces pages son avis sur la situation en Ukraine. Un cri du coeur qui cherche malheureusement à discréditer ceux refusant de marcher dans les pas des " va-t-en-guerre".

Jean-Christophe TABUY (avatar)

Jean-Christophe TABUY

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’ancien candidat des Écologistes à la Présidentielle de 2002 a défendu par le passé des positions très courageuses. Toutefois « Penser l’impensable » publié hier dans le club de Médiapart renferme des propos ambigus, pour reprendre une expression en vogue chez les écologistes politiques ces derniers jours : il évoque en effet notre abandon du peuple ukrainien « à la sauvagerie » de l’armée de « l’ogre russe », lequel « a déjà commis des crimes contre l’humanité en Tchétchénie et en Syrie ». Il en appelle à « un réveil collectif ». Que suggère-t-il ? Que nous déclenchions la 3e guerre mondiale en envoyant nos soldats et/ou l’OTAN en Ukraine face à une puissance nucléaire ? Envoyer uniquement des armes ?

Cette diplomatie des bons sentiments venant d’un camp « attaché à la paix des peuples et au pacifisme » devient contestable dès lors que monsieur Mamère frappe de l’anathème « munichois » toute personne prônant une solution pacifique.

Rappelons d’abord que les accords de Munich ont débouché sur l’abandon d’un territoire souverain par les Anglais et les Français d’une part, l’Italie et l’Allemagne qui le revendiquait, sans même que la Tchécoslovaquie, première concernée, ait son mot à dire… Personne ne se résout à abandonner l'Ukraine. C'est la solution armée qui pose question. La référence historique avec la situation en Ukraine n'a pas lieu d'être.

« Munichois », c’est à peu près l’argument du président Nord-Américain Lyndon Johnsoni en juillet 1965 : « Une Asie sous la menace d’une domination communiste mettrait certainement en péril la sécurité des États-Unis eux-mêmes. Nous n'avons pas choisi d'en être les gardiens, mais il n'y a personne d'autre. La reddition au Vietnam n'apporterait pas non plus la paix, car nous avons appris de Hitler à Munich que le succès ne fait qu'alimenter l'appétit d'agression. La bataille s’engagerait dans un pays, puis dans un autre pays, entraînant peut-être un conflit encore plus vaste et plus cruel, comme nous l'ont appris les leçons de l'histoire ». Partisan de la théorie des dominos, il avait déclaré précédemment : « si nous nous retirons du Vietnam demain, nous devrons nous battre à Hawaï et la semaine d’après à San Francisco ».

Depuis, jusqu’à la guerre en Syrie en passant par l’intervention en Irak en 2003, « munichois » semble être devenu l’insulte suprême au moindre bruit de bottes et la dernière valeur refuge des interventionnistes, notamment le plus disqualifié d’entre eux, dont on pensait que l’épisode libyen l’aurait incité à la boucler à tout jamais. Au contraire, il invite ce soir mesdames Pécresse, Hidalgo et Fourest ainsi que messieurs Hollande et Kouchner à un « meeting de solidarité » envers l’Ukraine. On entend déjà d’ici les fariboles de ces bavards.

De même, évoquer des « crimes de guerre » pour justifier on ne sait quelle intervention n’a aucun sens. Lorsqu’un prix Nobel de la paix est lui-même accusé de « crimes de guerre » au Moyen-Orient, on préfère l’applaudir pour son action en faveur du climat ou saluer « l’espoir de nouveaux changements ». N’oublions pas non plus les mots de Noam Chomskyii : « si les lois de Nuremberg avaient été appliquées, tous les présidents depuis la fin de la 2e guerre mondiale auraient été pendus ». Les crimes de guerre alimentent d’autant plus le sentiment d’injustice et de vengeance chez les populations visées qu’ils sont niés. Qualifier ceux des autres et ignorer les nôtres est indécent pour les victimes, c’est aussi certainement créer les conditions de malheurs futurs chez nous.
Une telle période mérite mieux que de grandes phrases creuses sur la démocratie et sur un « ogre » qui mangerait la chair fraîche des enfants des pays libres.

En attendant, on lira les propositions des Commissions Transnationale et Paix & Désarmement d’Europe Écologie Les Verts, probablement infiltrées par des Municho-Villepino-Vedrino-Chomsko-Insoumis et manifestement sur une autre ligne que leurs candidats de 2002 et de 2022 : « Aucun peuple ne désire la guerre. Tout doit être fait pour arrêter l’agression militaire en cours. La diplomatie doit l’emporter sur la guerre ».

ihttps://fr.wikipedia.org/wiki/Crimes_de_guerre_des_%C3%89tats-Unis#Guerre_du_Vi%C3%AAt_Nam
iiTraduction google : https://chomsky-info.translate.goog/1990____-2/?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.