Poser une question donne généralement à penser que l’on dispose d’une réponse.
Mais en proposant de poursuivre ici, peut-être jusqu’à la controverse abrupte et irréductible, les échanges engagés à propos de la croyance (eux-mêmes n’ayant été que les prolongements de discussion antérieures), je ne résiste pas à l’évidente nécessité par les temps qui courent de mettre en question au-delà d’une brève introduction, ces idées qui partagent, qui font et défont… et nous entrainent.
Ces idées qui nous entrainent, au fil de généalogies et au grès de continuités ou de ruptures que nous connaissons souvent peu (ou mal).
Ces idées qui paraissent donc autonomes, comme douées d’une existence qui leur serait propre et dont serions les instruments.
La poursuite à travers plusieurs billets et fils de discussion d’un échange relativement nourri et riche de belles contributions tant sur la thématique des croyances religieuses que sur celle de l’idée communiste, a fait ressortir l’importance des textes.
Qu’il s’agisse des croyances communément appelées religieuses, ou de celles plus difficiles à débusquer qui fondent nos engagements d’apparence profane, toutes sont adossées et matérialisées par le livre, par une œuvre. Vérités révélées ou constructions philosophiques athées, toutes ces œuvres n’ont en fait de valeur qu’au regard de leur crédibilité, autrement dit de la croyance ou de l’acte de foi qu’elles inspirent, ou qu’elles supposent.
Ces œuvres humaines qui font références ultimes, qui nous attirent comme des papillons fous de lumière et sur lesquels viennent finalement butter tous les protagonistes en quête de réponses à des questionnements à la fois partagés et polémiques et, la plupart du temps, en quête d’une issue qui les confortent, tour à tour lecteurs critiques ou adeptes sourcilleux d’orthodoxie.
Au droit de la question initiale, « croire ? », il y a là comme une perversion qui la déplace subrepticement depuis son apparente simplicité originelle, vers l’exégèse sans fin des objets de la croyance. Et fini donc par la disqualifier, me semble-t-il abusivement.
Mais, c’est peut-être en cela que doit finalement s’apprécier, ou se qualifier, à sa juste mesure une croyance.
Comme une impossibilité de coupure entre elle-même et son objet.
Alors peut-être conviendrait-il de réexaminer la question ; et d’apprécier cette distance plus ou moins grande qu’entretien le croyant avec l’objet de sa propre croyance, sans pouvoir semble-t-il couper le lien de dépendance qui les unit, pour juger d’une hiérarchie des croyances ?
Quelques billets parmi d'autres pour référence :
"du-politique-et-de-deux-systemes-pour-lincarner-fragments-de-quatrieme-billet "
" puissances-du-communisme-le-dernier-texte-de-daniel-bensaid"
"jacques-ranciere-lhypothese-communiste-et-le-futur-de-lemancipation"