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Billet de blog 31 octobre 2022

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Définition du terme « poutinolâtre »

Ceux qui s’émeuvent que nous osions parler de poutinolâtres n’hésitent pas à reprendre à leur compte les calomnies de Poutine traitant les ukrainiens de nazis, néonazis ou ukronazis. Ils réclament une définition. Je vais leur donner satisfaction.

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Illustration 1

De nombreux rédacteurs et commentateurs réclament une définition du terme « poutinolâtre ». Ils pensent que ce terme aurait quelque chose d’insultant. A ce sujet je vais commencer par livrer quelques réflexions à propos d’un autre terme et de ses dérivés. Je veux parler du mot « nazi » qui se dérive notamment en « néonazi » et « ukronazi ». Les mêmes qui s’émeuvent que nous osions parler de poutinolâtres n’hésitent pas à reprendre à leur compte les calomnies de Poutine traitant les ukrainiens de nazis, néonazis ou ukronazis. Je me contenterais pour illustrer ces expressions d’une association de photos.

Illustration 2

A droite nous voyons Dimitri Outkine, néonazi revendiqué au point de le faire voir par ses multiples tatouages. C’est le membre fondateur de la milice Wagner gérée par Prigogine, le « cuisinier de Poutine ». Nous voyons sur la photo de gauche ce même Outkine avec son ami Poutine. A défaut de vous donner une définition, vous avez ici sous les yeux une illustration probante de ce qu’est le néonazisme.

Cela n’empêche pas quelques admirateurs de Poutine de se livrer à d’ignobles montages photographiques pour inverser les rôles. Ils ne veulent voir des nazis que chez les ukrainiens. François Asselineau a ainsi voulu faire croire qu’un commandant en chef de l’armée ukrainienne était un néonazi.

Illustration 3

Le mensonge a été démontré par un article et une vidéo. Je ne reprendrai pas l’affaire dans le détail. Asselineau est beaucoup moins bavard à propos des tatouages d’Outkine.

Illustration 4

La collégiale Notre Dame de Mantes la Jolie. Quand on veut voir des croix-gammées, on finit pas en trouver.

Toutes ces personnes émues ou scandalisées que nous osions parler de « poutinolâtres » réclament une définition. Je vais leur donner satisfaction.

Les poutinolâtres sont les admirateurs sans limite d’un tyran. Ils boivent ses paroles comme si elles venaient d’un Dieu. Ils n’émettront jamais aucune critique contre lui. Ils n’ont plus aucun discernement personnel et répandent la divine propagande sans compter. Ils lui sont entièrement soumis et préoccupés de satisfaire ses désirs : prédominance de la culture slave, récupération des territoires perdus, domination de la Russie... Ils reprennent la théorie nazie en remplaçant seulement les aryens par les slaves tout en parlant – comble de contradiction – de « dénazification ».

Les défenseurs de Poutine ne se contentent pas, en général, de justifier et d’approuver sa politique. Ils le vénèrent et le glorifient. Ils se plient en quatre pour répéter et justifier les énormes mensonges de Poutine : « C’est Lénine qui a inventé l’Ukraine », « Les américains avaient promis que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est » … Ils n’hésitent pas à se rouler dans la fange pour inventer les pires sornettes qui pourraient justifier ces mensonges (Voir notamment à ce sujet mon article "Les poutinolâtres en remettent une couche"). La fin justifie les pires moyens s’il s’agit de confirmer les propos de leur Dieu. Ils sont prêts à mentir et à falsifier à leur tour en déployant pour cela des records de fourberies en tout genre. Chez eux, perfidie, ruse, trahison et tromperie deviennent des qualités quand il s’agit de servir Poutine. Staline n’est-il pas l’un des grands hommes qui ont façonné l’histoire de la Russie ? C’est assurément l’avis de Poutine et tous les poutinolâtres lui emboitent le pas. Ils marchent à la même cadence et jouent la même partition. Hitler et les américains sont assurément de grands massacreurs mais Staline est l’ange purificateur qui les a combattus. Tout est à l’avenant. Aucune nuance critique ne trouve place dans leurs discours sur leur héros.

Illustration 5

Le ciment des poutinolâtres de tout poil est leur totale adhésion à la politique de Poutine. Celui-ci représente dans leur imaginaire collectif une stature peu commune, le modèle du leader fort, déterminé à combattre. Il devient le symbole de toute l’extrême-droite d’occident qui veut une internationale nationaliste autoritaire. Il défend les valeurs de « l’occident chrétien » en s’opposant à la « dégradation des mœurs » des « pays décadents ».

Il s'agit d'abord d'une fascination pour la violence, pour cette puissance que Poutine veut abattre sur ceux qu’il a décidé de punir sans craindre les jugements du monde. Les poutinolâtres répètent à l’envi leur métaphore de l’ours, animal puissant et gentil, qui devient redoutable contre ceux qui l’ont énervé. Poutine est donc toujours pour eux en état de légitimité. S’il agresse c’est parce qu’il a été provoqué. Il peut raser des villes entières comme Grosny, Alep ou Marioupol. Ses « opérations meurtrières spéciales » sont pleinement justifiées pour punir les populations qui lui résistent. Son ultra-nationalisme de Grand-Russe et sa soif de reconquête du grand Empire des tsars est un exemple pour tous les nostalgiques des guerres d’expansions coloniales ou impérialistes. Poutine est désormais le prototype de l’excellent chef d’état nationaliste et anticommuniste. Nostalgique d’un ordre antérieur où personne ne défiait l’autorité russe, il veut éliminer tous les obstacles à sa soif de reconquête. Il agit au nom d’une « dénazification » qui prolongerait celle qu’il attribue à la dictature stalinienne. Ce sont, en réalité, les peuples de l’URSS (ukrainiens, géorgiens, tchétchènes, ouzbeks, biélorusses, tatars…) tous tyrannisés par Staline, qui se sont sacrifiés pour gagner cette guerre contre le nazisme. C’est maintenant contre ces mêmes peuples que Poutine se retourne et tous les poutinolâtres se joignent à lui pour calomnier à l’envi ces peuples.

Les poutinolâtres comme tous les idéologues ne perçoivent jamais de nuances. Dans leur catéchisme, il n'est question que du bien et du mal. Ils raisonnent uniquement en binaire sans jamais manier la dialectique. Dans un tableau, ils ne voient que deux couleurs. Ils ne comprennent pas la différence entre soutien militaire et soutien politique. Certes, pour les militants de l'AGIMO et de l'UIT-QI, il n'est pas question d'être neutre sur la ligne de front au risque de recevoir des balles venant des deux côtés. Nous avons choisi le camp des agressés qui se défendent contre les envahisseurs. Il n'est cependant pas question pour les révolutionnaires d'apporter un soutien politique à Zélensky pas plus qu'à l'OTAN. Nous l'avons expliqué maintes fois.

Nous n'avons décidément pas le même mode de pensée.

Illustration 6

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