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Billet de blog 29 mai 2025

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Hydrogène automobile en France: il manque des stations de ravitaillement grand public

Un maillage de stations hydrogène [H2] fait défaut en France. L'autre jour, j'étais à Lille en voiture à hydrogène. Pas de station H2 à Lille ! En France, la première station de recharge H2 est à Paris. Heureusement, en repartant vers l'Est, la première station H2 est à 90 km, à Halle en Belgique. Pour un particulier, il reste fort difficile voire impossible de rouler à l'hydrogène en France.

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Récemment, j'ai réalisé mon rêve d'acquisition d'une voiture à hydrogène. Depuis lors, je documente quelque peu mes aventures de découvertes de stations de ravitaillement.

Sur le site H2.live, il apparait qu'un maillage de stations H2 fait cruellement défaut en France.

Illustration 1
Maillage d'infrastructures de recharge H2 grand public inexistant en France

La France fait moins nettement bien que l'Allemagne ou la Suisse, mais mieux que l'Italie ou l'Espagne.
Pourtant, au moins un pays (le Luxembourg) a utilisé des fonds européens pour s'équiper d'une telle infrastructure à hydrogène.

Illustration 2
Bettembourg (Grand-Duché de Luxembourg)

Il existe des stations H2 à Paris, à Lyon, en Vendée et c'est à peu près tout ! 

Deux bonnes nouvelles: selon H2.live, une station H2 est en préparation à Reims et une autre à Mois en Gironde.

On trouve déjà en France une station H2 laissée à l'abandon. C'était une station de feu la pépite McPhy. Il est vrai que la faillite de McPhy vient d'être officialisée. Quel gâchis !

Illustration 3
Sarreguemines, station H2 de McPhy laissée à l'abandon (photo mai 2025).

Par chance, il se trouve en France un sénateur visionnaire, Jacques Grosperrin, pour s'inquiéter d'un désengagement du gouvernement envers les véhicules particuliers.

Source: Hydrogène automobile : un désengagement du Gouvernement envers les véhicules particuliers ?

Jacques Grosperrin a souhaité "interpeller le ministre de l’Industrie et de l’Énergie sur l’absence de vision pour le développement de l’hydrogène dans le secteur des véhicules particuliers."

Bien dit ! 

Cette carence porte préjudice aux habitants de la France, mais aussi aux visiteurs étrangers. Il est navrant de constater qu'un touriste averti venant d'un pays du Nord avec une voiture à hydrogène ne pourrait guère s'engager sur le territoire français, car il risquerait fort de ne pas trouver de station à hydrogène pour faire le plein.

S'agissant de passer du pétrole à l'hydrogène, cela doit se faire avec la population et non pas seulement avec quelques technocrates ou industriels. Quel meilleur engagement que de circuler en voitures à hydrogène pour se passionner, en pionniers, en faveur de l'énergie du futur. La voiture à l'hydrogène, c'est le pied à l'étrier d'une révolution énergétique parfaitement salutaire !

Les voitures à hydrogène sont un vecteur idéal de la transition énergétique vers l'hydrogène. Elles impliquent le grand public et pas seulement les gouvernements et les industriels. Circuler en voiture à hydrogène, c'est une manière de montrer l'exemple en matière de transition énergétique.

Pour beaucoup de gens, l'hydrogène c'est encore de la science fiction voire une fumisterie... une impression qu'entretient le lobby des voitures à batteries. La simple vue d'une voiture à hydrogène suffit à évacuer cette fausse impression.

Jacques Grosperrin a aussi le mérite d'avoir parfaitement identifié une carence critique fondamentale. Parlant du dernier plan gouvernemental qui concerne la décarbonation de l'industrie lourde et des mobilités professionnelles, il commente: "De plus, aucune mesure ne concerne le développement d’un maillage territorial d’infrastructures de recharge à hydrogène pour le grand public."

Un maillage suffisant de stations hydrogène grand public permettrait aussi aux élus qui ont envie de s'engager dans l'hydrogène de vivre leur engagement au quotidien et de rappeler cet engagement autour d'eux.

Pourtant, le manque de stations à hydrogène grand public en France est bien identifié par l'association France Hydrogène qui a publié en juin 2024 un guide pratique de 76 pages intitulé: Déployer des stations hydrogène dans votre territoire : guide pratique à destination des collectivités et porteurs de projets privés. Voici un extrait de ce guide:

Illustration 5

Je voudrais m'adresser à France Hydrogène pour leur suggérer de lancer une initiative ciblée, afin de permettre à des pionniers activistes de l'hydrogène comme moi, de circuler en France en voiture à hydrogène. La motivation d'une telle initiative serait pédagogique, à l'attention du grand public, un acteur majeur d'une démocratie qui se respecte.

A court terme, il faudrait aussi imposer que toutes les stations à hydrogène pour les véhicules lourds (camions, bus, ...) soient également accessibles aux voitures et ouvertes au public, comme c'est le cas systématiquement dans les pays voisins. Concrètement, les camions et les bus ont des réservoirs à 350 BAR, alors que les voitures particulières (Mirai de Toyota et Nexo de Huyndai) ont des réservoirs à 700 BAR.

Illustration 6
700 BAR pour les voitures et 350 BAR pour les camions

L'autre jour, j'essayais de planifier un trajet d'Orly à Lausanne. Comme c'est un peu juste en termes d'autonomie (600 km), j'ai cherché une station d'hydrogène au milieu du trajet. Je suis tombé sur le site de Dijon-métropole qui parlait d'une station hydrogène au nord de Dijon. Ce site précisait: "3 bornes de distribution avec une pression de sortie de 350 bars pour les poids lourds (bennes, bus…) et d’une borne de distribution à 700 bars pour les véhicules légers." Comme le site H2.live ne mentionnait pas cette station de Dijon, j'ai pris contact avec Dijon-métropole. Après quelques jours, un responsable m'a appelé par téléphone pour expliquer que cette station n'était pas accessible aux voitures particulières. Voilà qui donnera encore de l'eau au moulin du sénateur Jacques Grosperrin.

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