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Bizarre, bizarre… Ce dimanche matin, peu après 8 h du matin, au moment de vouloir écouter France Inter sur le net, la page d’accueil affiche huit vignettes « AILLEURS SUR LE WEB », le tout (mention discrète) « sponsorisé par Outbrain ».
Voilà les huit infos essentielles auxquelles renvoyait alors la page d’accueil de France Inter :
1. La femme de Griezmann est sublime.
2. Ces stars se côtoient sur les plateaux télé et pourtant se détestent plus que tout.
3. 15 coiffures pour les femmes de plus de 40 ou 50 ans.
4. Bisexualité des stars : la fin d’un tabou.
5. La mort a décidé d’emporter ces 30 stars au sommet de leur gloire.
6. Les 5 maillots de bain pour femme à ne pas porter (gare au fashion faux-pas).
7. Les 20 scènes de nu les plus marquantes du cinéma.
8. Une source d’énergie nouvelle chez soi (publicité pour EDF).
Les titres renvoyant aux articles publiés sur le groupe Radio France n’apparaissaient qu’en bas de page, à la va-vite, sans aucune image.
Une heure plus tard, toutefois, cette rubrique « Ailleurs sur le web » avait disparu de la page d’accueil de France Inter (et n’apparaissait sur aucune des pages d’accueil des autres stations de Radio France). Serait-on en phase de tests avant une généralisation de ce type de fenêtres ? De fait, selon une information alors passé relativement inaperçue, Radio France et Outbrain ont signé en janvier 2016 un accord de partenariat pluriannuel exclusif. Installée depuis 2012 sur l’ensemble des canaux digitaux du groupe public, la technologie d’Outbrain continuera, selon un communiqué publié alors, de « recommander des contenus personnalisés (internes et sponsorisés) sur toutes les chaînes (France Inter, France Info, France Culture, France Musique, France Bleu, Fip et Mouv') et sur l’ensemble des écrans desktop, mobile et tablette du groupe Radio France ».

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Pour information, la société Outbrain (un nom qui rappelle la fameuse formule de Patrick LeLay sur « le temps de cerveau humain disponible »), dont le siège social est à New York, a été créée en 2006 par les Israéliens Yaron Galai et Ori Lahav. Plateforme de recommandation de liens, Outbrain prétend être installé sur plus de 35.000 sites et génèrer plus de 200 milliards de pages vues par mois en touchant plus de 557 millions visiteurs uniques dans le monde. Après s’être implanté sur le marché américain, avec des clients comme CNN, Fox News, ou le New York Post, Outbrain a débarqué en France en 2012, en signant avec plusieurs éditeurs et médias français : TF1, Libération, Slate, ou Bestofmedia. Selon le site frenchweb.br, grâce à de puissants algorithmes,Outbrain recommande des contenus pertinents et personnalisés pour chaque internaute. Concrètement, sous chaque article ou vidéo, Outbrain affiche une série de liens : des liens internes au site ou bien externes, pointant vers des sites tiers.
En passant par Outbrain, Radio France contourne les logiciels bloqueurs de publicités et permet ainsi l’affichage de publicités sur son site. Outbrain France a en effet réussi à passer un accord commercial avec Adblock Plus pour figurer sur une « liste blanche » qui laisse passer des publicités activées par défaut. En effet, selon le Journal du Net, AdBlock Plus se sert de ses utilisateurs pour faire payer les médias sous la contrainte, au prétexte de débarrasser le Web de la publicité intrusive.
Dans ces conditions, il est surprenant de voir figurer sur la page d’accueil de France Inter la
mention « sponsorisé par Outbrain ». Outbrain n’a rien d’un « sponsor » ! Mais cette intrusion d’informations renvoyant à des sites tels que Pause People, astucito.com ou encore lesderapages-auto-moto.com, pourrait évoluer vers des liens publicitaires. Ce serait une conséquence logique de l’autorisation de la publicité commerciale sur les ondes de Radio France (fruit d’un intense lobbying de Matthieu Gallet), prise par décret gouvernemental le 6 avril dernier, dans l’indifférence quasi générale et sans aucun débat au Parlement : voir notre article de blog, « Hollande, fils de pub ».