Ce matin j’entends à la radio qu’aujourd’hui on fête les Raïssa. Ce prénom a une consonance arabe, mais il est d’origine grecque. Il est peut-être arabe d’origine grecque ? Raïssa est égyptienne d’Alexandrie. De toute façon, Raïssa ne sera pas la première martyre de la folie religieuse, Égyptienne, Kabyle, Perse, Ibère ou Espagnole, Gauloise ou Française, Hongroise, Grecque ou Bulgare, etc.
C’est au début du quatrième siècle. La folie religieuse n’est pas encore musulmane. À Alexandrie, elle est chrétienne, et encore païenne. La folie chrétienne est à l’époque une folie qui consiste à mourir, et non pas à tuer, comme ce sera le cas parfois bien plus tard, pour certains chrétiens, oui hélas. Comme c’est le cas à l’époque pour l’empire romain, qui défend son polythéisme. Et comme ce sera le cas pour l’islam qui d’ailleurs mêlera dans sa folie la joie de mourir avec la joie de tuer :
Au nom d’Allah clément et miséricordieux. De Khalid ibn al-Walid aux dirigeants de la Perse.
Salutations à celui qui suit la voie de la vérité. Je remercie devant vous Allah qui est le seul Dieu.
Je remercie Allah qui a arrêté la clémence pour vous, qui a créé la discorde chez-vous et qui vous a rendu faibles. Signez moi un accord de dhimmitude et ramenez moi une jiziya.
Si vous ne le faites pas, je jure au nom d’Allah, la seule divinité qui soit, que je vais marcher vers vous avec des hommes qui aiment la mort comme vous aimez la vie.
(Khalid ibn al-Walid est un compagnon de Mahomet, et s’apprête à attaquer les Perses)
Mais pour Raïssa, le fanatisme s’exprime contre soi. C’est le truc des chrétiens. Tends l’autre joue. Tu rencontres une charrette, montes-y. On en trouvera des traces longtemps après. Voyez par exemple l’histoire de Cécile Renault :
Voyez aussi, en règle générale, l’étrange culpabilisation décoloniale, l’auto-accusation marxiste (donc d’origine chrétienne) face aux exactions islamistes.
Alors, Raïssa, comment elle exprime sa révolte ? En partageant le sort des autres victimes. À qui ça fait une belle jambe, ce que l’histoire ne raconte pas.
Raïssa est originaire d'Alexandrie en Egypte, consacrée à Dieu par son père alors qu'elle a 12 ans. Vers 308, elle a environ vingt ans lorsque l’empereur Dioclétien lance une persécution sanglante contre les chrétiens.
Elle va puiser de l'eau dans le Nil, quand elle voit passer un bateau avec beaucoup de gens à bord. Elle demande de qui il s'agit et apprend que ces gens enchaînés sont des chrétiens qu'on emmène au supplice. Elle demande à partager leur sort. Refusée une première fois, elle insiste avec force, allant jusqu’à insulter les idoles païennes :
« Moi aussi je suis chrétienne et je crache sur les idoles ».
Alors on l’accepte. Elle monte sur le bateau. Elle sera jugée et décapitée la première à Alexandrie.
Héroïsme inutile. Exploit vain. Mort stupide. La sainte n’est pas guerrière, simplement victime.
Bonne fête quand-même, Raïssa.