Un autre cleubien a pondu un billet ayant pour titre Le RN est une vomissure. En mon for intérieur, je méprisai ce mépris. Sans me rappeler ce que je titrais et dessinais en 2020, encoléré par le résultat des municipales à Conflans Sainte Honorine.
Tel Paul de Tarse, persécuteur de chrétiens, qui devient sur le chemin de Damas un des fondateurs de l’église chrétienne, le sectaire que j’étais persécutait le RN. Seule différence, je suis pas devenu sectateur du RN. J’ai juste voté pour lui aux législatives. Mais aux européennes, j’avais voté Reconquête.
Pourtant, le jihadisme avait déjà massacré en grand, au fusil d’assaut, avec un camion, ou alors au coup par coup de couteau. Des prêtres, des flics, des quidams, des colonels de gendarmerie se sacrifiant, des enfants, des vieillards, des moines, etc. Des juifs, des chrétiens, des athées, des musulmans. Mais mon progressisme tenait bon, j’étais toujours con. Vous aurez pas ma haine.
Je suis pas fier de ce billet.
Ma connerie en effet était double. Non content de merdifier le RN, j’avais participé à « l’agora citoyenne » de Conflans, une mascarade woko-participative où j’ai rencontré des médiocrités de fort calibre. Bon. J’avais compris le niveau et avait quitté à mi temps, mais quand même. Le verre à moitié vide est à moitié plein.
Picciola, de Joseph-Xavier Boniface (Saintine), met en scène deux prisonniers politiques dans la forteresse de Fenestrelle, en Italie, sous Napoléon. Le vieux Girhardi, un peu fruste, fait la leçon au jeune comte de Charney, idéaliste et philosophe. Le professeur était celui qui savait le moins, mais qui savait le mieux, Girhardi. Je tenais plus de Charney que de Girhardi. J’étais un peu trop fier de mon savoir et de mon « intelligence ». Et y avait pas de quoi.
Je suis pas fier non plus de mon mitterandisme (consubstantiel à la haine du FN). Je me souviens entre autres d’un jeune type contre qui je m’étais énervé, comme le pire des sectaires : « Pour juger de l’intelligence des gens, il faut soi-même être intelligent ». Cette insulte à qui osait ne pas aimer Mitterrand ! J’avais aucune excuse : maman m’avait averti sur Mitterrand. « Mais je n’ai pas cru ma mère… »
Et puis, Samuel Paty a été décapité. Massacre « symbolique », une seule personne, un professeur qui croyait en son travail et qui voulait le faire. Après cela, le professeur français n’a plus jamais été le même. C’est la liberté d’enseigner qui a été assassinée, là.
Je suis pas fier de ce billet.
Il était pas plaisant, Le Pen, je le concède. Surtout ses jeux de mots. Je préfère largement ceux de Goscinny. Mais il avait raison sur le fond. J’ai dis tellement de conneries dans ma vie que je pardonne à pépé. Et puis, aussi, j’ai eu l’occasion de rencontrer le racisme inverse. « Koufar », ça vaut bien « nègre ». « sale Français », ça vaut bien « sale Arabe ». Le « on est chez nous », de la part de jeunes racailles qui t’expliquent que la devanture de ta boutique leur appartient, ça vaut bien le « on est chez nous » des manifestants qui, en effet, sont chez eux, et que l’on méprise.
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