Il était une fois un pays qui ne connaissait la guerre de haute intensité que par les jeux vidéo, affalé dans son canapé.
Pour exister, pour garder son statut international et pour se faire respecter des empires voisins tyranniques, pour éviter la crise de nerfs de ses dirigeants tellement surréalistes, ce pays jouait avec le feu, la vie des gens et le bouton rouge nucléaire.
Pour avoir sa jolie petite guerre à lui, stade final d’un cycle capitalistique, renaissance existentielle du néo-libéralisme, comme l’OTAN en Ukraine ou le film "Le Chant du loup", ce pays a eu un stratagème extraordinaire. Il suffisait de tendre un piège à la Russie avec un missile balistique factice, non chargé, dirigé sur Moscou, pour avoir une riposte véritablement nucléaire et dire ensuite :
« L’ours russe, les grands méchants russes nous attaquent en premier. »
« Légitime défense, droit international et légalité pour nous, on doit riposter immédiatement ».
« Haro sur les envahisseurs russo-hitlériens, islamo-tchéchènes ! »
« Allons enfant de la patrie »
« Le jour de gloire est arrivé »
« Contre nous de la tyrannie »
«Les traîtres munichois seront pourchassés »
« Lisez bien la notice antiatomique qui vous sera envoyé !»
Ce pays concoctait bien d’autres chausse-trappes machiavéliques pour berner le peuple.
Jusqu’à l’écœurement, tous, vraiment tous, média, Politiques, Intellectuels, concourraient à cette grande manipulation des masses apeurées dans ce pays en état d’urgence, en état de siège sans liberté, sans démocratie.
L’ennemi est à nos portes. Il n’est qu’à quelques (milliers) de kilomètres de chez nous. Il faut passer en économie de guerre, etc… Alors le plus haut responsable fit appel à toutes les suggestions.
Dans ce beau pays qui se vautre dans l’accaparement effréné des dernières richesses planétaires, les supers stratèges ont trouvé la solution adéquate :
férus de jeux vidéo, prodiges de la « poucette », mettre tous les citoyens et citoyennes en télécombat après leur travail quotidien. Des millions de conscrits et conscrites sous les drapeaux chez eux. L’état fournit une manette et un joystick, cinq drones militaires et des munitions à chaque télé-militaire.
Assis dans leur canapé, il n’y a plus qu’à téléguider ces drones militaires, ces engins de mort, sur l’objectif fixé. Attention ! Ayant cinq drones, cinq vies, le télécombat consiste à gagner, à cumuler des points pour monter dans la hiérarchie en restant en robe de chambre.
Les cinq vies épuisées, il faut racheter ces outils de combats avec vos propres économies, vos propres deniers ou aller vous battre sérieusement sur le vrai front avec les vrais militaires.
Les avantages sont nombreux :
- Plus de morts chez nous
- Plus d’investissements lourds
- Plus besoins de casernes
- Plus besoins d’uniformes
- Plus de logistiques (livraison de drones par un site de commerce en ligne)
- Plus d’hôpitaux militaires
- .
Dans sa grande bonté, ce pays offre par service en ligne, les frites et les hamburgers.
Du vrai vécu, il va sans dire qu’une petite formation en distanciel est nécessaire ;
Pour apprendre la géographie en évitant de mettre la Bretagne à Lille, de mettre la Corse à côté de l’Irlande.
Pour apprendre à s’orienter, à faire la différence entre le nord et le sud, entre le sud-sud-ouest et le sud-ouest, entre une coordonnée géodésique et une coordonnée postale.
Pour apprendre à calculer son stock de munitions et faire la différence entre dizaine et douzaine.
La survie est en jeu avant La guerre extrahumaine en intelligence artificielle.