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Avec ses amis du collectif MxM, Cyril Teste continue d’explorer les frottements entre théâtre/image/ cinéma et le Printemps des comédiens est l’un de leurs lieux de rendez-vous avec le public. On n’est pas prêt d’oublier la révélation-révolution que fut, en son temps, Nobody d’après un texte de Falk Richter créé au domaine d’O de Montpellier. Il y a trois ans Cyril Teste présentait une version de "La Mouette" de Tchekhov (lire ici) où le lac était abondamment et magnifiquement filmé, le voici parti sur "l’autre rive", c’est le titre de sa « variation théâtrale » (et filmique devrait-on ajouter) « librement adaptée de "Platonov" de Tchekhov » et, à nouveau, dans une traduction d’Olivier Cadiot. On retrouve le plus souvent les mêmes et excellents acteurs, citons : Vincent Berger, Olivia Corsini, Katia Ferreira, Emilie Incerti Fomentini, Mathias Labelle, etc. Bref on ne s’étonne pas de voir des cadreurs sur le plateau, des écrans , la touch Teste.
Prenons le début. Tchekhov avance pion par pion. « Alors ? » demande Triletzki, un colonel en retraite dont la fille Alexandra dite Sacha a épousé Mikhael Platonov dit Micha devenu instituteur. « Rien...on s’ennuie doucement » répond Anna Petrovna, jeune veuve d’un général qui mène grand train mais est au bord de la ruine. Le doux ennui, la splendeur défunte… On est chez Tchekhov. Teste, lui, d’emblée organise une méga teuf chez Anna Petrovna, avec musique originale -le fidèle Nihil Bordures- et plein d’invités dont quelques dizaines de spectateurs conviés sur la scène pour faire de la figuration, se trémousser, ingurgiter des petits fours, le tout au milieu des comédiens. C’est ainsi que, vaille que vaille, Platonov au sortir d’un long hiver, remet en marche son pouvoir de séduction auprès d’un amour de jeunesse retrouvé, d’Anna Petrovna, de son épouse aimée et délaissée, etc. On boit, on ment, on jure que ... Au milieu des agitations un peu vaines de la foultitude scénique, la vidéo, bonne fille et prêtresse, filme de près les corps, les visages, observe les mouvements hésitants, les regards assassins, les rires étouffés. Le public élu ayant vécu son quart d’heure de célébrité warholienne est prié de regagner des gradins disposés sur la scène de chaque côté. Le théâtre, cet observatoire des sentiments humains revient, sans le moindre artifice. Ouf, enfin...
Les cadreurs et les monteurs qui ont longtemps été à la fête le sont plus encore dans le film qui a été parallèlement réalisé par Cyril Teste et qui sera diffusé sur Arte à la rentrée. Autant le spectacle, pardon la « variation théâtrale » s’avère bancale, autant le film traverse la pièce de Tchekhov avec acuité.
Printemps des comédiens jusqu’à ce soir après la création à Bonlieu (Annecy). Puis vaste tournée à la rentrée : Théâtre Nanterre-Amandiers, du 27 sept au 13 oct ; Espace des Arts, Chalon-sur-Saône les 17 et 18 oct ; Théâtre du Rond-Point, Paris du 8 au 16 nov ; Équinoxe de Châteauroux le 26 nov ; Maison de la Culture d’Amiens, les 5 et 6 déc ;Les Quinconces du Mans
du 11 au 23 déc : La Condition Publique, Villeneuve d’Ascq les 18 et 19 déc ; Théâtre des Louvrais, Cergy-Pontoise du 15 au 17 janv ; Comédie de Valence, les 22 et 23 janv ; Les Célestins, Lyon du 30 janv au 8 fév ; Le Tandem, Douai les 18 et 19 mars, Théâtre Sénart, Lieusaint du 26 au 28 mars