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Billet de blog 8 septembre 2025

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Et revoilà le Festival du Moulin de l’Hydre !

Comme chaque année depuis quatre ans, la saison théâtrale s’ouvre, dès le premier week-end de septembre, avec le festival du Moulin de l’Hydre à Saint Pierre d’Entremont (Orne) quelque soit la météo. Après la pluie l’an dernier, cette année c’était soleil pour une foison de spectacles en plein air

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Illustration 1
Ambianc au Moulin de l'Hydre © Christophe Raynaud de Lage

Chaque année, en arrivant au Moulin, on mesure l’avancement des travaux. Nouvelle et vaste cuisine, magasins de décors et ateliers réaménagés, nouvelles chambres ou encore, un peu à l’écart, quatre grands containers aveugles abritant les décors de la compagnie le K, la compagnie de Simon Falguières, coorganisatrice du festival avec l’association Les Bernards l’Hermite dont Falguières est une des membres fondateurs . Falguières et cinq amis, entourés de bénévoles du coin et d’ailleurs, ont pris possession de ce moulin qui n’en était plus un et en ont fait une fabrique de théâtre ouverte toute l’ année (stages, résidences, répétitions, spectacles, etc.). Cerise sur le gâteau, cette année leur projet a été élu pour le département de l’Orne lauréat de la fondation du patrimoine dont la dotation ouvrira la voie vers la réalisation de leur rêve : un théâtre au sein de l’édifice en complément du théâtre en plein air adossé au bâtiment et où se sont déroulées la plupart des festivités du festival  : danse, théâtre, musique….

Tout commença par Bien parado du collectif La méandre, un spectacle de danse en guise de mis en jambes, puis ce fut Koudour magnifique voyage orchestré par cette diablesse qu’est Hatice Özer avec sa famille et ses amis musiciens turcs sur lesquels plane l’ombre de son père. Sous la direction musicale d’Antonin Tri Hoang, un mélange de langues, de poètes (Yunus Emre, Djalāl ad-Dīn Rûmî et Morsi Djamil Aziz) et de divas du Proche orient autour d’une fête de mariage dont le marié reste introuvable. Les spectateurs sont bientôt invités à venir danser sur scène. Le spectacle va tourner jusqu’en juin prochain. Réjouissant.

On devait retrouver Hatice Özer en compagnie de Pierre Giafferi et Clara Mayer dans le spectacle Le Prélude de Pan, une mise en scène de Clara Hédouin qui a adapté le texte de Jean Giono ouvrant ce recueil de nouvelles. Le texte avait été créé au dernier festival d’Avignon dans les bois et les prés entourant Villeneuve lès Avignon, mêlant des témoignages d’agriculteurs du coin (gros productifs et petits bios) à la nouvelle mais écrasant trop cette dernière. Au Moulin de l’hydre les témoignages d’agriculteurs de la région arrivent en préambule à la nouvelle avant que le spectacle ne devienne déambulatoire tout au long de la vallée du Noireau qui longe le Moulin . De station en station, les excellents interprètes égrènent les pages de la nouvelle : l’arrivée d’un inconnu dans un village en fiesta et le charivari qui s’en suit. Le spectacle y gagne en clarté et en efficacité. De champ en champ, le spectacle nous emporte.

Louis de Villers, l’un des cofondateurs de la Fabrique de théâtre du Moulin et qui est l’un des interprètes de Molière et ses masques, le spectacle de Simon Falguières (lire ici), est, lui aussi, un passionné par Giono dont la vie comme celle de Céline, n’aura pas été à la hauteur de l’œuvre . Sous le titre Vivre, il met en scène et interprète une autre nouvelle de l’auteur, celle qui ouvre son recueil Refus d’Obéissance. Un plaidoyer anti militariste et anti capitaliste écrit en 1934, le narrateur dédiant ses mots à ses compagnons morts au front à ses côtés lors de la prise d’un fort. « Je préfère vivre. Je préfère vivre et tuer la guerre et tuer l'état capitaliste. Je préfère m(occuper de mon propre bonheur. Je ne veux pas me sacrifier » écrit Giono, dit l’acteur, accompagné à la batterie par Yuko Oshima.

« Notre collectif est né de la volonté de créer un orchestre de résistance face aux défis du monde, engagé pour la justice sociale et climatique. Nous constituons une alternative au modèle dominant du monde de la musique classique.
En tant que musicien·ne·s militant·e·s amateur·ices et professionnel·le·s, étudiant·e·s et jeunes travailleur·euse·s, nous partageons tou.te.s un même objectif : bâtir un espace de réflexion ouvert et d'expérimentation de nouveaux modes d’action dans la lu
tte.

Nous sommes affligé·e·s de voir l’urgence écologique et sociale reléguée au second plan dans l’espace médiatique et politique. Nous évoluons dans un système capitaliste mondialisé qui n’a de cesse de creuser les inégalités, de surexploiter nos ressources naturelles et d'encourager, pour sa survie, la construction de systèmes d’oppression.
Nous reconnaissons que le monde actuel de la musique classique manque d’accessibilité et d’inclusivité. Aujourd’hui, la musique classique jouit d’un statut intouchable alors qu’elle véhicule des symboles d’un autre temps. Nous déplorons son cloisonnement dans les centre-villes bourgeois, l’accès inégal à la pratique instrumentale, la volonté d’uniformisation et d’élitisme qui se perpétue au sein des conservatoires et la marginalisation des femmes aux postes reconnus et de pouvoirs. »

Ce sont là quelques lignes du manifeste de L’Orchestre du nouveau monde constitué il y a quelques années et regroupant des musicien.nes sorti.e.s des Conservatoires et qui souhaitent faire bouger les lignes. Leurs préoccupations, leurs objectifs , leur ouverture croisent celles et ceux du Moulin . L'équipe du Moulin a tout de suite souhaité le faire venir au festival cet oorchestre pas comme les autres. Après avoir planté leurs tentes dans le camping du MouIin au bord de la rivière, l’orchestre a envahi en masse la scène pour interpréter des œuvres allant de Beethoven à Léonard Bernstein, de Florence Price à Arturo Márquez.

Enfin, avec Le journal d’un autre, Simon Falguières a poursuivi son journal théâtral personnel qu’il écrit et joue de ci de là. Je me souviens d’un épisode savoureux vu il y a quelques années où il racontait sa propre naissance. Cette fois, c’est la naissance et les vagissements du Moulin qu’il a souhaité raconter, à commencer par l’exploration fantaisiste et jubilatoire du mot Hydre. En attendant une prochaine création fleuve (texte et nombre d’interprètes) comme les aime l’auteur et metteur en scène, Le livre de K sera créé en novembre au Théätredelacité de Toulouse..

Tournée des spectacles présentés au Moulin :

Bien parado : le 13 sept. Le P’tit Pim, la Pimenterie (71), du 1au 4 oct. Pronomade(s), Haute Garonne – CNAREP à Encausse les Thermes (31)

Koudour : 17 oct Saison culturelle de l’Ernée (53), 3 déc L’Avant Seine / Théâtre de Colombes (92), 17-19 déc MC93 Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis | Bobigny (93), 24- 25 marsThéâtre de La Renaissance | Oullins (69), 26-27 mars Théâtre de Vénissieux/La Machinerie (69), 7 mai Le Pavillon | Romainville (93), 6 juin Espace Germinal, Fosses (95)

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