La circulaire n° 2015-057 du 29-4-2015 d’application des décrets n° 2014-940 et n° 2014-941 du 20 août 2014 apporte quelques clarifications sur des questions concrètes qui ont longtemps fait l’objet de réponses variables selon les établissements scolaires.
Une première d’entre elles clarification porte sur les heures de vie de classe, instituées dans l’horaire élèves depuis 15 ans (dix heures annuelles de la sixième à la terminale), sans apparaître jusqu’ici dans l’horaire des enseignants[1].
La circulaire du 29 avril précise donc d’abord, à propos du décompte des heures d’enseignement, que « les heures de vie de classe, qui visent à permettre un dialogue permanent entre les élèves de la classe, entre les élèves et les enseignants ou d'autres membres de la communauté scolaire, sur toute question liée à la vie de la classe, à la vie scolaire ou tout autre sujet intéressant les élèves, n'entrent pas dans le service d'enseignement stricto sensu des enseignants qui en assurent l'animation. »
Elle ajoute ensuite, à propos des missions liées au service d’enseignement, que les heures de vie de classe « relèvent ainsi pleinement du service des personnels enseignants régis par ces dispositions, sans faire l'objet d'une rémunération spécifique supplémentaire autre que l'indemnité de suivi et d'orientation des élèves (Isoe) régie par le décret n° 93-55 du 15 janvier 1993, » au même titre que
« - les travaux de préparation et de recherches nécessaires à la réalisation des heures d'enseignement, l'aide et le suivi du travail personnel des élèves, leur évaluation, le conseil aux élèves dans le choix de leur projet d'orientation en collaboration avec les personnels d'éducation et d'orientation, les relations avec les parents d'élèves, le travail au sein d'équipes pédagogiques constituées d'enseignants ayant en charge les mêmes classes ou groupes d'élèves ou exerçant dans le même champ disciplinaire (II de l'article 2 du décret n° 2014-940) (…)
- la participation aux réunions d'équipes pédagogiques, qu'elles prennent ou non la forme d'instances identifiées telles que les conseils d'enseignement (pour les enseignants exerçant dans les mêmes champs disciplinaires) ou les conseils de classe (pour les enseignants ayant en charge les mêmes classes ou groupes d'élèves) ;
- la participation à des dispositifs d'évaluation des élèves au sein de l'établissement ;
- les échanges avec les familles notamment les réunions parents - professeurs ; »
On voit là enfin tomber la plus fréquente des mauvaises raisons avancées pour justifier l’absence d’heures de vie de classe portée à l’emploi du temps des élèves et des enseignants. Ces heures font bien partie des missions liées au service d’enseignement, au même titre que la préparation des heures d’enseignement ou à l’évaluation du travail scolaire des élèves.
Reste à leur trouver une place qui ne constitue un repoussoir pour personne dans les emplois du temps : éviter l’heure de fin de lourde journée ou demi-journée semble une précaution salutaire.
On songe, à propos de la conception des emplois du temps ici questionnée, à ce que Condorcet écrivait à propos des maîtres, en rappelant la nécessité « d'empêcher que l'instruction, qui est instituée pour les élèves, ne soit réglée d'après ce qui convient aux intérêts des maîtres[2]».
[1] On a souvent évoqué les heures de vie de classe dans ce blog, notamment dans le billet suivant de février 2014 :
[2] CONDORCET, Marquis de Jean-Antoine-Nicolas de Caritat, Cinq mémoires sur l’instruction publique, 1791