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Billet de blog 25 juillet 2016

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Libération de Me Lydienne Yen EYOUM: Realpolitik et Droits Civiques au Cameroun

La libération récente de l'avocate Franco-Camerounaise Lydienne Yen Eyoum s'est accompagnée comme toujours d'une prolifération d'étranges théories au relent xénophobe au Cameroun, sans lien avec le système conventionnel, ne tenant évidemment aucun compte des souffrances endurées par ces personnalités embastillées de façon arbitraire et de leur difficile processus de reconstruction.

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Illustration 1

Photo: l'avocate Lydienne Yen Eyoum maintenu en détention arbitraire pendant 06 années au Cameroun

Par Olivier Tchouaffe PhD et Joël-Didier Engo, Président du CL2P

La libération de Me Lydienne Yen Eyoum a conduit à certains commentaires très étranges. Anicet Ekane, Président d'honneur du parti nationaliste MANIDEM, s'est appesanti sur l’ingérence de la France, faisant écho à une polémique inutile qui n’a rien à voir avec le long combat que demande la construction d’infrastructures démocratiques solides au Cameroun. Me Yondo Black, le principal avocat de Me Eyoum au Cameroun, a été amené à repréciser que cette procédure judiciaire a davantage été compromise par l’incompétence et l'interférence des conseillers du Président Paul BIYA, dont la manipulation a par la suite alimenté les critiques contre une France qui dicterait le fonctionnement de la justice interne au Cameroun.

Comme toujours, nous assistons à la prolifération d'étranges théories au Cameroun sans lien avec le système conventionnel, qui ne tiennent bien évidemment pas compte des souffrances endurées par nos compatriotes embastillées de façon arbitraire et du difficile processus de réinsertion ou reconstruction sociale qui suit.

Le fait irréfutable est que Me Lydienne Eyoum Yen était une prisonnière politique et toutes les personnes engagées dans la lutte pour les droits civiques et la démocratie auraient dû se réjouir de sa mise en liberté, y compris grâce à l’intervention de la France. Nous devons commencer par reconnaitre que la France n’a pas pu intervenir sans une sensibilisation regulière puis une pression exercée par des organisations des droits civiques d'expérience comme le CL2P, œuvrant sans relâche et de manière désintéressée pour la liberté des prisonniers politiques au Cameroun. Dans un tel contexte, alimenter une bulle nationaliste au Cameroun en déniant systématiquement à des partenaires de bonne volonté tout droit d'agir est un non sens. Car Marafa Hamidou Yaya et Jean-Marie Atangana Mebara défendus respectivement par le Groupe de Travail des Nations Unies contre la Détention Arbitraire et la Commission de l’Union Africaine pour les Droits de l’homme et des Peuples doivent aussi être immédiatement libérés.

Nos alliés doivent toujours être les bienvenus dans cette lutte pour la démocratie et les droits civiques au Cameroun. Et la réalité est qu’il y a de la place pour tout le monde pour oeuvrer en faveur de la liberté et de la démocratie dans la globalisation.

En effet dans ce monde globalisé, se faire des alliés, être inclusif et innovatif, sont les clés pour construire dans le long terme une société solide et empathique.

La question fondamentale au Cameroun est: pouvons-nous obtenir le changement politique sans nous entre-tuer, en particulier, dans un régime antidémocratique comme le nôtre avec un dictateur vieillissant et aucune culture de la démocratie digne de ce nom? Dans notre combat pour les droits civiques et la liberté, nous devons coopérer avec tous les alliés de bonne foi. Parce que la guerre civile et la tyrannie ne doivent pas être la réponse.

Cette idée populiste répandue au Cameroun que nous n’avons pas besoin d’alliés dans ce combat est ridicule, surtout en cette période dangereuse où la politique gagne un intérêt croissant et la croyance en nos propres capacités en déclin permanent. Cette espèce de syndrome dépressif doit impérativement s’arrêter, notamment du fait d'un système politique anachronique (comme le nôtre) par rapport à l'ère des technologies avancées que nous vivons, où l'engagement civique est devenu plus facile grâce aux réseaux sociaux. Comme acteurs sociaux au sens large, nous devrions plus être encouragés et habilités à trouver des réponses adéquates, et ne plus nous attarder sur un modèle vieillissant, anti-démocratique, et corrompu qui nous empêche d'apprécier nos contributions respectives.

Par conséquent, au lieu d'être toujours sur la défensive, nous devons précisément construire cette infrastructure de droit civique et de la démocratie avec tous nos alliés, afin de transformer la vie de tous les camerounais de manière positive.

Olivier Tchouaffe PhD et Joël-Didier Engo, Président du CL2P

Illustration 2

Building Allies and Civil rights work in Cameroon

By Olivier Tchouaffe PhD and Joel-Didier Engo, CL2P President

The liberation of Me Lydienne Yen Eyoum led to some very strange comments. Anicet Ekane vented about France’s interference creating and echoing an useless polemics inconsistent with the hard work of building up solid democratic infrastructures in the country. Me Yondo Black, Me Eyoum lead attorney, had to clarify that this judicial process was far more compromised by the incompetence of the president’s advisors whose ineptness led to the argument that France dictates the inner working of the law in Cameroon.

As always these are strange times produced by conventional belief systems in Cameroon which of course does not take into consideration the suffering of the unjustly imprisoned and the difficult time of reinsertion to follow.

The most concrete fact is that Lydienne Yen Eyoum was a political prisoner and all the folks professing to fight for civil rights and democracy should have rejoiced at her newfound freedom even with France’s intervention. We need to start with the recognition that France did not intervene without pressures from civil rights organizations with vast experience, such as the C2LP, tirelessly and unselfishly, fighting for freedom for political prisoners. As such building bubble around Cameroon and refusing potential allies acting in good faith make no sense. As such, Marafa Hamidou Yaya and Jean-Marie Atangana Mebara defended by the United Nation Working Group on Arbitrary Detention and the African Union Commission for Human and People Rights must be free immediately.

As such, allies are always welcome in this fight for civil rights and democracy.And the reality is that there are room for everybody to participate in the work of freedom and democracy in the world of globalization.

In this globalized world, making allies, being inclusive, being innovative is the key to build ourselves in the long haul beginning with the making of strong safety net.

The basic question in democracy is can we get to political change without killing each other, particularly, in an anti-democratic regime with an aging dictator and no culture of democracy to speak of? In the fight for civil rights and freedom, we need all the allies we can get because civil war and tyranny is not the answer.

This idea that we do not need allies in this fight is ridiculous, especially, when we live in dangerous time in which there is a growing interest in politics but a declining faith on Cameroonian’s own abilities. This kind of derangement syndrome has to stop, particularly, when simply maintaining an outmoded system in a technological era that calls out for, and can provide, much more informed participation. We should all be encouraged and empowered to study a given issue as representatives of the population at large and stop keeping talking past each other and not respecting each others contribution. Community participation and the help of allies to the cause is primordial because ordinary people have to keep asking the right question while attention to the common good is increased.

Hence, instead of playing defense, we must build this infrastructure of civil right and democracy with all the allies we can get to transform the lives of all Cameroonians.

Olivier Tchouaffe PhD and Joel-Didier Engo, CL2P President

 http://www.cl2p.org

Illustration 3

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