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Billet de blog 9 mai 2021

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"LA MAISON" FRANCE

Ce billet est écrit pour tenter de montrer que l'on ne change pas impunément ce qui peut sembler être "un détail" sans risquer de faire de gros dégâts.

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  • Dans la catégorie ESSAIS  Joseph CONFAVREUX a publié un article particulièrement intéressant. 

Friedrich Hayek, les neurones et le libéralisme autoritaire

7 MAI 2021 PAR JOSEPH CONFAVREUX

En s’intéressant au « perceptron » et à la vision du cerveau développée par l’économiste Friedrich Hayek, le physicien Pablo Jensen met en lumière un pan du néolibéralisme autoritaire, guidé par un parallèle avec les « réseaux de neurones ».

J'ai découvert, grâce à lui, un auteur et une approche que j'avais peu étudiée.

J'ai publié le commentaire suivant à la suite de sa lecture.

  • 07/05/2021 18:52

"Il ne cesse d’ailleurs de dénoncer « l’illusion constructiviste » qui a « sévi pendant les trois cents dernières années »Tant Voltaire que Rousseau ou Keynes sont tombés dans l’ornière de penser que la société serait un « ordre fabriqué » que l’on pourrait organiser selon des principes rationnels et en se donnant des buts communs."

"Grâce" aux Romains, aux Chrétiens et à Napoléon nous avons des exemples de cet "ordre fabriqué" qui s'est transmis d'âge en âge "selon des principes [+ ou -] rationnels et en se donnant des buts communs". Cela semble "insensé", mais malheureusement réel. J'ai pu les retrouver lors d'une recherche sur nos institutions telles que Napoléon nous les a transmises. 

Pour ce qui est de Napoléon, voici ce que dit Max Gallo à son sujet : Il parle de la façon dont Napoléon a découvert “les Institutes” de Justinien. Alors qu’il est aux arrêts, “on l’enferme dans une chambre poussiéreuse qui comporte un vieux lit, une chaise et une armoire. Sur le dessus de celle-ci Napoléon découvre un in-folio jaune, abandonné là. Les “Institutes” de Justinien, de ses codes et de toutes les décisions des légistes romains... Quand la garde se présente au matin, il sursaute. Il n’a pas vu passer les heures. Il connaît désormais la législation romaine. Utile ? il en est persuadé, même s’il ignore tout des circonstances et du moment où il pourra mettre en œuvre ce savoir.” (p.100). (Napoléon, un autre regard)

Toutefois, si j'ai pu croire aussi que dès le départ il y avait une volonté de soumettre les hommes à des principes par "tous les moyens", les plus violents parfois, j'ai un peu changer de point de vue en regardant tout cela sous l'angle des souffrances et des émotions de l'humaine condition, y compris pour Napoléon. Il a été à la base de ma recherche sur l'institution scolaire, mais ce n'est qu'un exemple, bien d'autres institutions fonctionnent sur ce mode là (voir la 2e partie du billet au sujet des Préfets).

J'ai eu l'occasion de pratiquer des relations différentes grâce aux réseaux d'échanges réciproques de savoirs, et je dois dire que les effets sont bien moins délétères que dans le système élitaire (ceux qui sont "sauvés", mais sauvés de quoi ?!).

Il faut du temps avant de s'en apercevoir quand on n'a connu qu'un seul mode de pensée et il faut un "choc" qui nous "(r)éveille" mais c'est possible. Au départ ce fut la base du Christianisme.)

Mais la pédagogie autoritaire ne vaut rien sans un "idéal directif" et c'est ce qui manque aujourd'hui, seul compte "le chacun pour soi" comme but commun, dans ce cas là pourquoi donner du sens au concept de  justice sociale ?! Tout cela est vite dit, mais il m'a fallu plus de 20 ans pour le comprendre sans compter les années de mise à l'épreuve !

Déconstruire les systèmes autoritaires et hiérarchiques

(voir schéma page 1)


Ensuite une Brève a attiré mon attention : 

Castex annonce la suppression du corps des préfets mais pas de la fonction

8 MAI 2021 PAR AGENCE FRANCE-PRESSE

Le gouvernement va supprimer le corps des préfets tout en maintenant la fonction, dans la continuité de sa réforme de la haute administration qui a mené à la suppression de l’Ecole nationale d’administration, a-t-on appris samedi auprès de Matignon.

J'avais préparé un commentaire que je n'ai pas posté, mais, finalement, après réflexion voici le texte : 

En ce qui me concerne j'ai des doutes sur les intentions de nos gouvernants quant à ce projet comme aux autres de la même trempe. En effet, ce n'est pas tant la "structure hiérarchique" qui pose problème, mais "l'Idéal Directif" qu'elle est chargée de mettre en pratique. Comment Le "jauger" ?!

En effet, depuis plus de 2000 ans ces structures-là fonctionnent sans trop de problèmes. Les problèmes viennent non pas de la structure mais des personnes qui occupent les places. 

C'est au niveau de la compétence, de l'humanité, de la bonne tenue de chacun(e) quant aux décisions à prendre etc... qui ne soient pas soumises aux problèmes psychologiques de ces personnes et à leur inamovibilité.

De plus, elles doivent être soumises aux mêmes lois que la population et non à la Cours de Justice de la République qui trouve peu de choses à dire quant à leur responsabilité et leur culpabilité dans les décisions qu'elles prennent : "Responsable mais jamais coupable"... En cas de problème ces personnes sont "déplacées" mais continent à avoir des comportements préjudiciables sans avoir à en rendre compte. Problème de l'immunité de certains personnages (Haute Cours de Justice).

Ces structures hiérarchiques j'ai pu les étudier, j'en ai donné un exemple. Le Corps des Préfets entre lui aussi dans une structure de ce type. Mais c'est ici que le problème persiste : 

« Pour ne pas obéir aux hommes, les hommes ont inventé cette forme de pouvoir qui, ennoblissant l'obéissance, ne crée pas l'autorité, mais en affecte les formes. Produit de la dissociation de l'autorité et de l’individu qui l'exerce, il [le pouvoir] résulte de ce que les juristes appellent une institutionnalisation... Encore faut-il une réflexion sur le pouvoir lui-même, sur sa genèse, son évolution, son agencement, et sur les crises pouvant l'affecter car il reste au coeur du débat." (Georges Lescuyer, Histoire des idées politiques, 2001, 14e édition, p.15).

Le représentant de l'Etat doit lui aussi obéir à l'autorité et mettre en pratique cet "idéal directif" à construire ensemble, il n'est en aucune manière "l'autorité" lui-même.

Un changement aussi important devrait être expliqué et soumis à une "disputatio" telle que le Moyen Âge en avait le secret.

D'autres cultures devaient aussi respecter les fondements de leur permanence dans le temps : 

Se décentrer de notre monde occidental

entre l'île de Vanuatu

Tout homme est tiraillé entre deux besoins, le besoin de la Pirogue, c’est-à-dire du voyage, de l’arrachement à soi-même, et le besoin de l’Arbre, c’est à dire de l’enracinement, de l’identité, et les hommes errent constamment entre ces deux besoins en cédant tantôt à l’un, tantôt à l’autre ; jusqu’au jour où ils comprennent que c’est avec l’Arbre qu’on fabrique la Pirogue. (Mythe mélanésien de l’île du Vanuatu)

et La Nouvelle Guinée… : 

« … Une société est donc un tout, qui doit se reproduire comme tel et être perçu comme tel. Les Baruya ont produit, pour se représenter à eux-mêmes leur société, une réalité matérielle et symbolique. Ce symbole est la Tsimia, un vaste édifice qu’ils construisent tous les trois ou quatre ans pour initier une nouvelle génération de jeunes garçons et faire passer ceux qui étaient déjà initiés à un autre stade…
Or, la construction de la Tsimia met en oeuvre toutes les dimensions sociales et tous les symboles de la société Baruya. Pour nous limiter à quelques faits essentiels, lorsque l’on construit la Tsimia, les pères des nouveaux initiés apportent chacun un long poteau qui représente leurs fils. Le maître des shamanes les fait s’aligner autour d’un grand cercle tracé sur le sol et qui marque le contour de la future maison d’initiation. Les hommes se tiennent côte à côte, regroupés par villages mais non par lignage, et à un signal donné par le maître des initiations, …, les pères plantent tous en même temps leur poteau en poussant un cri de guerre. Chacun des poteaux est vu comme un « os », comme une partie du squelette gigantesque de la maison cérémonielle, de la Tsimia. Celle-ci est appelée « le corps des Baruya ». Et le poteau central sur lequel s’appuie toute la toiture est considéré comme le symbole de l’ancêtre qui a reçu le premier (le kwaimatnié) [l’objet sacré] du soleil. Le chaume qui recouvre l’édifice est apporté en bottes par des centaines de femmes, et il est décrit comme « la peau » du corps des Baruya. » (Au fondement des sociétés humaines, Godelier Maurice, 2007, Albin Michel, p.102-103)


Cette action collective aboutit à la construction d’un édifice où les distinctions entre lignages et entre clans sont effacées pour produire un seul  « corps ». C’est un acte de re-fondation de leur société.


Un jour, une mère entendant pleurer son enfant dans la Tsimia mit le feu à la toiture. Maurice Godelier nous dit qu’elle « disparut » du village.

Au niveau de "l'Idéal Directif" et de ses structures

("Etat" -  "Dieu" - "Ancêtres" - "Représentations"...)

on ne bouscule pas aussi facilement les ordres

sans qu'il y ait des conséquences graves. 

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