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Billet de blog 18 mai 2017

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Aussi fut-il

Les voici au gouvernement : le vieux briscard de la politicaillerie lyonnaise, le perpétuel battu à l'élection du président, le jésuitique recalé à la primaire des droites et tout un aréopage de chefs d'entreprises et de leurs copains du lobbying comme des écoles de commerce.

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Illustration 1

Aussi fut-il sanctifié ! Saint-Macron des sondages commit le miracle calculé de ne pas faire mentir les augures ni les faiseurs d'opinion, et se hissa d'un pied léger sur le trône présidentiel. Les adulateurs énamourés, les dévotes en pâmoison se trémoussèrent d'aise en espérant la caresse d'un poste dans quelque ministère, cependant que les thuriféraires appointés le portaient aux nues dans de délirants éditoriaux. Fin'amor ! Le dévouement des chevaliers servants au jeune monarque serait pur comme l'or le plus fin, brûlant comme le feu, éternel comme un serment sacré. Je vous aime ! leur répondit sa majesté nouvelle, qui n'eut qu'à étendre sa royale main pour faire venir à lui les affidés qui le laisseront gouverner seul.

Les voici au gouvernement : le vieux briscard de la politicaillerie lyonnaise, le perpétuel battu à l'élection du président, le jésuitique recalé à la primaire des droites et tout un aréopage de chefs d'entreprises et de leurs copains du lobbying comme des écoles de commerce, certifiés sans conflit d'intérêts. Apothéose ! L'écologiste médiatique qui, jusque là, avait ascétiquement résisté à toutes les tentations ministérielles, a succombé au charme du roitelet aux petites dents longues. Et tandis que les intellectuels extatiques ont un orgasme inespéré par la grâce de la nomination d'une ministre de la culture qui ne lit pas seulement des comptes, les exclus de la foire aux places se bouffent le nez en attendant le coup de pied au cul des législatives. On image les rigolades dans les salons de l'Elysée...

Les mal-logés et les sans logis sont privés de ministère, les femmes se contenteront d'un secrétariat d’État pour tenter faire avancer leurs droits, mais l'ex-ministre de la guerre est promu à l'Europe et aux affaires étrangères : en politique, il y a des priorités.

Quant au public captif de cet incroyable spectacle, il se frotte les yeux en vacant à ses affaires courantes : boucler la longue et lente fin du mois, bricoler un avenir moins incertain pour leurs enfants, se démerder avec les services publics moribonds : le mauvais pain quotidien du tiers-état.

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