Chef du service politique de France culture, Hubert Huertas va rejoindre Mediapart au début du mois de janvier. Je voudrais dire ici la joie et la fierté que j’en éprouve. Si je puis en faire la confidence, c’est en effet l’un des bonheurs que m’a procurés l’aventure de Mediapart, depuis qu’à quelques uns, nous nous y sommes lancés en 2007 : elle m’a permis de faire des rencontres nouvelles, intellectuellement fructueuses, qui souvent n’auraient pas eu lieu dans le passé.
Des rencontres d’abord avec des lecteurs. Car c’est peu dire – beaucoup de mes confrères de Mediapart peuvent aussi en témoigner- à quel point le journal citoyen et participatif que nous avons créé a modifié en profondeur nos relations avec eux. Parce que dans cette forme de presse nouvelle, la relation entre un journaliste et les citoyens qui le lisent est beaucoup plus riche. Parce que les lecteurs peuvent nous interpeller ; parce qu’ils peuvent eux-mêmes livrer leurs propres expertises ; parce qu’en somme la relation est devenue beaucoup plus coopérative. Des informations que m’adressent certains de mes lecteurs jusqu’aux débats auxquels d’autres me convient, c’est ce que j’éprouve souvent : il y a une sorte de GIE démocratique qui s’est formé, que je n’ai que rarement éprouvé dans le passé.
Et puis des rencontres aussi avec des confrères journalistes qui, sans bien nous connaître, nous ont parfois exprimé dès le début du lancement de Mediapart leur sympathie pour le journal indépendant que nous voulions créer. Ce fut le cas d’Hubert Huertas, et c’est comme cela – s’il m’autorise à le raconter- que nous nous sommes connus.
Au cours des années passées, il m’est en effet arrivé, de temps à autres, d’être invité par Antoine Mercier, qui anime le journal de la mi-journée de France culture, pour y intervenir sur des sujets ayant trait à la politique économique ou à la vie des affaires. Et c’est à cette occasion que j’ai rencontré pour la première fois Hubert. Que j’ai mis un visage sur la voix de l’éditorialiste que je connaissais déjà. Et que j’ai commencé à échanger avec lui.
Echanges fructueux ! J’ai toujours écouté avec un grand intérêt les chroniques de Hubert, qui tranchent avec celles que l’on entend parfois à la radio. Des chroniques très écrites, remarquablement ciselées et soignées, comme on en entend rarement. Et puis surtout des chroniques libres, sans flagornerie ni connivence, comme on en entend peu souvent dans un univers très particulier, celui du journalisme politique, où la révérence a trop souvent pris le pas sur la pertinence, où la connivence l’emporte trop souvent sur l’indépendance.
Et de son côté, sans connaître aucun d’entre nous, Hubert a eu la gentillesse de me dire la sympathie que lui inspirait notre projet de création d’un journal indépendant et d’investigation. Vite, il m’a aussi confié que s’il y avait un moyen de nous aider, il serait heureux de le faire. Sans contrepartie aucune. Juste pour apporter son appui à un projet qui lui semblait utile.
Et c’est donc ainsi que l’idée nous est venue, voici un an et demi, de proposer à Hubert de dupliquer sur un blog sur Mediapart (il est ici) les chroniques qu’il fait chaque matin sur France culture (elles sont là). La direction de France culture ayant donné son accord à cette coopération, c’est donc ainsi, depuis avril 2012, que les lecteurs de Mediapart, peuvent écouter ou lire ces billets.
Mais, à partir de janvier prochain, Hubert Huertas, qui est aussi écrivain (on peut retrouver ici ses essais et ses romans et là les bonnes feuilles de son dernier livre publié par Mediapart) fera donc un pas de plus et n’aura plus que Mediapart comme port d’attache. Ce qui constitue pour notre journal un renfort formidable : une plume libre, une voix indépendante et forte.
Bienvenue Hubert !