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Neurochirurgien écrivant de la poésie, militant pour la Démocratie par & pour le Peuple, pour La Sociale, pour l’Hôpital Public et contre les armes (sub)létales

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Billet de blog 13 avril 2020

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Bribes 1 (Carnet de pandémie poétique)

Mendiants asphyxiques, ils tendaient la main, ils suppliaient sur la berge de leurs grands yeux ouverts. Et ce simple virus, qui allait, nous réapprenait l’air.

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Carnet

de pandémie

poétique

- 18 mars 2020 - Avant le Big-One

- 29 mars 2020 - Dans l’oeil du cyclone

- 2 avril 2020 -

Illustration 1
La réanimation, l’eau, l’air, la vie.

Bribes 1

Au petit matin

Sur la salle de réanimation paisible

blanchie

par le cauchemar de la veille

la vigilance des infirmières en campagne

est réveillée par le chant du scope

au petit matin.

Les mendiants

Débarqués par la vague

comme ces réfugiés hagards

que régurgite la Méditerranée

bouleversant

l’ordre de nos urgences

mendiants assoiffés

d’air

ils tendaient la main

pour être sauvés des flots

de la pandémie

Encore un peu d’air

s’il vous plait docteur

encore un peu d'air

s’il vous plait infirmière

juste un peu

d’air

suppliaient-ils

sur la berge

de leurs grands yeux ouverts

De leurs gueules asséchées

bullaient par intermittence

de grands O silencieux

bulles

de poussières

invisibles

A bout de souffle

affamés

d’oxygène qu’ils étaient

leur trachée rose avala

sans broncher

la canule d’intubation

telle une corne d’abondance

Les essentiels

Le soleil qui craque dans nos pores

nous enseigne l’eau

Le sans-abris qui se statufie au froid

nous enseigne le toit

Le manque qui convulse l'abdomen

nous enseigne la faim

L’anévrisme qui explose de douleur

nous enseigne le sang

Le volcan qui met au bûcher la plaine

nous enseigne le feu

La banquise qui fond mais élève l’océan

nous enseigne la glace

La forêt en flamme qui rampe, saute, court, grimpe et vole

nous enseigne la faune

La vague qui engloutie puis recrache les corps

nous enseigne la mer

Un simple virus qui va

nous enseigne

l’air

Message pour toujours : nous sommes bien peu de chose dans le grand tout.

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