Carnet
de pandémie
poétique
- 18 mars 2020 - Avant le Big-One
- 29 mars 2020 - Dans l’oeil du cyclone
- 2 avril 2020 -

Agrandissement : Illustration 1

Bribes 1
Au petit matin
Sur la salle de réanimation paisible
blanchie
par le cauchemar de la veille
la vigilance des infirmières en campagne
est réveillée par le chant du scope
au petit matin.
Les mendiants
Débarqués par la vague
comme ces réfugiés hagards
que régurgite la Méditerranée
bouleversant
l’ordre de nos urgences
mendiants assoiffés
d’air
ils tendaient la main
pour être sauvés des flots
de la pandémie
Encore un peu d’air
s’il vous plait docteur
encore un peu d'air
s’il vous plait infirmière
juste un peu
d’air
suppliaient-ils
sur la berge
de leurs grands yeux ouverts
De leurs gueules asséchées
bullaient par intermittence
de grands O silencieux
bulles
de poussières
invisibles
A bout de souffle
affamés
d’oxygène qu’ils étaient
leur trachée rose avala
sans broncher
la canule d’intubation
telle une corne d’abondance
Les essentiels
Le soleil qui craque dans nos pores
nous enseigne l’eau
Le sans-abris qui se statufie au froid
nous enseigne le toit
Le manque qui convulse l'abdomen
nous enseigne la faim
L’anévrisme qui explose de douleur
nous enseigne le sang
Le volcan qui met au bûcher la plaine
nous enseigne le feu
La banquise qui fond mais élève l’océan
nous enseigne la glace
La forêt en flamme qui rampe, saute, court, grimpe et vole
nous enseigne la faune
La vague qui engloutie puis recrache les corps
nous enseigne la mer
Un simple virus qui va
nous enseigne
l’air
Message pour toujours : nous sommes bien peu de chose dans le grand tout.