Léo Le Calvez

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Billet de blog 3 novembre 2017

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Idées reçues : mettons fin à l’invasion !

Une idée reçue, qu’est-ce que c’est, correspond-elle à la réalité et surtout à qui profite-elle ?

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Une idée reçue, qu’est-ce que c’est, correspond-elle à la réalité et surtout à qui profite-elle ?

Tout d’abord, une idée reçue est une opinion située entre le stéréotype, le cliché et le lieu commun.

Souvent ces idées reçues sont relayées tellement vite qu’on oublie qui les a faites passer. Il y en a beaucoup malheureusement, j’ai choisi quelques sujets importants et marquants mais je ne peux pas parler de tout. Les relations humaines sont relativement impactées par ces idées reçues. On rejette une amitié sans chercher à l’approfondir, on oublie de se faire son propre point de vue lorsque l’on cherche  à se faire sa place dans l’existence commune.

Un travailleur qui vient d’être embauché ne se fait pas sa propre opinion sur l’équipe et le patron car il débute dans l’entreprise et il faut qu’il fasse ses preuves.

 En ce qui concerne l’amitié, vous avez dû certainement connaître cela, vous intégrez un groupe ou plutôt un cercle d’amis, on vous dit que tel ou telle personne n’est pas sympa ou fréquentable et vous suivez car vous avez peur qu’on vous exclue du groupe si vous remettez en cause l’idée reçue sur cette personne.

Ainsi donc,  toute notre vie, plutôt que de faire sa propre opinion, on passe beaucoup plus de temps à démêler les idées reçues qu’on essaie de nous faire avaler. Vous voyez où je veux en venir ? Chaque moment passé à reconnaître une fausse idée est du temps perdu pour apprendre la réalité. Ce qu’il se passe c’est que peu de gens prennent le temps de les démêler. C’est pour cela que les idées reçues ont de beaux jours devant elles, mais surtout on peut se demander à qui profitent-elles ?

Si on dépasse ce que j’ai évoqué et qu’on transpose à grande échelle, cela donne des situations de domination par des intérêts privés.

Commençons par la dette, je vous invite à lire cet article « Dette publique, un mensonge public ? » Article dette, Tout le monde répète « Ce n’est pas bien, on est endetté, le pays va couler ! », je ne  vais pas revenir dessus mais on se demande à qui cela profite ?

Aux banques privées, personne ne remet en cause la soi-disant légitimité de la dette.

La nourriture et la faim dans le monde : « Il faut produire plus, on ne produit pas assez, le modèle productiviste est l’idéal et l’agriculture biologique n’est pas la solution miraculeuse pour nourrir toute la population car nous serons 9 milliards en 2050. »

Eh bien, ce qu’il faut savoir c’est qu’on produit déjà pour 12 milliards d’humains.

Nourrir l'humanité

De plus, il faut savoir qu’il y a chaque année 10 millions de tonnes de nourriture qui partent à la poubelle.

Gaspillage alimentaire

Cette idée reçue profite aux multinationales des pesticides et des OGM. Pourquoi s’entêter à suivre un modèle qui, de toutes façons n’est plus durable ?

Je ferai probablement un papier plus détaillé sur cet exemple-là.

Parlons maintenant du revenu de base, soi-disant, ça ne va pas, la plupart des gens désignent ceux qui en bénéficient comme des personnes qui profitent de la société.

Mais en réalité, le revenu de base c’est la base, c’est le cas de le dire, pour construire une société. Un revenu de base permet à quelqu’un de vivre correctement. S’il a un métier, cela lui permettra d’avoir un salaire correct et également du temps pour lui, s’il est au chômage, ce revenu lui permettra de construire un projet professionnel. Dans tous les cas il s’agit d’une aide pour que chacun puisse avoir du temps pour élaborer un projet qui lui plaît et se construire personnellement.

Ce temps de réflexion personnelle peut déboucher sur une société meilleure. Les gens qui désignent ceux qui ont un revenu de base comme des profiteurs ont tort, ils se trompent de coupable. En réalité, ce sont eux qui sont coincés, ils réagissent comme cela car ils se rendent compte qu’ils sont enfermés dans leur travail. Mais à qui profite cette idée reçue ? Au MEDEF et à la Haute Finance. Si l’Etat assure un revenu de base, il faut qu’il sorte le chéquier et cela n’arrange pas la haute finance. Cela fera moins de cadeaux fiscaux et moins d’allègement du coût du travail.  Cette idée reçue permet aussi aux multinationales d’engranger des bénéfices, car au moment où les travailleurs se divisent entre eux, ils ne remettent pas en cause l’absence de revenu de base et de temps de construction personnelle pas et ne questionneront pas la politique des multinationales.

J’ai un exemple à donner, celui de Google, qui fait cadeau d’une journée payée à ses employés par semaine pour leur permettre d’avoir un projet personnel. Je ne fais pas l’éloge de Google en revanche.

Je vais vous parler maintenant de l’assistanat.

« Il y a trop d’assistés en France » ; « Il y a beaucoup trop de fraudeurs et il faut arrêter de dépenser  pour eux » ; « Recevoir des aides n’incite pas à travailler » ; voilà des idées beaucoup répétées.

Résumons, nous avons une division de la société mettant à la marge de plus en plus les pauvres.

Pour commencer, il y avait (chiffre 2014) quasiment 5 millions de bénéficiaires de minimas sociaux, ce n’est pas énorme. Il faut savoir que ce droit à une existence convenable fait partie de la constitution de 1946. De plus, le non recours au RSA est de 50% et il va même jusqu’à 70% pour les autres minimas. On estime chaque année à 10 milliards d’euros le montant des aides non versées.  Ces non recours se font soit par manque d’informations ou par risques de stigmatisations. Pour bénéficier de ces aides, il faut démontrer que l’on est pauvre, ce qui est loin d’être valorisant.

Ensuite, les fraudeurs ne sont pas ceux que l’on croit. En 2013, la fraude aux prestations sociales (montant des aides perçues par les fraudeurs) était de 350 millions d’euros mais en ce qui concerne la fraude aux cotisations sociales (les employeurs qui ne paient pas leurs charges) ce montant était de 20-25 milliards d’euros. Vous voyez la différence ?

Il serait ensuite indécent de dire que cela n’aide pas à travailler. Sur toutes les personnes bénéficiaires, 40% sont en recherche active mais font face à d’autres problèmes, c’est-à-dire la qualification, la jeunesse, le coût du transport et le lieu distant. 18% d’autres ont des problèmes de santé. On évalue le nombre de personnes pour qui il serait plus rentable de percevoir des aides plutôt que de travailler à 1% des bénéficiaires. Cela est dérisoire.

Voici un lien qui explique l’assistanat : Assistanat data gueule

Cela devient de plus en plus tendu, les pauvres sont de plus en plus surveillés comme s’ils étaient des criminels fraudeurs. Je ne vous parle même pas de Pierre Gattaz qui voudrait instaurer un contrôle journalier des chômeurs. Vous voyez à qui tout cela profite ?

-Au MEDEF et à l’oligarchie.

 Les responsables de ces institutions désignent un coupable du chômage, entretiennent une véritable stigmatisation et camouflent le vrai coupable qui est l’hyper financiarisation de l’ »économie. Ils demandent ensuite des subventions, utilisent des politiciens pour entretenir ce rejet et ce clivage. Dites-vous bien que si quelqu’un critique les soi-disant assistés, il ne fait pas honneur à la voix du peuple mais au MEDEF et à l’oligarchie.

Je vous mets ce lien pour un article qui raconte la souffrance d’être au RSA : Souffrance à la pauvreté

 Je vous ai parlé de plusieurs exemples, mais je pense que ce qui est le plus important c’est nous tous. En effet, si on accepte de prendre du temps pour réfléchir, on pourrait améliorer la société. Ceux qui sont en haut n’ont pas intérêt à ce qu’on réfléchisse. Quelqu’un qui réfléchit est moins manipulable. Je tiens à préciser que je ne suis pas un adepte de la théorie du complot. Il y aura d’autres articles de démantèlement des idées reçues et je vous dis…à suivre !