Agrandissement : Illustration 1
Elle enseigne les mathématiques et la philosophie. C’est de famille. Son père, déjà. Elle donne des cours dans une grande ville. Une ville-lumière. Mieux, une ville-phare. Ses élèves l’écoutent, l’apprécient. Elle donne des cours pour changer le cours de quelques vies. Il lui arrive même de faire des ateliers de SVT ou d’astronomie.
C’est une femme brillante dont le charisme éclaire et accompagne l’esprit de ses élèves. Ses collègues sont ravis de l’avoir pour directrice de l’école.
Un de ses amis fait de la politique. Il est préfet. Et la politique, ça attire des ennemis. La soif de pouvoir rend méchant : hors de question de partager. L’enseignante, elle, ne comprend pas ça. Elle a le sens du partage. Elle partage ses connaissances ; elle transmet ; elle prend la parole et la donne. Elle ne fait pas de politique.
Tout le monde n’aime pas partager.
La ville où elle enseigne est le théâtre d’un conflit entre un évêque et ce préfet qui est son ami. Tous deux sont chrétiens.
L’évêque déteste l'enseignante. Il la sait amie de son rival politique. En plus, c’est une femme.
Un jour, tout le mal que ce chrétien dit de l’enseignante tombe dans les oreilles de quelques moines fanatisés.
Ces derniers sombrent dans une folie furieuse. Ils n’ont plus qu’une obsession : la mort de l'odieuse savante.
Ils la surprennent près de chez elle, dans une ruelle. Ces moines rendus fous furieux la lynchent, hachent son corps et le brûlent.
On est 415 à Alexandrie, en Égypte. Cette professeure se nomme Hypatie, ou, en grec, Ὑπατία.
Les faits ne sont pas aussi renseignés que sur nos fils d’actualité. L’antiquité, c’est loin ! Ou c’est proche à la découverte de cette fin épouvantable qui en rappelle d’autres. Son histoire a traversé les siècles. Elle non plus n’avait pas la vocation de martyr.
Hypatie. Paty. Comme un écho glaçant.
C'est d'elle dont je parlerai demain à mes élèves en fin de matinée.