Dans ce calendrier de l’avent 2022, il y aura des écrivains déguisés en adjectifs. Ils se sont fait des noms tout seuls. On en a fait des adjectifs. Un inventaire à la Prévert avec ses ratons-laveurs. Tout ça pour patienter avant de se voir offrir des livres à Noël.

Faulkner est parfois surnommé le Balzac sudiste. Balzac, l’écrivain américain l’a beaucoup lu.
Alors balzacien, William ? Non, faulknérien, forcément.
L’auteur sudiste (1897-1962) n’a pas le même champ d’exploration. Lui, ce n’est pas Paris qu’il explore, mais le Sud des Etats-Unis. Le Mississipi. Sédentaire. L’écrivain a passé quasiment toute son existence à Oxford, Mississipi.
Au risque de l’immobilité. De l’étouffement. Mélange de brutalité et de sensualité.
"Vous et vos cul-terreux violeurs, incestueux ou idiots » disait le cinéaste Howard Hawkes à son ami (si, si) Faulkner.
Faulknérien, ça en impose (Ivrogne du sud profond, moins). Selon Pierre Michon, « il y a les textes bibliques, il y a Shakespeare et puis il y a Faulkner ». Comme un fleuve qui divague. Avec ses eaux noires, tragiques. Et sur la terre, des nuages de poussière soulevés par le passage du Destin.
« J’ai sublimé le sud », Faulkner dixit. Ou plutôt Dixie.
Un sud maudit, blessé, matière à expiation, que Faulkner analyse, au-dessus de l'abîme. Ou au fond. Il en créé même une topographie avec son comté imaginaire Yoknapatawpha et sa capitale Jefferson. Un lieu de nulle part mais que rattrape une corruption tragique.
Les eaux tumultueuses du Mississipi engendrent des blurb!blurb!blurb. Pas un roman dont l’histoire se déroule dans le Sud des USA qui n’arbore dans son blurb ou sa 4è de couv’ l’adjectif « faulknérien ».
Un encouragement ou un avertissement. Prose poétique épaisse, phrases de trois pages, syntaxe sinueuse. Flux, boue et bois flotté. Et chaleur épouvantable. À lire. À délire.