
Agrandissement : Illustration 1

A l'instar du projet de LGV Lyon-Turin, un autre chantier intensément contesté au coût démentiel et à l'impact délétère sur les vallées traversées, le GPSO suscite une mobilisation croissante. Après trois ans d'accélération du projet des lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, le plus gros chantier d'infrastructures de la décennie (327km de lignes nouvelles à travers 5 départements) a démarré en janvier 2024 avec les Aménagements Ferroviaires au Sud de Bordeaux (AFSB) et au Nord de Toulouse (AFNT), qui précèdent le chantier de lignes à grande vitesse (LGV).
Les impacts écologiques1 de ce projet sont aussi désastreux que méconnus du grand public, malgré les rapports défavorables successivement émis par les autorités environnementales et l'indignation des associations régulièrement censurées1 des réunions départementales pilotées par monsieur le Préfet.
Les 4800 hectares de terres menacées, dont 1250 hectares de terres agricoles et 2850 hectares de forêts, la destruction irréversible de la continuité écologique de 8 zones Natura 2000 dont le puit de biodiversité de la Vallée du Ciron, et la dégradation des nappes phréatiques ne sont pas les seuls enjeux du Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest2. Ce projet implique entre autre un extractivisme accru, pour approvisionner en ballast et granulats le chantier des plus de 400 ouvrages d'arts prévus sur ce chantier au-delà des terrassements pharaoniques qu'impliquent la création de la plateforme ferroviaire3.
Mais c'est aussi bien le caractère d'utilité publique de ce projet qui questionne aujourd'hui les habitant.e.s du sud-ouest. Les commissaires enquêteurs concluaient l'enquête publique de 2015 en disant "[n’avoir] pas décelé l’expression d’un véritable besoin de lignes à grande vitesse dans le Sud-Ouest"4. La faible proportion de gares d'arrêt - 5 gares desservies pour 110 communes traversées - montre que les lignes à grande vitesse sont destinées à une partie restreinte de la population, renforçant les métropoles, tandis que les finances manquent de toute part pour financer le réseau actuel au maillage plus fin sur l'ensemble du territoire. Les commissaires enquêteurs alertaient aussi sur la perte des lignes existantes : "La ligne nouvelle Bordeaux–Toulouse va assécher partiellement la ligne POLT [ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse]. La baisse de fréquentation et le déficit d’exploitation qui s’ensuivra aura des conséquences sur la desserte des villes moyennes proches et sur les économies locales“5.
Tandis que la Cour des comptes titrait en 2014 son rapport "La grande vitesse ferroviaire : un modèle porté au-delà de sa pertinence", la LGV Paris-Bordeaux donna lieu en 2017 à un si piètre report de l'avion vers le train que l'aéroport de Mérignac s'agrandit aujourd'hui6. De même, les centaines de kilomètres de LGV n'ont pas enrayé le déclin du fret ferroviaire7. Multipliant alors les déclarations quant aux bénéfices des LGV, sans jamais apporter de preuves et niant chacune des réserves émises, qu'elles émanent des collectifs, des habitant.e.s ou d'institutions, l'Etat et les régions méprisent ainsi depuis trente ans les territoires pour mettre Toulouse et Paris à 3h10.
Si les préfets Etienne Guyot et Pierre-André Durand martèlent ces dernières semaines que "le projet se déroule comme prévu"8 malgré un plan de financement bancal et 5 recours juridiques en cours9, les collectifs réunis au sein de la coordination LGV Non Merci se montrent solidaires dans leur diversité. A la lecture des quelques 2500 contributions à l'enquête publique environnementale de 2024 (dont les conclusions sont attendues pour mi-octobre), ils concluent : "l’entêtement des porteurs du projet apparait pour ce qu’elle est : un passage en force pour construire une infrastructure déconnectée des enjeux de mobilité et des aspirations des habitant.es du territoire. Dans ce contexte, un avis favorable à l’autorisation environnementale des AFSB* sera reçu comme une provocation."
Tandis que du côté des AFNT au nord de Toulouse, des écureuils* occupent les arbres menacés d'abattage, les opposant.e.s au projet attaquent désormais le GPSO par les deux bouts, sans d'attendre le tampon du préfet qui ne ferait qu'entériner le projet. C'est pourquoi sous une bannière commune avec les Soulèvements de la terre, LGV Non Merci organise un weekend de mobilisation du 11 au 13 octobre. Sous le mot d'ordre "Freinage d'urgence contre les LGV du Sud Ouest", la mobilisation sera à l'image de la coordination LGV Non Merci : plurielle.
Le programme sera communiqué ultérieurement, dans nos prochains communiqués.
Rétrospective LGV NON MERCI : https://www.lgvnonmerci.fr/retrospective/
GPSO=Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest
LGV = Ligne à Grande Vitesse
AFSB / AFNT = Aménagements Ferroviaires au Sud de Bordeaux / Nord de Toulouse
*Les écureuils sont les personnes mobilisées contre l'abattage des arbres situés sur le tracé et dont le mode opératoire consiste à grimper dans ces arbres
NOTES
1. Voir le détail de ces enjeux sur le site lgvnonmerci : https://www.lgvnonmerci.fr/enjeu-ecologique/
2. Un ensemble multidimensionnel d'enjeux du projet est présenté sur le site de la coordination LGV NON MERCI : https://www.lgvnonmerci.fr/enjeu-par-enjeu/
3. Concernant les approvisionnements du chantier et les impacts qui en découlent, voir l'article d'enquête réalisé sur le blog mediapart de la coordination : https://blogs.mediapart.fr/lgv-non-merci/blog/261023/enquete-preventive-sur-le-chantier-du-plus-gros-projet-d-infrastructure-de-france
4. Les compte-rendus des réunions départementales du GPSO ne laissent pas apparaître la position des associations opposées au projet, qui pointent pourtants des enjeux déterminant.
5. Conclusions et avis de la commission d’enquête GPSO/LN, 2015. Lien url : https://www.sepanso33.org/IMG/pdf/conclusions_dup_gpso_lignes_nouvelles.pdf
6 - Lire notamment :
- "L'aéroport de Bordeaux lance les premiers grands chantiers" - Lien : https://www.bordeaux.aeroport.fr/laeroport/presse/communiques-presse/laeroport-bordeaux-lance-les-premiers-grands-chantiers
- "Aéroport de Bordeaux : Transavia ouvre une base aérienne et sept nouvelles lignes", Nicolas Laplume, Sud-Ouest, 24/09/2023 - Lien : https://www.sudouest.fr/economie/transports/aeroport-de-bordeaux-transavia-ouvre-une-base-aerienne-et-sept-nouvelles-lignes-21493791.php
7. Au sujet du déclin du fret ferroviaire, voir notamment le rapport de la Commission d'enquête sur la libéralisation du fret ferroviaire et ses conséquences pour l’avenir, de décembre 2023 : https://lcp.fr/actualites/declin-du-fret-ferroviaire-le-rapport-de-la-commission-d-enquete-fait-28-propositions
8- Lire "LGV Bordeaux-Toulouse et Dax : « Le financement fonctionne, les études avancent et les travaux commencent »", Adrien Vergnolle, Jérôme Jamet et Xavier Sota, Sud-Ouest, 21/03/2024. Lien : https://www.sudouest.fr/economie/lgv/lgv-bordeaux-toulouse-et-dax-le-financement-fonctionne-les-etudes-avancent-et-les-travaux-commencent-19021254.php
9- Voir le récapitulatif des recours juridiques ouvert contre le projet sur le site lgvnonmreci : https://www.lgvnonmerci.fr/recours-juridiques/