Le regard des autres nous écrase, nous réduit à des bêtes de foire, ces animaux qui ne vivent, ne respirent, ne parlent que de politique, jour après jour, heure après heure. Ils oublient, hélas, que la politique, c’est notre destin commun, tout comme l’amour qui unit les âmes.
Dans ce grand périple qu’est la vie, c’est en prenant conscience de l’éphémère de notre existence, en rejetant l’illusion d’un paradis éternel, et en affrontant la dure réalité du combat pour survivre, que le libertaire forge son amour, sa belle et libre flamme : jusqu'à ce que la mort nous sépare, que l'amour nous prépare.
Qu’y a-t-il de plus beau que de découvrir en quelqu’un cette tendresse cachée, cet humour discret, cette soif d’apprendre, cette lucidité aiguë, même lorsque cette personne est enchaînée par ce qu’il y a de plus terrible en ce monde : la servitude, l’incertitude, la précarité ? Le terrible a cela de grand qu’il déchire les masques et dévoile la vérité nue. Les artifices tombent, les codes s’effacent, et ce qui demeure, c’est l’authenticité, pure et vraie, des moments partagés.
Au cœur de ce chaos, où les âmes se perdent dans la bataille incessante du quotidien, il arrive parfois qu’une présence surgisse, inattendue, et bouleverse tout. Cette personne, par sa simple existence, réveille en nous une dimension oubliée, un écho lointain de ce que nous sommes vraiment. Elle n'est pas simplement une figure parmi tant d'autres ; elle incarne ce qu'il reste de beauté et de vérité dans un monde en pleine décomposition. Sa présence apporte une douceur, une clarté nouvelle, une trêve précieuse dans ce combat perpétuel.
Quand elle est là, un calme profond m’envahit, comme si le monde trouvait enfin un point de repos. Mais ce calme qu’elle m’apporte n’est pas une invitation à la quiétude ; elle est d'abord le souffle doux qui ranime la flamme, donne des couleurs aux idées noires, libertaires, qui m’animent, un encouragement à ne jamais abandonner.
Elle est la condition même de mon humanité, la force tranquille qui me rappelle que, malgré les injustices qui nous entourent, il est toujours possible de choisir de construire plutôt que de détruire. Sans elle, je sombrerais dans l'indignation, dans ce désir de tout renverser ; car elle est aussi cette eau qui tempère le feu, qui transforme cette ardeur en une force créatrice, en un désir inébranlable de bâtir un monde où la justice règne.
Je sais que d'autres ont écrit de bien plus belles choses, en style classique, en poèmes, en longues phrases, en belles proses ; mais grâce à elle, je me sens moins comme un idiot, moins perdu dans les mots. Subsiste ce paradoxe de nos discussions en bord de Seine, : n'avoir jamais voulu être roi, mais l’avoir rêvée comme ma reine, cet amour comme ma seule foi.
Mais nous le savons : le cœur exagère à mesure qu’il espère, surtout lorsqu'on lui offre le plus beau des présents imprévus, une personne à qui l'on parle comme si on l'avait toujours connue. Incarnant douceur et empathie, devinant toujours ce qui échappe aux autres, elle, qui semble n’avoir jamais besoin de rien ; je ne puis m'empêcher de lui dire qu'en son absence, tout m’échappe, le silence me rattrape.

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