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Lwakale Mubengay BAFWA

Historien et politologue, patriote progressiste et mondialiste originaire du Congo-Kinshasa ; Agrégé de l'enseignement secondaire supérieur, vit à Genève (Suisse)

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Billet de blog 7 octobre 2025

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Diplomatie d’apparat avec milliards arrosés, mais cri inaudible face au génocide

Sous le régime de Tshilombo, c'est la diplomatie de façade, la critique n’est pas assez sévère, elle vise néanmoins à souligner le gros décalage entre le gigantisme et l'intensité de la diplomatie du président et l’absence de résultat concret, surtout sur les questions cruciales de la sécurité, de la reconnaissance du Génocide des Congolais et de l’arrêt des pillages des ressources du Congo

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Quatrième tribune/« Tshilombo, les 5 visages d'une diplomatie dispendieuse »/ #DiplomatieMuette #CongoSansVoix #SilenceDiplomatique #ParolePerdue #AfriqueAttend #Congo parlepeu#maisdépense #beaucoup#PrioritésRenversées 🧠 5 volets, 5 angles d’analyse, 1 appel à la conscience citoyenne. 👉 À lire, à partager, à discuter. # RDC #Tribune # Diplomatie # Tshisekedi # Tshilombo # les 5 visages d'une diplomatie dispendieuse # LwakaleMubengayBafwa

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© Lwakale Mubengay BAFWA

 Où sont les voix du Congo dans le concert des nations ? Les délégations congolaises dépensent énormément pour être vues ; mais, elles ne cherchent pas à se faire entendre et mieux prises en compte. Sur les grands enjeux mondiaux, la voix du Congo est l’une des plus absentes. Ni sur le climat, ni sur les droits humains, ni sur l’Afrique, les positions congolaises ne sont pas en vue. Une diplomatie muette, mais coûteuse ! Le Congo parle peu ; alors que chaque silence coûte cher…

Le Congo est un géant. Il devrait être une voix forte, qui illumine ce que beaucoup rêvent de la conscience africaine, qui jaillit comme un rayon lumineux dans les ténèbres des injustices de la rencontre des civilisations, qui réclame et ouvre des voies vers le rapprochement, la paix et l’harmonie dans le concert des nations. Cependant, malgré des apparitions ostentatoires, parmi les plus dispendieuses du monde, avec des délégations pléthoriques au moindre meeting ou sommet international, et face aux grands enjeux du moment – paix, climat, droits humains, panafricanisme - où est la voix du Congo ? Le régime, régnant aujourd’hui au Congo, dépense beaucoup pour être vu ; mais, il ne s’appuie pas assez judicieusement sur les atouts qu’il faut pour être entendu et pris en compte...

Comment démontrer que, malgré l’inflation des missions congolaises à l’étranger, malgré la constance de leur gigantisme et des sommes effarantes y affectées, ces délégations diplomatiques, notamment dans la suite présidentielle, à l’instar de leur récente apparition à la Session de la 80ème Assemblée des Nations-Unies, font surtout l’étalage de l’ascension sociale de quelques égoïstes oligarques choisis par application du népotisme ou pour gratifier loyauté et clientélisme. Mais, malheureusement pas, pour attirer les projecteurs et considérations sur de louables visions progressistes sur l’humanité ? Quand la diplomatie congolaise parlera-t-elle donc d’une voix assez forte et avec assez de teneur dans ses discours et formules pour être prise en compte ? Quand la diplomatie congolaise dira-t-elle ce que veulent ou rejettent réellement les Congolais ? Quand la diplomatie congolaise exprimera-t-elle ce que sont effectivement les Congolais ? Spécialement en ce moment, où les Congolais sont en quête de reconnaissance du génocide qu’ils subissent depuis des lustres, cette diplomatie du silence n’est-elle pas une diplomatie de fuite ? Ne trahit-elle pas une peur de l’engagement, une incapacité à porter une vision ? Ne s’apparente-t-elle pas à une forme de complicité ?

Le Congo, ce géant africain à la voix étouffée

Le Congo, riche de son histoire, de son potentiel humain, de sa diversité culturelle et de ses ressources naturelles, est souvent présenté comme un géant du continent africain. Sa position devrait lui permettre d’être une voix puissante, une lumière qui, au cœur des enjeux mondiaux, éclaire la conscience africaine et propose des voies vers la paix, le rapprochement et l’harmonie entre les nations. Pourtant, force est de constater que, sur la scène internationale et ce malgré la mobilisation extravagante des ressources, cette voix, tant attendue, se fait étonnamment et dramatiquement fort discrète, voire imperceptible et inaudible. Qui donc défendra ses intérêts ?

Pourtant, en effet, qu’il s’agisse de la montée de l'autoritarisme, de la protection des populations contre les actes terroristes et les cybermenaces, des migrations forcées, de la transition climatique, des droits humains, du panafricanisme, des  politiques de restriction ou de sélection de l'immigration ou encore, et plus largement, les grandes inégalités sociales que ces défis engendrent, autant au sein des pays et entre eux, comptent également parmi ces grands enjeux de l’heure, qui interpellent plus ou moins directement la RDC. Aussi, l’absence d’une voix retentissante du Congo empêche ce pays de prendre la place qui lui revient dans le concert des nations ; tel qu’il en fut le cas du temps de règne du Maréchal Mobutu. Aujourd’hui, plus qu’hier, le Congo a bien besoin de cette posture forte à l’international pour mieux se défendre et plaider ses multiples causes face aux agresseurs sans frontières et violeurs impénitents des dispositions du droit international.

Ostentation diplomatique ou absence de consistance du message

À chaque sommet, à chaque réunion internationale, le Congo brille par la taille de ses délégations. Des cortèges impressionnants, parmi les plus fastueux du monde, se déplacent, déployant des moyens considérables et entraînant l’éparpillement exorbitant des deniers publics. Mais, derrière ces défilés fastueux, la question demeure : où est la voix du Congo sur les défis majeurs de notre époque ? Qu’a-t-on réellement entendu sur les questions des génocides, du climat, des droits humains, du panafricanisme, de la part de ce géant ?

Le régime en place semble privilégier le paraître : il investit massivement pour être vu, mais peine à se faire réellement entendre. Loin de s’appuyer sur ses véritables atouts – son histoire, sa civilisation, ses ressources humaines et matérielles, sa légitimité morale – la diplomatie congolaise donne l’impression de privilégier la représentation et l’apparat à l’efficacité, la quantité à la qualité.

Inflation des missions : symptôme d’une diplomatie de façade

Sous le régime de Félix Tshisekedi, l'assertion de diplomatie de façade, la critique n’est même pas assez sévère, mais elle vise néanmoins à souligner le gros décalage entre, d’une part le gigantisme et l'intensité de l’activité diplomatique du président et, d’autre part, les résultats concrets obtenus, notamment sur les questions cruciales de la sécurité dans l'Est du pays, de la reconnaissance du Génocide des Congolais et de l’arrêt des pillages des ressources du Congo. Les missions à l’étranger se multiplient, leurs coûts atteignent des sommets ahurissants, la constance de leur démesure intrigue ; mais, à y regarder de plus près, ces délégations pléthoriques constamment mobilisées lors des grandes rencontres internationales, comme à la 80ème Assemblée des Nations-Unies, semblent surtout servir les intérêts de quelques oligarques.

Il ne s’agit donc plus de porter, haut et fort, la voix du Congo, là où il urge qu’elle soit audible et prise en considération ; mais, plutôt, de maintenir un système où l’apparat prime sur l’action, où le silence ou la superficialité sur les sujets essentiels du moment devient la norme ; laissant ainsi ce géant africain en marge des grands débats mondiaux, qui mettent en lumière les grandes nations ou celles qui comptent réellement sur l’échiquier international. Du reste, les causes intrinsèques au Congo, restent ainsi forcément orphelines.

Prévarication, népotisme, clientélisme, mission diplomatique pervertie…

Pouvait-il en être autrement ? Car, sélectionnés selon des critères de népotisme, de loyauté et de clientélisme, ces favorisés pour des missions, dont ils n’ont forcément compétence ni expertise requise, affichent moins une volonté de défendre le Congo que d’affermir, par détournement des fonds, leur propre ascension sociale et de l’étaler si ostensiblement que des langues se délient pour dénoncer, accuser et condamner l’incurie et la prévarication. Dès lors, il devient difficile de ne pas y voir l'application d'un système de népotisme et de clientélisme sciemment institué ; où les choix des membres de ces délégations récompensent la loyauté et non le savoir-faire diplomatique ou la capacité à porter une vision. Ces missions gargantuesques, au lieu de maximiser l'influence du Congo, servent avant tout à gratifier des proches du pouvoir.

Corrélativement, la sentence est sans équivoque, les résultats de cette diplomatie pervertie, ne sont pas médiocres ; mais bien complètement nuls ; une forfaiture rocambolesque de la diplomatie. Ainsi, la diplomatie, qui devrait être l'art d'exprimer et défendre les intérêts d’une nation, devient un instrument d'affichage personnel et de consommation de ressources au service d’une bande perverse.

Diplomatie déviante et dépravée s’apparente-t-elle à une dérobade ou complicité ?

Aujourd'hui, alors que les Congolais sont en quête de la reconnaissance du génocide, qu'ils subissent depuis des lustres et qui a déjà fait plus de 15 millions de victimes, soit plus que la population totale du Rwanda, l'absence d’une voix claire, forte et assez percutante pour capter l’attention sur la scène diplomatique est un manquement criant au devoir de représentation digne et de défense appropriée de l’image et des intérêts du Congo.

Ce manquement n'est-il pas seulement une dérobade, ni une simple peur de s’engager ; il trahit-il également et forcément une incapacité à porter une vision forte et unificatrice pour le Congo et pour l'Afrique ? Pire, ce mutisme ne s'apparente-t-il pas à une forme de complicité avec l'injustice, l’iniquité et l’arbitraire ambiants ? Le coût le plus élevé de cette diplomatie du faste et de l'inefficacité est le silence et l’impunité pour les souffrances du peuple congolais.

Urgence : troquer le luxe éphémère de l'apparat contre le poids permanent des idées

En effet, confrontés à de pires atrocités depuis des lustres – viols à des échelles inouïes, massacres aux allures d’extermination, errance depuis des décennies, famine, exil sans perspective de retour et en quête de reconnaissance du génocide, qu’ils subissent depuis des décennies, les Congolais attendent de leur diplomatie qu’elle soit le reflet de leurs souffrances et de leurs profondes aspirations. La déviance constante de la diplomatie congolaise actuelle de sa mission est donc inexplicable, surtout face à un Génocide de si grande ampleur et toujours en cours dans le pays.

Quand la diplomatie congolaise osera-t-elle enfin s’exprimer avec force et clarté sur la scène internationale ? Quand traduira-t-elle en actes et en paroles ce que veulent, espèrent ou rejettent réellement les Congolais ? Tant que cette voix restera inaudible, tant que les discours congolais manqueront de substance et de courage, le Congo demeurera ce géant aphasique, dont la présence peut impressionner, certes ; mais dont l’absence de message inquiète.

Plus que jamais, la diplomatie congolaise doit assumer le destin du peuple, qu’elle représente, et prendre, de manière conséquente, la parole là où ses doléances et gémissements de douleur doivent être entendus. Il lui appartient de transformer ses apparitions d’ostentation en missions d’influence, de rompre avec son mutisme sélectif, qui a déjà fait rater plusieurs rendez-vous majeurs au pays, pour enfin porter haut les valeurs et les combats de son peuple. Seule une voix forte, authentique et engagée permettra au Congo de retrouver la place, qui lui revient, dans le concert des nations.

Eclairage,
Chronique de Lwakale Mubengay Bafwa

Diplomatie d’apparat avec milliards arrosés pour frimer et cri inaudible face au génocide, quel raté !

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