🧭 Notre intime conviction et position immuable, jusqu’à la démonstration convaincante du contraire, réside en ceci que, malgré les apparences théâtralement bien ourdies, Paul Kagamé, alias Joseph Kabila, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, Vital Kamerhe et autre Moïse Katumbi sont tous intimement de mèche en vue de la balkanisation du Congo. La connivence et la trahison de Tshilombo étant particulièrement motivées par les espèces sonnantes et trébuchantes qu’il s’en procure ainsi que par le chaos qui lui permet autant de conserver le pouvoir que d’orchestrer le glissement institutionnel, voilà la constance du régime[i] ! Néanmoins, cela ne nous épargne pas de la pertinence d’explorer d’autres pistes d’analyse au gré des évènements et au fil du temps.

🎯 Tribune 5 : Il ne négocie pas : il implore et quémande…
L'interaction entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame lors du Global Gateway Forum à Bruxelles (octobre 2025) a été un moment diplomatique marquant et très commenté de ce meeting. La posture de Tshisekedi, notamment sa main tendue à Kagame, a révélé une stratégie politique complexe, probablement à double tranchant. Sous l’angle patriotique congolais, ce sommet a servi de cadre à une nouvelle démonstration de l’humiliation publique du Congo, à la confirmation de l’échec diplomatique et militaire d’un régime davantage préoccupé par le détournement des deniers publics à des échelles effarantes, pendant que le peuple patauge dans la misère la plus cruelle et que le pays se meurt à une vitesse ahurissante ainsi qu’à l’affligeante illustration de l’impuissance face aussi bien au conflit réel ou simulé contre la coalition politico-militaire de l'Alliance fleuve Congo (AFC) et du Mouvement du 23 mars (M23) que contre les Forces rwandaises de défense (FRD).
Sur un ton forcément émotionnel, mêlant géopolitique, patriotisme, et colère populaire, des Congolais se sont engagés à dénoncer la posture de supplication adoptée par Tshisekedi à cette tribune, son incapacité à anticiper les rapports de force ainsi que ses incessantes contradictions entre paroles belliqueuses à volonté et son absence quasi-totale d’action concrète sur le terrain.
Lui-même, il a d’abord menacé, puis mimé la dignité d’un pacifiste, il a crié au chaos, avant de danser sur les ruines... Cette cinquième tribune clôt la série en exposant le dernier masque : celui qui prétend sauver alors qu’il étouffe, celui qui invoque la paix pour mieux bâillonner la parole… Ici, nous ne dénonçons plus seulement les menaces sans effet, mais la mise en scène d’une vertu factice, qui se drape de manche sans honneur. Lorsque le rideau est tombé, c’est dans la lumière crue que le visage du traître, du complice, qui se révèle.
La stratégie du chaos : entre conflit affiché et complicité active
Le conflit apparent entre la république démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, incarné par l'animosité vraisemblable entre les présidents Tshisekedi et Kagamé, semble être un élément central de la stratégie de survie du régime actuel à Kinshasa. Même si les avis sont sensiblement partagés sur le sujet, certains estimant qu’il s’agit-il d’une véritable crise entre les deux Etats, alors que d’autres y perçoivent un cinéma politique savamment ourdi et entretenu au profit des fins stratégiques réciproquement partagées, force est de se rendre à l’évidence qu’aucun des protagonistes n’affiche la réelle volonté de sortir de cette crise. En effet, lorsque toutes les initiatives de règlement du conflit sont des chantiers constamment abandonnés en friche juste au point du dénouement, la question des ressorts palpables de la réalité de ce conflit se pose et il y a lieu d’exprimer des doutes profonds sur ce qui se passe, sur les motivations de deux côtés de l’affrontement ainsi que sur la nature exacte d’une guerre qui dure sans vraiment s’étendre et dont les instigateurs querellent dans une stable harmonie. L’hypothèse d’une crise comme levier de stratégies et fins politiques internes et régionales guide cette perception :
A. Le jeu d’une feinte d’humilité et d’un ton ferme, l'épisode du Global Gateway Forum, à Bruxelles, où Tshisekedi a adopté une posture publique d'apparente humilité face à Kagame, suivi d'une fermeté face aux appels internes au dialogue politique, lors de sa causerie patriotique avec la diaspora congolaise de Belgique a été interprété comme un signe de perfidie calculée:
- - Interprétation du conflit externe, est-ce que cette crise avec le Rwanda n'est pas un prétexte et une astuce idéale pour s'imposer comme le leader incontournable, le "Sauveur de la Nation", face à l'agresseur extérieur ?
- - Conséquences sur la scène interne, en focalisant l'attention sur la menace extérieure, Tshisekedi se sent légitimé à prendre des mesures autoritaires contre ses opposants internes, les taxant implicitement de trahison ou de distraction par rapport aux véritables enjeux nationaux prioritaires et urgents de l’heure pour fermer corrélativement la porte au dialogue politique ainsi qu’aux exercices démocratiques échus. L'objectif ultime, selon cette lecture, serait de se maintenir au pouvoir et d'orchestrer un « glissement » anti-constitutionnel en douceur…
B. La stratégie de "gouverner par le chaos"[ii], la gestion du dossier de Minembwe en est une criante révélation. Elle illustre parfaitement cette accusation de gouverner par le chaos. L'érection de cette entité administrative - Minembwe - dans une zone de tensions ethniques aiguës, a mobilisé des pans nombreux et massifs de la population. Bousculé par la mobilisation populaire, le régime l’a aussi initialement dénoncée ; mais, après-coup, il l’a tacitement acceptée par un silence éloquent et des délégations en cascade sur le lieu ; d’où la perception d’une légalisation d'un fait accompli; après avoir laissé le chaos s'installer.
- Cette tactique crée un sentiment d'urgence et de confusion, où le pouvoir apparaît, paradoxalement, comme le seul capable de restaurer l'ordre qu'il a implicitement laissé se détériorer : ruse de gouverner par le chaos.

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L'énigme des alliances militaires régionales : UPDF et État de siège
La politique sécuritaire du Congo dans l'Est du pays, notamment l'état de siège et l'alliance avec l'Ouganda (UPDF), fait l'objet de vives critiques et de doutes quant à son efficacité rudimentaire et à ses motivations. Nous y souscrivons :
- A. L'incompréhensible maintien de l'état de siège
- L'état de siège, en vigueur dans le Nord-Kivu et dans l'Ituri, a été très largement décrié par tous pour n'avoir pas seulement échoué à améliorer la situation ; mais, plutôt, de l'avoir, au contraire, aggravée ; néanmoins, il se poursuit :
- Question de la pérennité, pourquoi le régime de Tshisekedi maintient-il cet état d'exception, dont la faillite est, non seulement manifeste, mais encore plus aggravante, s'il n'y avait pas de bénéfices politiques majeurs ou stratégiques pour lui-même, au-delà de la sécurité des populations ?
B. L'opération Shujaa et l'expansion ougandaise
L'intervention des militaires ougandais (UPDF) en RDC, dans le cadre de l'opération conjointe Shujaa (lancée le 30 novembre 2021) pour neutraliser les Forces Démocratiques Alliées (ADF), est entourée de moult mystères ambigus :
- Contradiction des résultats, les massacres se sont poursuivis, voire intensifiés, malgré la présence de l'UPDF et le régime n’en parle pas ;
- Expansion de la zone d'opération, l'armée ougandaise a étendu sa zone d'action bien au-delà des objectifs initiaux de traque des ADF, soulevant des interrogations sur ses véritables motivations, possiblement liées à des intérêts économiques (comme l'exploitation illégale des ressources) ou à des stratégies géopolitiques régionales et le régime ne proteste pas ;
- Silence de Kinshasa, le régime de Tshisekedi n'a à aucun moment dénoncé les exactions ou l'expansionnisme de l'UPDF. Ce silence est angoissant et laisse percevoir une complicité tacite et active ; renforçant l'idée que ces alliances servent d'abord les intérêts du pouvoir en place…
La complexité entretenue des relations avec le Rwanda : une complicité déguisée ?
C’est le régime de Tshilombo lui-même qui, depuis le début, le déclare, le répète à satiété et qualifie les rapports entre Kinshasa et Kigali de complexes. Effectivement, ils sont passés de la « grande amitié, avec effusion publique d'affection » à des « menaces verbales d'une rare violence ». Combien des pays en guerre ouverte, bien que voisin, gardent leurs relations diplomatiques bilatérales au beau fixe ? Néanmoins, le refrain commence à sonner faux ; parce qu’il y a profusément des possibilités de les concevoir autrement :
A. La persistance des liens diplomatiques
Malgré les déclarations belliqueuses et la rhétorique de guerre, les relations diplomatiques entre les deux pays ne peuvent aller mieux, elles sont-là :
- L'hypothèse de la mise en scène, cette dissonance entre le discours et la réalité diplomatique alimente la suspicion d'une mise en scène calculée. Les menaces vociférées, en plus à maintes reprises, seraient donc des "menaces sans effet", destinées à l'opinion publique congolaise pour créer une image nationaliste de Tshisekedi en défenseur résolu du pays ;
- La « pirouette diplomatique » de Bruxelles, la démonstration solennelle de main tendue en faveur de la paix, à Bruxelles, n'aurait alors été qu'un simple « simulacre de vertu factice », un jeu de rôle pour les caméras…
B. Le visage de la complicité active
La contradiction ultime se trouve dans les actions du président congolais :
- Celui qui prétend sauver son peuple laisse plutôt l’étrange impression qu’il est bien celui qui, par sa gestion du chaos, par des détournements des fonds à des échelles inouïes et ses alliances douteuses, qui l'étouffe…
- Celui qui invoque la paix, ce n’est pas le moindre des paradoxes de la gouvernance chaotique du régime de Tshilombo ; comment qui prêche très officiellement la paix et s’expose en faiseur de paix est aussi celui qui recrute ouvertement des mercenaires et profère des menaces ouvertes ?
Voilà pourquoi, une fois le rideau diplomatique tombé, ces scènes et attitudes laissent l'impression de découvrir des visages de complicité active entre les deux régimes. Le conflit ne serait alors qu'un rideau de fumée, masquant des arrangements souterrains, qui garantissent le maintien au pouvoir de Tshisekedi, quitte à sacrifier la sécurité et l'intégrité territoriale du Congo.
D’aucuns ont vu dans les péripéties de Bruxelles une stratégie d’un Tshisekedi visant un coup de poker politique : une stratégie de la main tendue piégée. Entendant par là qu’il visait à la fois à paraître pacificateur aux yeux du monde et à contraindre Kagame à un choix binaire : accepter la paix sous condition (une victoire pour Kinshasa) ou la rejeter publiquement (un discrédit pour Kigali). La réaction cinglante du Rwanda a démontré que cette stratégie n'a pas réussi à faire plier Kigali ; qui a conservé sa posture de contre-accusation.
Corréler cet épisode aux processus de paix parallèlement en cours autour de cette pseudo crise ici et là, force est d’observer que ces acteurs ne sont ni motivés, ni pressés d’y mettre un terme. A qui profiterait la fin de ce prétendu conflit ? Certainement aux peuples, mais pas à un Tshilombo déterminé à rester au pouvoir, malgré le dégagisme qui gronde, et à empiler… Pour soutenir ce peuple martyr du Congo, il est plus que temps que ceux qui ont l’« auto-reconnaissance d’élites[iii] »[iv] dans la communauté congolaise se soucient enfin de leur devoir et de leur responsabilité pour jouer le rôle qui leur incombe ?
Eclairage,
Chronique de Lwakale Mubengay Bafwa
- « La dignité ne se porte pas en manche, elle se prouve en actes ! »
- « Un masque peut cacher la peur, mais jamais la vérité ! »
- « Il a menacé pour exister, mais c’est notre lucidité qui l’efface ! »
- « Le dernier masque tombe. Et ce qu’il révèle, c’est notre devoir de mémoire et de réaction ! »
- « Quand la menace devient spectacle, la Résistance se doit de s’organiser en véritable art ! »
[i]. Gouverner par le chaos, une stratégie sécuritaire aux relents politiques, dans Le Club de Mediapart, Billet de blog 11 septembre 2025. Avec une série de tribunes sur ce thème, nous explorons comment l’instabilité dans l’Est de la RDC ne serait pas une fatalité, mais une stratégie politique de conservation de pouvoir. Notre hypothèse : Derrière les discours de pacification, Tshilombo orchestre un chaos aux relents politiques. Nominations controversées, silences tactiques, alliances militaires opaques… Tout concourt à une mise en scène de la crise, utilisée comme levier pour étouffer le débat démocratique et préparer un glissement institutionnel…
[ii]. Déjà mentionné dans cette tribune, Conferatur référence numéro 1
[iii]. Dans une communauté donnée, l’élite est ce qu'il y a de meilleur. Donc, ses membres les plus brillants, les plus talentueux, les plus vertueux qui, par ces qualités, sont destinés à prendre conscience que c’est à eux qu’il revient l’assignation de guider, de gouverner l'ensemble de la communauté. (L-M Bafwa, « Au faîte de l’infamie, Tshilombo doit dégager ; promouvoir Kanambe est une vilénie », Le Club de Mediapart, 21 mai 2025.
[iv]. Par l'auto-reconnaissance, nous entendons la conscience de soi-même, l’aptitude à identifier et comprendre ses propres capacités, qualités, compétences, ses propres forces ; à les de reconnaître soi-même, sans dépendre d’une quelconque validation externe, pour les valoriser, développer, appliquer et mobiliser au profit des causes sociales.
Et, pour l’« auto-reconnaissance d’élites », l’accent est à mettre sur un processus individuel d’acceptation et légitimation de son rôle d'élite. Ce qui implique la prise en compte du temps, énergie et émotions mobilisés pour s'acquitter bénévolement de cette mission. In fine, cela permet aux élites ainsi mobilisés, de mieux prendre soin d'eux-mêmes et de comprendre qu'ils ont également besoin de soutien, même s'ils n'en ont pas le statut juridique, de solliciter cette reconnaissance socialement. Des initiatives d’« auto-reconnaissance d’élites » et de leur mobilisation corrélative sont déjà parlantes dans le domaine du journalisme : « journalistes engagés ». A l’instar du Docteur Dennis Mukwege, Kerwin Mayizo, Patrick Mbeko, Timothée Tshaomba Shutsha ou Fabien Kusuanika, les modèles d’élites conscientes et mobilisées dans la cause congolaise sont déjà et désormais légion !