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Lwakale Mubengay BAFWA

Historien et politologue, patriote progressiste et mondialiste originaire du Congo-Kinshasa ; Agrégé de l'enseignement secondaire supérieur, vit à Genève (Suisse)

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Billet de blog 24 octobre 2025

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Pourquoi le Manifeste pour la Renaissance du Congo ?

Dans sa version holistique, en intégrant tout le monde et tous les problèmes de fond à la source de la récurrente crise paralysant la RDC, telle que prônée par les églises chrétiennes, le dialogue inclusif servirait de fondation à une véritable et forte légitimité, opposable à tous, promue par tous, susceptible surtout de trouver une issue pacifique à la crise sociopolitique et sécuritaire en RDC

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Frappeurs à la conquête des rétro-commissions © Pi Tims

C’est avec une arrogance inouïe que Félix Tshisekedi a rejeté le dialogue politique inclusif que la majorité des Congolais, à tous les stades de la société, réclame à cor et à cri. En plus, sans infrastructure, sans eau potable, sans électricité, sans sécurité et avec des conditions de vie infrahumaines sur tout le territoire national, le Congo est pratiquement en faillite totale. Telle est la performance catastrophique de la gouvernance du receleur et usurpateur des élections de 2018 et organisateur du brigandage du scrutin de 2023. Si donc il n’a jamais été normalement élu, incompétent, corrompu, tribaliste à souhait et au paroxysme de la prévarication, d’où Tshisekedi tire-t-il son arrogance ? Jusqu’où tout ce cortège d’incongruences, conjuguées à l’incurie généralisée et à la balkanisation en cours du pays, peut-il conduire le Congo et les Congolais à court, moyen et long terme ? A quand un sursaut citoyen et patriotique ? De qui et comment peut germer et s'édifier cette perspective de transmutation ?

Illustration 2

🇨🇩 Origine du pouvoir et perception de l’arrogance

  • Élection controversée (2018) : Félix Tshisekedi est arrivé au pouvoir à la suite d’un hold-up électoral si rocambolesque qu’une large majorité de la population ne l’a jamais reconnu comme chef d’Etat. Bien que le transfert de pouvoir ait marqué la première transition politique pacifique au Congo depuis son accession à l’indépendance, l’extravagance inouïe du hold-up électoral, laissant le grand vainqueur du scrutin sur le pavé, au profit d’un affligeant deal avec l’ancien président, alias Joseph Kabila, a tellement entaché son ascension que sa légitimité n’a jamais été acquise.
  • Appui international : malgré de vives et sévères critiques internes, Tshisekedi a bénéficié d’un soutien diplomatique considérable, voire d’une complicité internationale majeure, notamment des Etats-Unis (avec la colossale implication très louche de l’ambassadeur Mike Hammer surnommé « Nzita[i]»), de la France, du FMI et d’autres partenaires occidentaux pour s’émanciper de la tutelle de son prédécesseur, renforcer sa posture institutionnelle et son pouvoir, voire de défier ses rivaux et opposants ou faire face aux critiques locales.
  • Contrôle institutionnel : en consolidant son pouvoir au sein des institutions avec l’aide active des Etats-Unis, notamment par des alliances politiques et des remaniements stratégiques, il peut se sentir en position de force, même si la base populaire lui est restée très hostile.

https://www.youtube.com/watch?v=2K7mFD_1LHY

La chronique : Qui pour sauver la RDC ?

⚠️ Situation actuelle du Congo : un tableau alarmant !

  • Infrastructure défaillante : l’accès à l’eau potable, à l’électricité et aux routes reste extrêmement limité, voire impossible, dans de nombreuses régions. Les autres moyens de transport sont totalement dans l’impasse. Les investissements publics sont quasiment à l’arrêt à cause d’un niveau exponentiel de corruption, de détournements des deniers publics à des échelles effarantes et de l’absence presque totale de planification.
  • Sécurité en crise : ici et là, le pays est ravagé par des conflits armés très meurtriers et persistants entretenus par des groupes rebelles et des ingérences étrangères. L’insécurité urbaine ne cesse de s’amplifier et s’étendre. Tout cela mine la stabilité nationale et la confiance dans l’État.
  • Conditions de vie : le taux de pauvreté a atteint des proportions jamais imaginées ; au point où la majorité de la population survit dans des conditions parmi les plus précaires au monde. L’économie informelle domine et, tous les services publics sont, un peu partout, inexistants.

🔮 Conséquences à court, moyen et long terme

Terme ♠ Conséquences possibles

♠ Court

Face à expansion exponentiellement galopante de la misère et des inégalités, la RDC est au bord d’une rude et ingérable insurrection aux portées très inquiétantes. Mécontentement populaire accru génère grèves, manifestations, instabilité politique croissante…

♠ Moyen

Les détournements ahurissants et médiatises des deniers publics se conjuguent à l’exposition ostentatoire de l’opulence des trains des prévaricateurs, au népotisme et au clientélisme pour accroître l’érosion de la légitimité des institutions et de leurs animateurs. D’où la montée incompressible des tensions ethniques que les ingérences régionales tendent à exaspérer.

♠ Long

Déjà amorcée à l’Est, la balkanisation risque de s’amplifier jusqu’à la fragmentation étatique, voire l’implosion totale du pays. Fuite des cerveaux, perte de souveraineté économique sont amorcées...

Illustration 3

🧭 Et maintenant ?

Ce cocktail de crise politique, économique, social et sécuritaire place le Congo face à l’imminence d’un effondrement, voire désagrégation totale aux effets irréversibles ; si de larges et profondes réformes ne sont pas engagées. Le dialogue inclusif, que d’aucuns réclament à cor et à cri, est crucial pour restaurer la confiance, éviter la dérive autoritaire et une implosion sociale.

A l’instar des exemples de résilience récents ou en cours dans d’autres pays, un sursaut patriotique et une mobilisation citoyenne s’imposent pour conduire le Congo vers plus de justice sociale, bonne gouvernance et transformation.

🔥 Exploration des obstacles et leviers de transformation

🔍 1. Pourquoi le dialogue inclusif est vital

  • Fragmentation politique : le pays est divisé entre plusieurs courants politiques, plus préoccupés par le pouvoir politique et les multiples prérogatives socio-économiques qu’il procure que par le bien commun. Ceux qui sont dans les sphères du régime, ils accentuent le phénomène centrifuge visant à maintenir le statu quo ou à l’empirer. Le dialogue inclusif aurait la faculté d’opposer les forces centrifuges aux centripètes en visant, autant que se peut, le plus large consensus possible.
  • Exclusion des voix locales : les communautés rurales, les jeunes, les femmes et les diasporas sont souvent marginalisés dans ces processus politiques décisionnels. Un dialogue inclusif sous-entend l’intégration de toutes les forces vives de la nation ; prévenant les ingérences extérieures.
  • Dialogue = stabilité : sans dialogue national inclusif, les frustrations s’accumulent et peuvent exploser en crises sociales ou conflits armés.
  • Régulation sociale et prévention des conflits : le dialogue permet de gérer les tensions sociales et les désaccords en agissant comme un régulateur, afin de prévenir leur dégénérescence en conflits violents. 
  • Recherche de consensus et de coopération :  bien posée, la concertation nationale est un levier pour trouver un terrain d'entente entre les différentes parties prenantes (régime, opposition, société civile, syndicats, églises etc.) pour prendre des décisions acceptables par tous. 
  • Créer ou renforcement de la cohésion nationale : en rassemblant les forces vives du pays en concertation volontariste, le dialogue contribue à créer ou renforcer l'unité pour constituer un front national commun face aux ingérences extérieures, surtout en cas d’agression. 
  • Échange de bonnes pratiques et coopération : le dialogue politique, selon la Commission européenne, peut servir à échanger et convenir de bonnes pratiques ainsi qu’à définir des domaines concrets pour asseoir une bonne coopération, que ce soit au niveau national ou international. 
  • Médiation et résolution de crise : en sciences sociales, c’est levier servant la médiation entre les parties et aide à gérer des situations de crise. 
  • Développement d'idées et prise de recul : c’est la méthode idéale pour approfondir des idées, surtout en cas de divergence, d'élargir les perspectives et de prendre du recul sur des problématiques complexes.
La chronique : Qui pour sauver la RDC ? © Alain Foka Officiel

👉 Dans sa version holistique, en intégrant tout le monde ainsi que tous les problèmes de fond à la source de la récurrente crise paralysant la RDC depuis son accession à l’Indépendance - telle que prônée par les églises chrétiennes du Congo, Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et Église du Christ au Congo (ECC) - ce dialogue inclusif pourrait servir de fondation à une véritable et forte légitimité, opposable à tous, promue par tous et, surtout, susceptible de trouver une issue pacifique à la crise sociopolitique et sécuritaire en RDC.

⚙️ 2. Les piliers d’un redressement durable

Pilier ♦ Actions nécessaires

♠ Institutions

Juguler la question de légitimité en créant institutions représentatives ou une méthode pour y parvenir.

♠ Infrastructure

Par partenariats publics-privés, choisir investissements massifs et combattre sévèrement la corruption.

♠ Éducation

Réformer les programmes, améliorer les conditions, garantir l’accès universel, valoriser les enseignants.

♠ Santé

Créer et multiplier les centres, décentraliser les lieux des soins, renforcer hôpitaux et accès aux médicaments.

♠ Sécurité

Démilitariser les groupes armés, réformer l’armée, justice transitionnelle et lutter contre la criminalité partout.

♠ Économie

Diversifier les activités (agriculture, industries, tech, tourisme), soutien aux PME, fiscalité équitable.

🧠 3. Scénarios d’avenir pour le Congo

🔴 Scénario pessimiste (si rien ne change) :

  • État failli, confirmation de la balkanisation ou implosion, exode, montée des extrémismes, perte de souveraineté sur les ressources naturelles.

🟡 Scénario intermédiaire (réformes partielles) :

  • Le pays reste exposé aux invasions de ses voisins, croissance négative, maintien des inégalités, instabilité chronique, dépendance extérieure.

🟢 Scénario optimiste (si dialogue inclusif : réformes profondes) :

  • Renaissance démocratique, cohésion nationale, décollage économique soutenu du pays, un développement impérieux, rayonnement régional.

4. Et toi, que peux-tu faire pour y contribuer ?

  • Mobilisation citoyenne : Sensibiliser ton entourage, initier et participer à des forums de sursaut patriotique, soutenir des initiatives locales.
  • Création de contenu : Écrire, filmer, documenter les réalités du terrain et les dispatcher à souhait dans les réseaux pour éveiller les consciences.
  • Réseautage stratégique : rechercher, identifier, rassembler ou connecter les acteurs du changement, créer des coalitions transversales.

Ce manifeste est un appel. Un cri. Une promesse : le Congo ne tombera pas ; il se relèvera, porté par ses enfants.

Pour cela, il faut que ceux qui ont l’« auto-reconnaissance d’élites[ii] »[iii] dans la communauté congolaise prennent conscience de la gravité de la situation et se soucient aussitôt de leur devoir ainsi que de leur responsabilité pour jouer, enfin, le rôle qui leur incombe : celui d’opérer le dégagisme des incompétents, des prévaricateurs, des ethnocrates et des corrompus à la tête du pays…

Eclairage,
Chronique de Lwakale Mubengay Bafwa

[i]. Mike Hammer a été nommé ambassadeur des États-Unis auprès de la RDC en septembre 2018, juste quelques mois seulement avant la tenue des élections dans pays et il y est reste plus de quatre ans. Très présent sur la scène politique congolaise, celui que certains ont qualifié de « très influent ambassadeur », a eu à entretenir durant son séjour au Congo, d’excellentes relations avec le régime de Kinshasa.  Ce qui laisse entendre qu’il a eu une mission particulière dans le renforcement du pouvoir de Tshisekedi au détriment de l’emprise d’alias Joseph Kabila, son prédécesseur.

[ii]. Dans une communauté donnée, l’élite est ce qu'il y a de meilleur. Donc, ses membres les plus brillants, les plus talentueux, les plus vertueux qui, par ces qualités, sont destinés à prendre conscience que c’est à eux qu’il revient l’assignation de guider, de gouverner l'ensemble de la communauté. (L-M Bafwa, « Au faîte de l’infamie, Tshilombo doit dégager ; promouvoir Kanambe est une vilénie », Le Club de Mediapart, 21 mai 2025.

[iii]. Par l'auto-reconnaissance, nous entendons la conscience de soi-même, l’aptitude à identifier et comprendre ses propres capacités, qualités, compétences, ses propres forces ; à les de reconnaître soi-même, sans dépendre d’une quelconque validation externe, pour les valoriser, développer, appliquer et mobiliser au profit des causes sociales.

Et, pour l’« auto-reconnaissance d’élites », l’accent est à mettre sur un processus individuel d’acceptation et légitimation de son rôle d'élite. Ce qui implique la prise en compte du temps, énergie et émotions mobilisés pour s'acquitter bénévolement de cette mission. In fine, cela permet aux élites ainsi mobilisés, de mieux prendre soin d'eux-mêmes et de comprendre qu'ils ont également besoin de soutien, même s'ils n'en ont pas le statut juridique, de solliciter cette reconnaissance socialement. Des initiatives d’« auto-reconnaissance d’élites » et de leur mobilisation corrélative sont déjà parlantes dans le domaine du journalisme : « journalistes engagés ». A l’instar du Docteur Dennis Mukwege, Kerwin Mayizo, Patrick Mbeko, Timothée Tshaomba Shutsha ou Fabien Kusuanika, les modèles d’élites  conscientes et mobilisées dans la cause congolaise sont déjà et désormais légion ! 

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