Depuis des lustres, la République démocratique du Congo (RDC), vaste pays au cœur de l’Afrique, traverse une période de crises majeures tant sur le plan politique que socio-économique. Malgré ses immenses ressources naturelles, le pays souffre de l’incurie gouvernementale chronique débouchant sur l’échec de gestion et la faillite totale de l’Etat aux mains des gérants pusillanimes et véreux. Les tensions politiques s’accentuant entre l’usurpateur Tshisekedi et son complice d’hier l’imposteur alias Joseph Kabila sont générées par la course égoïste au pillage des ressources du Congo, sans la prise en compte des intérêts du pays et de la population.
Alors que la légitimité de ces rapaces prédateurs et de leurs acolytes est largement remise en question, où est l’élite congolaise patriote consciente de ses compétences et de son excellence en devoir de chasser les traîtres et prévaricateurs pour les remplacer et faire enfin preuve de sens de responsabilité et de bonne gouvernance ? Pourtant, le rejet du régime en place est de plus en plus massif ; surtout en raison de son refus d’un dialogue politique inclusif jugé salutaire par la majorité du peuple congolais. Pendant ce temps, Cette crise politique s’accompagne d’une dégradation dramatique des conditions de vie, de déplacements massifs des populations et d’un climat d’insécurité généralisée ; marquant ainsi un contraste frappant avec la trajectoire de certains pays voisins, tel le Rwanda.
Le rejet du dialogue politique inclusif par Félix Tshisekedi
Depuis son accession à la présidence en 2019, Félix Tshisekedi s’est présenté comme un acteur du changement. Néanmoins, son refus d’engager un dialogue politique inclusif avec l’ensemble des forces vives de la nation, y compris l’opposition et la société civile, a suscité de vives critiques. Ce rejet est perçu comme un frein à la réconciliation nationale et à la construction d’un consensus autour des réformes nécessaires pour sortir le pays de la crise. En excluant une partie significative de la classe politique et des groupes sociaux importants du processus décisionnel, Tshilombo aggrave le climat de méfiance, accentue la défiance et encourage l’instabilité, ferme une fenêtre de résolution de crise, met à nu l’iniquité de son régime et son incapacité à répondre aux aspirations du peuple congolais. Aux yeux de la majorité, le dégagisme s’impose comme voie d’issue…
Analyse des conditions de vie et des infrastructures
Le quotidien de la majorité des Congolais est marqué par la précarité. Les infrastructures de base, telles que les routes, les réseaux d’eau potable ou d’électricité, demeurent largement insuffisantes voire inexistantes dans de nombreuses régions. L’accès à l’eau potable reste un défi majeur, exposant la population à des maladies hydriques et à l’insécurité alimentaire. Le réseau électrique, quant à lui, ne couvre qu’une infime partie du territoire, contraignant des millions de personnes à vivre sans lumière ni moyens de production modernes. Même là elle ne devrait pas faire défaut, à l’instar de Kinshasa, la capitale du pays, l’accès y est problématique, caractérisé par des coupures intempestives. Quels investisseurs seraient assez fous pour déverser leurs fortunes dans un pays de délestages inopportuns et de constantes pannes électriques ? Par ailleurs, l’insécurité ambiante et généralisée, entretenue par la prolifération de groupes armés et l’inefficacité des forces de l’ordre, accentue les souffrances quotidiennes et limite toute perspective de développement durable.
Face un tableau si sombre, d’où Tshilombo tire-t-il sa légitimité et son bien-fondé pour rejeter avec arrogance le dialogue politique inclusif que la majorité des Congolais réclame à cor et cri ?
Légitimité présidentielle et perception populaire
Inexistante au départ, la légitimité de Félix Tshisekedi est restée régulièrement contestée, tant par une frange de la population que par des acteurs politiques. Le hold-up électoral de 2018 a tellement désillusionné et dégoûté les Congolais qu’ils sont vraiment très rares à faire confiance aux dealeurs et surtout au receleur de la fraude. D'autre part, malgré une volonté affichée de rupture avec le passé, nombre de citoyens perçoivent le régime de Tshilombo comme une continuité et une péjoration de pratiques peu transparentes, voire ombrageuses et d’alliances opportunistes à la base du dégagisme de son prédécesseur. D’où une défiance grandissante, se traduisant notamment par une faible adhésion populaire aux initiatives gouvernementales, nourrissant une crise de confiance généralisée et alimentant les protestations populaires que la violente répression gouvernementale a découragées.
Surfant astucieusement sur ce mécontentement généralisé et profond, alias Joseph Kabila s’est, avec « Sauvons la RDC ! », doté de levier à même d’agir en attrape tout de toutes les insatisfactions et contrariétés pendantes. Plus que sa légitimité, la survie même du régime de Tshilombo est désormais est exposée aux périls haute volée. La bataille frontale Tshilombo-Kabila augure de pires dégâts.
Gouvernance, incurie et diplomatie congolaise
La gouvernance en RDC est largement caractérisée par l’incurie, le clientélisme, kleptomanie, le népotisme et la corruption. Les ressources publiques sont fréquemment détournées ; limitant leur impact sur l’amélioration des conditions de vie de la population. Sur le plan diplomatique, la RDC s’engage dans des initiatives coûteuses, parfois perçues comme déconnectées des réalités et, surtout, des priorités nationales ; notamment en matière de sécurité et de développement. Cette diplomatie très bancale, dont la platitude est mise en exergue par vilénie de marcher sur les plates-bandes du Rwanda, est jugée inefficace par de nombreux observateurs et ne parvient pas à mobiliser les soutiens internationaux nécessaires pour juguler les crises internes et renforcer la position du pays sur la scène régionale.
Cependant, le sort du Congo, en soi, n’est jamais apparu comme une priorité du régime ; dont la préoccupation majeure semble sa survie.
Comparaison avec le modèle rwandais
Appuyé sur sa réussite exemplaire et sa domination du Congo, le contraste avec le Rwanda voisin est souvent évoqué. Alors que la RDC peine à stabiliser ses institutions, à améliorer les conditions de vie de sa population et à moderniser ses infrastructures, le Rwanda affiche des progrès notables en ces domaines ainsi qu’en matière de gouvernance, de sécurité et de développement socio-économique.
De cette comparaison, d’aucuns mettent en lumière l’importance de la volonté politique, de la lutte contre la corruption, de la bonne gouvernance et de l’investissement dans le capital humain ; ils concluent en relevant combien ces éléments font cruellement défaut à la RDC. D’autres cherchent à nuancer cette comparaison, soulignant qu’en dépit de sa petite taille et de son parcours historique différent, le succès du modèle rwandais demeure néanmoins une source de questionnement, voire d’inspiration pour de nombreux Congolais ; qui rejettent la thèse de la malédiction.
Conséquences à court, moyen et long terme pour la RDC
À court terme, la persistance de la crise politique et le rejet du dialogue inclusif risquent d’aggraver l’instabilité, d’intensifier les violences et d’accroître les déplacements massifs et l’errance tragique de population. Les massacres quotidiens, particulièrement dans l’Est du pays, pourraient perdurer, s’amplifier, exacerbant le climat de peur et d’insécurité. À moyen terme, la défaillance des infrastructures et la mauvaise gouvernance freineront tout effort de reconstruction et de développement, maintenant la majorité de la population dans la pauvreté et l’exclusion. À long terme, l’absence de réformes structurelles, l’érosion continue de la légitimité du régime, celle de la Présidence de la République plus spécifiquement, ainsi que l’isolement diplomatique croissant pourraient compromettre l’unité nationale, ouvrir la voie à de nouvelles crises majeures et hypothéquer l’avenir du pays. Le risque de soulèvement populaire et son corrélat - l’effondrement institutionnel – ou d’implosion du pays ne sont pas à écarter ; si les tendances actuelles persistent.
Perspectives et recommandations
La RDC se trouve à la croisée des chemins ! On a usé et abusé de cette expression ; on est néanmoins forcé d’y faire encore recours ici. Car, elle exprime une réalité anxiogène et dont l’accomplissement est aujourd’hui plus imminent qu’il ne l’a jamais été. Pour éviter la menaçante calamité, il apparaît indispensable de renouer avec un véritable dialogue politique inclusif, seule voie susceptible de restaurer la confiance et de poser les bases d’une gouvernance responsable et redevable au peuple à même d’en assurer le contrôle. La restauration de ses prérogatives citoyennes passe par la refondation politique et l’amélioration de ses conditions de vie requiert des investissements massifs dans les infrastructures et la lutte résolue contre la corruption que le régime actuel est disqualifié à assurer. Enfin, l’État doit réaffirmer sa souveraineté en garantissant la sécurité des citoyens et en développant une diplomatie cohérente, centrée sur les besoins réels du pays.
La comparaison avec le Rwanda démontre que le changement est possible, à condition d’une volonté politique affirmée et d’une mobilisation collective que seul le dialogue inclusif, dans l’attente des échéances électorales crédibles, est susceptible d’impulser.
C’est pourquoi, afin de déclencher cet élan salvateur et soutenir ce peuple martyr du Congo, il est impérieux que les élites[i] congolaises, les vraies, sortent enfin de leur coupable léthargie. Que ceux qui ont une claire « auto-reconnaissance d’élites »[ii] dans la communauté congolaise se soucient de leur devoir citoyen et patriotique pour assumer leur responsabilité et jouer le rôle qui leur incombe : celui d’opérer le dégagisme des incompétents, hédonistes, kleptocrates, ethnocrates, prévaricateurs et corrompus de la tête du pays…
Eclairage,
Chronique de Lwakale Mubengay Bafwa
[i]. Dans une communauté donnée, l’élite est ce qu'il y a de meilleur. Donc, ses membres les plus brillants, les plus talentueux, les plus vertueux qui, par ces qualités, sont destinés à prendre conscience que c’est à eux qu’il revient l’assignation de guider, de gouverner l'ensemble de la communauté. (L-M Bafwa, « Au faîte de l’infamie, Tshilombo doit dégager ; promouvoir Kanambe est une vilénie », Le Club de Mediapart, 21 mai 2025.
[ii]. Par l'auto-reconnaissance, nous entendons la conscience de soi-même, l’aptitude à identifier et comprendre ses propres capacités, qualités, compétences, ses propres forces ; à les de reconnaître soi-même, sans dépendre d’une quelconque validation externe, pour les valoriser, développer, appliquer et mobiliser au profit des causes sociales.
Et, pour l’« auto-reconnaissance d’élites », l’accent est à mettre sur un processus individuel d’acceptation et légitimation de son rôle d'élite. Ce qui implique la prise en compte du temps, énergie et émotions mobilisés pour s'acquitter bénévolement de cette mission. In fine, cela permet aux élites ainsi mobilisés, de mieux prendre soin d'eux-mêmes et de comprendre qu'ils ont également besoin de soutien, même s'ils n'en ont pas le statut juridique, de solliciter cette reconnaissance socialement. Des initiatives d’« auto-reconnaissance d’élites » et de leur mobilisation corrélative sont déjà parlantes dans le domaine du journalisme : « journalistes engagés ». A l’instar du Docteur Dennis Mukwege, Kerwin Mayizo, Patrick Mbeko, Timothée Tshaomba Shutsha ou Fabien Kusuanika, les modèles d’élites conscientes et mobilisées dans la cause congolaise sont déjà et désormais légion !