Endométriose et congé menstruel

L’endométriose, c’est une maladie qui touche 1 femme sur 10 mais ces dernières années, notamment avec la libération de la parole, le chiffre augmente. C’est 2 millions de femmes qui souffrent en France de douleurs invalidantes au ventre, aux reins, aux jambes, pendant les règles mais aussi en dehors des menstruations et parfois lors des rapports sexuels. C’est la cause n°1 de l’infertilité : elle touche entre 30 et 50% des concerné·e·s. 80% des malades souffrent de troubles du sommeil. L’endométriose peut aussi causer de la fatigue chronique, des vomissements, des difficultés à aller aux toilettes (avec présence de sang dans certains cas) et tout un tas de symptômes variés selon les individus. 

A vrai dire, on en sait très peu sur l’endométriose. Ça fait pas si longtemps qu’on se penche sérieusement sur la situation.

Comment ça se fait ?

Malheureusement la recherche a été pendant longtemps faite par les hommes pour les hommes, ne prenant pas en compte le cycle très différents d’une femme. Pour illustrer le propos, alors que la terre fait un tour sur une année : un homme fait un tour sur une journée et une femme sur un cycle de 28 jours.

Elle marche donc mieux sur eux et ne prend en compte que les problématiques qui les concerne. Les procédés jugés trop compliqués ou trop pénalisants sont même abandonnés alors que les mêmes effets sur des traitements pour les femmes sont commune mesure. On peut nommer par exemple les études sur la pilule contraceptive.
Il aura fallu des siècles et des siècles pour se demander s’il n’était pas plus facile de décharger un pistolet (les hommes) plutôt que de constamment porter un gilet pare-balles (les femmes). Les recherches ont finalement été conduites et la pilule contraceptive pour les hommes a été réalisée ! Cependant la liste des effets négatifs était longue comme le bras, aussi longue que la liste des effets négatifs de la pilule contraceptive pour les femmes d’ailleurs : impact sur l’humeur, sur la libido, sur la santé en général. Conclusion ? La pilule pour les hommes a été abandonnée. C’est aux femmes de se flinguer la santé (et puis bon, c’est un peu leur responsabilité finalement, non ?).

Les causes sont inconnues.

Certain·e·s prétendent à l’impact des perturbateurs endocriniens sur nos corps. D’autres encore se demandent si l’endométriose existe vraiment. Toutes les femmes souffrent mais d'une manière différente entre elles mais aussi au cours de la vie. Est-ce une maladie ou bien un simple fonctionnement du corps avec un utérus?
Il existe des traitements mais encore faut-il être diagnostiqué à temps et ne pas se faire empoisonner par les médicaments.

Les solutions

Les solutions sont multiples mais je propose deux axes : la prévention et le soin d’une part et l'adaptation de la législation d’autre part.

1. La prévention et le soin

La semaine dernière encore, une députée macroniste lâchait en commission de l’Assemblée que les menstruations et ses difficultés relèvent de “l’affaire privée”.

Cela montre bien que le frein principal sur le sujet, ce sont les idées de merde qu’on se met en tête. Biberonné·e·s aux valeurs capitalistes de productivité et soumis·e·s aux conditions de travail toujours plus difficiles, les travailleurs et travailleuses sont dressé·e·s à souffrir en serrant les dents. Les femmes subissent aussi cette règle dans leur corps et leur foyer.

Par ailleurs, lorsqu’une femme prend le chemin du diagnostic : c’est un véritable parcours du combattant d’environ 7 ans. 

Alors quelle nouvelle quand l’année dernière a enfin été trouvé la solution du test pour l’endométriose ! Quelques minutes et le diagnostic est donné. Seul hic : le prix. Ce test pouvant épargner des années de suivis médical coûte plusieurs centaines d’euros.

Devant l’enjeu (et surtout la pression), le gouvernement a fait la promesse d’un remboursement de ce test d’ici fin 2024. A voir par la suite…

2. Adaptation de la législation 

En sachant qu’1 personne atteinte d’endométriose sur 6 a perdu son emploi en raison de sa maladie, il y a urgence à faire évoluer les lois en même temps que les mentalités.

Alors que 68% des françaisEs sont favorables à un congé menstruel, celui-ci était justement en Commission à l’Assemblée, notamment par l'attribution de 13 jours/an et une favorisation du télétravail.

De manière exceptionnelle, certaines organisation (entreprises ou collectivités) le mettent déjà en place.

Situation internationale 

Question déconstruction du patriarcat, la France est en retard (pas de surprise). S'interroger sur une organisation du travail pensée autour des femmes, d'autres pays l'ont fait, avec plus ou moins de succès.

ESPAGNE. Considérée comme une référence en matière de droits des femmes en Europe, notamment depuis l’adoption d’une loi sur les violences de genre en 2004 (et aussi la dépénalisation de l’IVG en 1985 et sa légalisation en 2010), elle a voté la loi pour le congé menstruel en 2022.

JAPON. Une loi concernant les congés menstruels a été votée en 1947 autorisant les femmes à un jour supplémentaire d’absence rémunérée. Une prime est versée si elles ne prennent pas ce jour. Il est malheureusement peu utilisé car très mal vu.

INDONÉSIE. En 2003, elle vote une loi prévoyant 1 à 2 jours de congés en début de cycle au besoin. Son application reste cependant au bon vouloir de chaque entreprise.

ZAMBIE. Depuis 2015, la loi accorde un jour de congé supplémentaire par mois, sans préavis ni certificat médical.

Situation FR 

Les congés menstruels, proposition à caractère social, est évidemment soutenue par la gauche (les forces de la NUPES à l'Assemblée par exemple). La proposition de loi a notamment été portée par S.Peytavie (Génération.s) et M-C.Garin (Les Ecologistes!).

A l'inverse, les ennemis du droit des femmes ou du droit social dans son ensemble adoptent toujours la même stratégie : réinventer le contexte avec les éléments de langage, donner des arguments claqués au sol et voter contre puis prétendre qu'on est pour finalement.

1. Préparer le contexte 

En pleine discussion sur la proposition de loi de congé menstruel, on peut citer B. Le Maire qui crache sur l'arrêt maladie, laissant sous-entendre une notion de "bon” et de “mauvais” arrêt.

2. Argumenter comme un·e CM2

Difficile d’avancer les arguments objectifs alors les opposants s’appuient sur des jugements, des impressions et des expériences personnelles. Une député macroniste à ira même jusqu’à remettre en doute la confiance que l’on peut porter à une femme. Bel exemple de misogynie intériorisée !

Et puis de toute façon, qui a besoin d’argument quand il suffit de faire un lien entre deux faits, même si celui-ci est tiré par les cheveux. Ici, les deux publics cibles ont des vagins donc c'est pareil.

3. Couvrir ses arrières et mentir

Après avoir tenu une position ouvertement contre le droit des femmes, il convient alors d’utiliser la belle peinture du pinkwshing (ou “purplewashing” depuis quelques années) visant à dissimuler des positions réactionnaires et conservatrices.

Le Front Nati-pardon... le Rassemblement National est passé maître en la matière dans la lutte pour contrôler le corps des femmes.

Récemment, c’est le S.Vojetta qui se met en scène (d’ailleurs, vous faites tous un peu chier à vous affichez de la sorte), avec un simulateur de douleurs des règles.

La vision féministe de la réorganisation du travail est soutenue par la plupart des syndicats comme Sud-Solidaires, la FSU, l’UNSA ou la CGT. Comme sur d'autres questions, chaque syndicat défend ces points avec des degrés variables de radicalité. Certains ne voient que des conditions de travail la où d'autre portent le message plus fort d'une vision féministe large.

Endométriose et féminisme 

La lutte contre l'endométriose est intrinsèquement liée au féminisme, visant à transformer un système de santé et une société qui ont historiquement négligé les besoins spécifiques des femmes.

Comme je l’ai confié rapidement un peu plus haut, il est vraiment hallucinant que pour croire les femmes et leurs douleurs, il faille que des hommes la testent et se mettent en scène. On en a plein les ovaires de se faire mainsplanner et invalider dans notre quotidien, voilà que maintenant ce sont les règles. Il est minable que la parole d’une femme doivent être portée par un homme pour être validée par un homme.

On souffle fort.

Nous sommes des adultes.
Nous pouvons décider par et pour nous-mêmes.

Mon corps. Mon choix. Mon congé menstruel.

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