Quelques jours plus tard, une foule compacte entoure l’Elysée. La police et l’armée n’interviennent pas, et posent symboliquement leurs casques à terre : il doit fuir. Tel le Conseil National de Résistance de l’après-guerre, un conseil se met en place pour reconstruire l’économie du pays sur des bases écologiques, solidaires et non capitalistes. Ce jour, c’est le 1er mai 2022, dont nous célébrons le mois à venir l’anniversaire.
Qui aurait pu croire, quand les premiers cas de grippe Covid-19 se sont déclarés en Chine, il y a de cela 5 ans, que ce virus nous mènerait là où nous sommes ? Dans un monde totalement nouveau, impensable avant cela ? Qui aurait pu croire, quand nous sommes entrés en confinement, en mars 2020, que nous y resterions aussi longtemps ? Et que, pendant ce temps, le monde tel que nous le connaissions s’effondrerait ? Personne, parmi notre petit milieu de résistants. Qui n’attendait que ça, pourtant…
Étrange époque que celle-là. La Grande Pandémie, le Confinement…
Rappelez-vous. Ça a commencé graduellement. Pendant que nous étions enfermés chez nous, l’économie s’est mise à l’arrêt, et les bourses se sont effondrées. Puis il y a eu le krach systémique –un gros boum ! L’explosion de la bulle spéculative ; un effondrement bancaire généralisé. La majeure partie de l’argent du monde s’est ainsi volatilisée. Plus rien. Toutes les banques firent faillites, sans que les Etats, laissés en rade par leurs économies en confinement, puissent faire quoi que ce soit pour les aider.
En sortant de confinement, la moitié de l’humanité a donc découvert un monde capitaliste dévasté, miné par le chômage et la pauvreté.
Afin de se reconstruire, et afin de prévenir un retour en force du SARS-03, la mutation du virus, tous les pays du monde adoptèrent alors des mesures protectionnistes strictes. Tout le monde s’est claquemuré de son côté. Et c’est ainsi que la mondialisation économique, brutalement, a pris fin. Commencée dans le sang des Incas, elle se concluait dans la fièvre des victimes du Covid-19.
L’armée des 12 pangolin avait fait son œuvre.
Nous avons vécu des épreuves. La société post-confinement fut, l’espace de deux ans, l’apogée de ce que le pouvoir capitaliste et autoritaire pouvait faire de pire. Sur la lancée des lois liberticide de l’Etat d’urgence sanitaire, nous avons étés surveillés plus que jamais auparavant. Les manifestations furent violemment réprimées, sous la direction du ministre de l’intérieur de l’époque, Didier Lallement –en détention aujourd’hui. Et beaucoup d’entre nous périrent. Ce gouvernement macroniste fut la dernière incarnation du vieux monde : il est peu dire qu’il s’est débattu, avant de consentir à mourir.
Mais ceci est derrière nous désormais. Nous vivons en harmonie avec la nature, dans des sociétés à échelle humaine, basées sur la démocratie directe et le municipalisme libertaire de Murray Bookchin. Nos Cités Libres se reconstruisent paisiblement. Et les nouvelles que nous avons du reste du monde sont bonnes.
Partout en Europe, les régimes autoritaires ont été chassés par des insurrections populaires. Aux USA, Bernie Sanders, revenu dans la course électorale suite au décès de son principal adversaire et à celui de Trump des suites du Covid, mène une politique ambitieuse. L’Amérique Latine unifiée suit enfin les traces de Bolivar. Les pays asiatiques retrouvent les voies du taoïsme. La plupart des pays africains, suivant le modèle développé jadis par Thomas Sankara, achèvent leur décolonisation, exproprient les grandes multinationales, et proposent un modèle écologique et social fondé sur la paix entre ethnies et la sobriété heureuse. Et le Moyen-Orient s’est organisé selon le modèle développé dans le Kurdistan Syrien, ce qui a amené une paix que l’on peut espérer durable dans la région.
Ce monde actuel, c’est nous qui l’avons façonné, par nos luttes. Et il est magnifique. Ainsi que je l’écrivais il y a longtemps, en 2019 –je n’avais même pas encore trente ans ! : « Nous sommes vivants, parce que nous avons pour nous les armes de la solidarité, du partage, de l’écologie sociale, de l’autogestion, de la démocratie directe, de la grève générale, du municipalisme libertaire, de l’occupation, des comités de quartiers, des assemblées populaires, bref de tout ce qui nous aide à communier ensemble dans ce simple fait d’être en vie et de refuser la loi des morts, et de recréer autour de nous ce monde vivant qu’ils ont tâché de détruire. Nous sommes vivantes, vivants, et ils sont morts ».
Et c’est vrai. Ils sont bel et bien morts, désormais. Privés de tout pouvoir : ce qui, pour eux, signifie la mort.
Alors, pour célébrer cette date du 1er mai 2022, et du monde vivant qui est né alors, revenons sur le chemin parcouru. Salaire à vie, comités de quartiers, municipalisme libertaire, autosuffisance alimentaire et énergétique, décroissance, "communs"... Les sujets sur lesquels nous avons fait un gigantesque bond en avant sont nombreux. Et ça n'était pas si compliqué, au final.
Mais ça n'est pas encore assez. Car le feu de la révolution ne s'éteint jamais.
Salutations libertaires,
Macko Dràgàn
Ce texte est l’édito du prochain Mouais, journal niçois indépendant et autogéré, accessible sur mouais.org en accès libre & gratuit (mais il existe sur notre page un lien HelloAsso pour nous soutenir, car les temps sont durs…)
Ce numéro exceptionnel, à paraître le 1er mai, est particulier. Il nous vient de mai 2025. Une période dans laquelle notre société, suite à la prise de conscience post-covid, à l’effondrement du capitalisme et au renversement du régime macroniste, est désormais organisée selon les préceptes de l’écologie libertaire et de la démocratie directe. Le blog Médiapart de Mouais vous apprendra très bientôt comment nous sommes entrés en possession de ce document inédit.
Et je le mettrai en lien dans ce billet. Ici même : https://fr.calameo.com/read/006110248c246080b6403
Il décrit, par le menu, et sans nier les zones d’ombre, à quoi ressemble une société écologique, responsable, autonome, autogérée. Parce que nous ne sommes pas (que) des utopistes cinglés : le monde pour lequel nous nous battons est possible. A nous d'agir pour ce que futur existe.
Au programme : Balade dans Nice Autogérée / L’internet libre de 2025 : bye bye Google / Des balcons aux rues, l’espace public, richesse collective / Salaire à vie, bonheur à mort / Manifs du turfu : une lutte pour la construction / Libres du patriarcat / Le jour où la caissière à « su planter » le gestionnaire / Santa Capelina avec l’abbé Pierre et Emmaüs-Roya / Le milliardaire survivaliste / Mais aussi : frontières enfin ouvertes, prisons enfin fermées, police nulle part, justice partout… et autres joyeusetés ! Réalisé par toute l'équipe habituelle, avec les contraintes du confinement certes...
On se retrouve donc le 1er sur mouais.org, ou sur notre Facebook (pendant que Facebook existe encore…)