Vous souvenez-vous de ce temps d’avant le confinement ?
Moi, plus très bien, c’était il y a si longtemps. On allait moutonnement voter, puisque rien de suffisamment grave, nous disait-on, ne s’y opposait, les gilets jaunes giletjaunaient, des millions de français se mobilisaient pour défendre leurs retraites, les personnels de soin s’époumonaient en vain pour tenter de sauver l’hôpital public, les personnels de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) s’opposaient à l’arrivée d’une loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche qui promettait de poursuivre et d’aggraver le démantèlement de l’ESR public, bref, le gouvernement poursuivait benoitement son programme de libéralisation du service public dans la surdité et l’aveuglement béats et satisfaits de ceux qui jamais ne doutent du bien-fondé et du bienfait de leurs actions, cette attitude emblématique des prisons mentales (idéologiques, politiques, religieuses, etc.) qui, inéluctablement, mènent aux catastrophes les sociétés humaines depuis la nuit de temps.
La catastrophe est arrivée sous la forme d’une pandémie sur laquelle se sont fracassées les conséquences des politiques menées en France depuis une vingtaine d’années : hôpital public en berne incapable de prendre en charge de façon optimale le flux des malades, recherche fondamentale insuffisante pour avoir un temps d’avance dans la connaissance du SARS-CoV-2, loi de 2007 sur les menaces sanitaires de grande ampleur oubliée, stocks de masques volatilisés, déstructuration des services publics empêchant une coordination efficace dans toutes les étapes de la gestion de la crise, etc. (voir les billets précédent). La liste serait très, trop, longue, mais malheureusement moins longue que celle des victimes qui paient aujourd’hui de leur vie les conséquence directes ou indirectes de ces politiques.
Aujourd’hui, pour endiguer l’épidémie, nous sommes confinés et ne pouvons sortir qu’exceptionnellement à condition d’être munis de cette désormais fameuse attestation de déplacement dérogatoire. Nous sommes aujourd’hui en train de commencer à payer les conséquences désastreuses des politiques menées par nos gouvernements depuis plus de vingt ans, et la facture est salée : des milliers de vies humaines et sans doute à terme des centaines de milliards d’euros, plus que les sommes qui auraient été utiles pour éviter ou limiter la plupart des conséquences de cette crise (ce qui souligne l’absurdité y compris purement économique de ce genre de politique sitôt que l’on sort du court-terme). Alors, sans pousser trop loin l’analogie, on pourrait se dire que pour endiguer les effets néfastes des politiques de tels gouvernements, il serait sans doute fort sage de les confiner, et de ne les autoriser à gouverner que dans un cadre strictement limité par une autorisation idoine. Dans la poursuite de notre contribution à l’effort national de dé-questcequejemefaischierisation, voici donc, en manière de jeux, ce à quoi pourrait ressembler une attestation de gouvernement dérogatoire.
ATTESTATION DE GOUVERNEMENT DÉROGATOIRE
En application de l’article 3,1416 du décret du 1er avril 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face
à l’épidémie d’incompétence et de cynisme dans le cadre de l’état d’urgence économique et sociale en résultant
Je soussigné(e),
Mme/M. :
Né(e) le :
À :
Ministère d’affectation :
certifie que mon action gouvernementale est liée au motif suivant (cocher la case) autorisé par l’article 3,1416 du décret du 1er avril 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie d’incompétence et de cynisme dans le cadre de l’état d’urgence économique et sociale en résultant :
[ ] Actions gouvernementales indispensables à l’exercice d’activités ne pouvant être organisées sous forme de mise en concurrence ou de déplacements professionnels de sommes d’argent échappant à l’impôt, et ne pouvant être différés, tout particulièrement acquisition et gestion équitable et raisonnée de masques, soutien éclairé et non partisan à la recherche de remèdes contre le Covid-19, déploiement d’une capacité à tester à grande échelle, bref, tout ce qui existait et a été détruit.
[ ] Actions gouvernementales pour effectuer des acquisitions de compétences nécessaires à l’activité professionnelle et des acquisitions de première nécessité : sens de l’écoute, déconfinement idéologique, réelle capacité à se remettre en cause et à changer radicalement de politique, abandon des postures de façade et des annonces malhonnêtes faisant passer pour des ruptures ce qui est en fait une poursuite et une exacerbation de la politique menée jusqu’alors (par exemple Hôpital public, recherche), voire abandon du cynisme et de l’instrumentalisation de la crise pour mener à bien cette politique (49.3 pour les retraites par exemple).
[ ] Consultations et soins ne pouvant être assurés par les lois du marchés et ne pouvant être différés ; consultations et soins de l’hôpital public, de la recherche, des retraites, de l’assurance chômage, et généralement de l’ensemble des services public, atteints d'une affection de longue durée.
[ ] Actions gouvernementales pour l’assistance aux personnes vulnérables, tout particulièrement toutes celles pour lesquelles rien n’a été fait depuis trois ans. Donc pour toutes les personnes vulnérables.
[ ] Déplacements brefs, dans la limite d'une heure quotidienne et dans un rayon maximal d'un kilomètre autour des ministères, liés soit à l'activité physique individuelle des personnels des ministères, pour ré-oxygéner des cerveaux visiblement en hypoxie chronique, à l'exclusion de toute pratique de réflexion non-collective et de toute proximité avec des personnes du FMI, de l’OMC ou de toute entreprise financière, directe ou représentée par des lobbies, soit à la promenade avec des personnes normales et obligation de discussion avec elles pour comprendre la réalité des citoyens gouvernés, soit aux besoins des personnels de compagnie (tout particulièrement produits habituellement prohibés, en espérant que si ça leur met la tête à l’envers, les technocrates des ministères finiront peut-être enfin par réfléchir à l’endroit).
[ ] Convocation judiciaire.
[ ] Participation à des missions d’intérêt général sur demande des citoyens, ce qui, au demeurant, devrait être le cas de tout gouvernement.
Fait à :
Le : à h
(Date et heure de travail gouvernemental à mentionner obligatoirement)
Signature :
Un exercice du gouvernement sans cette attestation de gouvernement dérogatoire est passible d'une amende de 135 ans d'inéligibilité.