Ceci considéré comme une preuve de résistance à la pression terroriste, quasiment un courage.
L'attentat de Nice s'est produit au moment du feu d'artifice ; c'est d'une terrible ironie de rappeler que ces feux d'artifice étaient interdits dans le Var en raison des risques d'incendie, compte tenu du fort mistral...
Nous sommes coincés : d'une part, cette irrépressible tendance à notre "business as usual", ceci sur fond de délégation de la sûreté de tous à l'état d'urgence, via la police et l'armée ; d'autre part, ces moments terribles qui nous rappellent que la France est une cible privilégiées d'EI et de ses partisans, la France visée à travers ses "cibles molles".
Nous savons que ce processus de violence a commencé et durera des années, nous savons que l'on ne peut pas surveiller le territoire en entier, nous le savons. Mais nous continuons à faire comme si...
Au sujet des "cibles molles", voir ici le rapport Europol en janvier 2016.
Je discutais, il y a peu, avec un responsable institutionnel ayant participé à des réunions d'alerte : les cibles seront les lieux les plus "faciles" à atteindre, donc n'importe où, là où ce sera le plus aisé, par exemple les divers rassemblements populaires, les écoles etc...
Nous le savons mais ne voulons pas le considérer, nos habitudes de vie et de consommation sont trop ancrées pour souffrir d'être remises en question. Et à ce titre, on nous farcit la tête à longueur de semaines de la nécessité de fournir l'économie par nos dépenses tout azimut, je dirais qu'on est pris dans cette nasse, mollement acclimatés à l'idée que d'autres s'occupent de notre sécurité, disons de notre sécurité à vivre "as usual", consommer loisirs et produits divers comme toujours.
En novembre 2015, Erri de Luca* évoquait la nécessité du pays à réfléchir sur un forme de prise en chage de la sûreté par la société civile eux-mêmes (et pas du tout dans le sens classique et terrible de l'auto-défense milicienne), voici ce que j'en disais dans un billet en décembre 2015 (vous y trouverez l'article de De Luca).
* par ailleurs, Erri de Luca est contestable quant à ses positions sur la politique sécuritaire du gouvernement, lire ici (en février 2016).
Nous sommes témoins de plusieurs violences radicales : l'abandon terrible des migrants sur nos sols européens ou à nos frontières // les attaques terrifiantes de masse (à faibles moyens nécessaires et fort impact réel et symbolique). Et notre société continue de fonctionner comme un énorme bateau qui dérive sur son erre, occupée aux micro-disputes éléctorales, aux modes de vie de fêtes et consommation... avec des pics de compassion.
Il va de soi qu'il ne s'agit pas de réagir à chaud, de s'improviser Zorro, mais d'initier une réflexion collective sur les dangers en cours, sur nos aptitudes à en tenir compte, en mêmev temps qu' une réflexion sur nos capacités de ne céder ni au découragment ni à la contre-violence personnelle ou milicienne.