Dans son édition du 2 août, le Canard enchaîné rapporte que le Président de la République aurait qualifié de "connerie sans nom" la baisse de cinq euros par mois des APL annoncée par son gouvernement le 22 juillet dernier. Cette mesure en a effet largement contribué à démontrer que son gouvernement est bien le gouvernement des riches, par les riches, pour les riches.
Cet éclair de lucidité du chef de l’État ne devrait toutefois pas se limiter à cet excès de zèle des technocrates de Bercy, même s'il est bien placé, de par son parcours professionnel, pour apprécier la nocivité de leurs propositions (par exemple celles de la commission Attali dont il était le rapporteur).
Le gouvernement a choisi de donner une priorité absolue à la réduction du déficit budgétaire, et a engagé une politique d’austérité tous azimuts. Or selon une étude de trois économistes du FMI de juin 2016 (vous avez bien lu, du FMI !), « les politiques d’austérité (…) réduisent la demande et ainsi dégradent l’emploi. ».
La politique fiscale du gouvernement (exonération de l'ISF sur le patrimoine investi en valeurs mobilières, "flat tax" sur les revenus du capital) va bénéficier aux 1% les plus riches de nos compatriotes comme l'a montré une étude de l'OFCE de juillet 2017. La justification de cette politique se trouve dans la théorie du « ruissellement », selon laquelle l’enrichissement des plus riches profite au reste de la population. Or une autre étude d'économistes du FMI de juin 2015 met en pièces cette théorie et affirme que « si la part des revenus des 20 % les plus riches augmente, alors la croissance du PIB décline à moyen terme ».
Enfin, le gouvernement justifie la réforme du marché du travail par l'impact positif qu'aurait sur l'emploi une plus grande flexibilité (nom de code pour une plus grande facilité de licenciement). Or de nombreuses études, dont celle du Center for Economic and Policy Research de Washington montrent l’absence de corrélation entre le degré de rigidité du code du travail et le taux de chômage (voir ici pour plus de références).
C'est donc la politique économique du gouvernement dans son intégralité qui semble être une "connerie sans nom".
Vraiment ? Mais non, pas pour tout le monde ! Pas pour les cadres dirigeants des banques et des grandes entreprises qui ont généreusement financé la campagne du candidat Macron, et pas pour celles et ceux qui revendent leurs stock-options après avoir mis en œuvre un plan social qui a fait monter le cours de l'action, comme sa ministre du Travail.
Nous voilà rassurés !