Le Macronistan, comme tous les pays du monde, est touché par le réchauffement climatique et son agriculture intensive dominée par quelques groupes agro-industriels exportateurs se trouve donc en difficulté. Ces derniers sont à l’origine de projets de méga-bassines dans lesquelles sera stockée de l’eau prélevée dans les nappes phréatiques et les cours d’eau en hiver afin de pouvoir arroser les cultures pendant les périodes de sécheresse en été. Ces projets sont bien évidemment soutenus par le gouvernement du Macronistan, dont le ministère de l’Agriculture est entièrement au service de l’agro-industrie.
Les 29 et 30 octobre 2022, une manifestation était organisée par les opposants à ces projets sur le futur site de l’une de ces méga-bassines, qui servira à … douze grandes exploitations agricoles. Après avoir interdit la manifestation, le régime déploya 1500 robocops et 6 hélicoptères et la Milice nationale du Macronistan fit ce qui fait sa renommée dans le monde : tirs de grenades lacrymogènes, de grenades de désencerclement et de LBD, blessant une cinquantaine de manifestants, dont cinq durent être hospitalisés (voir ici). Pour faire bonne mesure, une députée d’un groupe d’opposition fut aussi tabassée. Ces gens sont encore tolérés dans la Chambre d’Enregistrement des lois mais il ne faudrait tout de même pas qu’ils abusent de cette tolérance du régime.
Jusqu’ici, rien de très original, diront les spécialistes de cette contrée. La Milice nationale est réputée être la plus violente de la région et une manifestation qui se termine par quelques dizaines de blessés, voire des mutilés, c’est la routine depuis que le Génie de la Somme (*) a pris le pouvoir en 2017. Ce qui est disruptif (comme disent les conseillers du Guide Suprême), ce sont les propos du ministre de l’Intérieur dénonçant « l'écoterrorisme » dont auraient fait preuve une partie des manifestants. Les folliculaires qui officient dans les gazettes de la Cour ont bien évidemment applaudi des deux mains tandis que les quelques journaux qui osent encore critiquer le régime qualifiaient de « dérapage » les propos du premier milicien du Macronistan.
Or le terrorisme est une notion très vague appliquée par les régimes autoritaires pour (dis)qualifier les actions des opposants qu’ils entendent mettre au pas. Ainsi, en novembre 2015, l’état d’urgence a été décrété après des attentats perpétrés dans la capitale du Macronistan. Ses dispositions ont été utilisées dès le mois de décembre pour interdire à des militants écologistes de manifester pendant la tenue d’une réunion des chefs d’Etat consacrés au réchauffement climatique.
Deux ans plus tard, la Chambre d’Enregistrement adoptait une loi transposant les dispositions de l’état d’urgence dans le droit commun. Non sans avoir fait preuve de créativité lexicale comme le fait de renommer « visite administrative » les perquisitions. Celles-ci, qui devaient auparavant être autorisées par un juge, relèvent depuis lors de l’autorité du préfet. Quand six miliciens armés jusqu’aux dents défoncent la porte d’un logement à 6h00 du matin, plaquent au sol et menottent ses occupants avant de les embarquer pour une garde à vue, ceux-ci sont pleinement rassurés à l’idée qu’il s’agissait d’une simple « visite ».
Plus récemment, ce sont des grévistes de l’entreprise assurant le transport de l’électricité qui ont reçu la « visite » … des services de renseignement du Macronistan. Ils ont été menottés devant leur famille avant d’être placés en garde à vue puis mis en examen.
Le tableau ne serait pas complet si l’on n’évoquait pas le sort des immigrés ou des réfugiés qui fuient la guerre ou la misère et essaient de rejoindre le Macronistan, qui fut il y a bien longtemps le pays des droits humains. Menant une politique dans l’intérêt exclusif des oligarques qui ont financé la carrière politique du Génie de la Somme, le régime a ses boucs émissaires qu’il désigne à la vindicte publique afin de faire diversion. Un teint basané suffit pour être considéré au mieux comme un délinquant, au pire comme un terroriste en puissance. Et si, en plus d'être basané, le malheureux fréquente la mosquée du coin ou la malheureuse porte un voile, l'affaire est entendue. Le ministre de l’Intérieur a déclaré qu’il entendait « rendre la vie impossible » à ceux qui n’ont pu obtenir un statut légal et font l’objet d’ordres d’expulsion. Et dans ce domaine, la Milice nationale a développé une expertise internationalement reconnue.
Dans cette lointaine contrée, il y a donc des « écoterroristes », des « syndicalo-terroristes », des « immigrés-terroristes ». Les ravis de la crèche qui se pâment d’admiration à la vue de l’Homme Fort du Macronistan n’ont pas encore compris que tout sujet du Génie de la Somme a vocation à être considéré comme terroriste dès lors qu’il manifesterait quelque velléité de remettre en cause l’ordre établi.

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(*) La Somme est un département du Nord du Macronistan qui est la terre d’origine de l’Homme Fort. Éblouis par le génie de leur Maître, ses affidés le surnomment affectueusement le « Génie de la Somme ».
Nous avions déjà publié plusieurs billets sur le Macronistan : voir ici la chronique précédente.