Le 13 juillet, s'exprimant lors d'une réception au ministère des Armées, le Président de la République déclarait:
Je considère, pour ma part, qu'il n'est pas digne d'étaler des débats sur la place publique (...) De mauvaises habitudes ont parfois été prises sur ces sujets, considérant qu'il devait en aller des armées comme il en va aujourd'hui de nombreux autres secteurs. Je le regrette. J'aime le sens du devoir, j'aime le sens de la réserve qui a tenu nos armées là où elles sont aujourd'hui. Et ce que j'ai parfois du mal à considérer dans certains secteurs, je l'admets encore moins quand il s'agit des armées.
De nombreux commentaires ont été publiés sur ces déclarations, qui font suite aux propos tenus par le chef d’état major des armées devant la commission de la défense de l’Assemblée Nationale (et non "sur la place publique"). Au-delà du camouflet infligé publiquement au général Pierre de Villiers (qui devrait normalement le conduire à démissionner), et de l’incohérence des choix budgétaires que cette affaire met en lumière (voir l'excellent article de Romaric Godin), ce qui retient mon attention est la dernière phrase de la citation.
En substance, Emmanuel Macron nous fait part de sa difficulté à tolérer l'expression d'opinions divergentes, et pas seulement dans l’Armée. En effet, c'est ce que nous avions cru remarquer... Et pourtant, tout est fait pour lui éviter de tels désagréments.
Les députés béni-oui-oui du groupe LREM sont en effet rompus à la marche au pas et au silence dans les rangs et l'ont brillamment démontré lors des débats sur la loi d'habilitation (voir ici). Le mouvement En Marche! est doté de statuts qui assurent son verrouillage par ces élus d'une docilité à toute épreuve (voir ici). Les journalistes sont soigneusement tenus à distance depuis son investiture pour éviter toute question gênante (voir ici). Et voila qu'un général ose exprimer son opposition aux coupes budgétaires devant la représentation nationale ! La Grande Muette n'aurait-elle donc pas encore compris que le phare de la pensée complexe ne saurait souffrir la moindre contradiction ? Et que l’Assemblée Nationale ne sert plus à rien sous le nouveau régime ?