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Billet de blog 18 septembre 2023

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Gouverner, c’est créer de nouveaux cours à l’école

Après la création de numéros verts, les consultants « disruptifs » du macronisme lancent une nouvelle mode. A chaque problème, un nouveau cours à l’école.

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C’est à Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des PME, que revient le mérite de cette innovation. Pour combattre l’inflation galopante des produits alimentaires, et  plutôt que de s’attaquer aux marges des industriels du secteur et de la grande distribution, la ministre a trouvé la solution : « Je crois aussi qu’il faut réapprendre à cuisiner des produits bruts, pour éviter d’acheter les produits "tout prêts", plus chers. Il faut que les cours de cuisine rentrent à l’école. » Heureusement qu’elle est là car les ménages qui sont contraints de sauter un repas (un ménage sur deux) n’y avaient sans doute pas pensé.

« Le jeune Gabriel », qui a enfin obtenu un gros os à ronger (comme aurait dit Jean Castex), a immédiatement renchéri. Le rectorat de l’académie de Versailles ayant envoyé un courrier menaçant de poursuites judiciaires les parents d’un élève faisant l’objet de harcèlement dans son établissement, il a dû réagir promptement à la suite du suicide de cet adolescent à Poissy. Rappelons au passage qu’Emmanuel Macron avait modifié en 2018 les règles de nomination des recteurs pour parachuter sa camarade de promotion de l’ENA Charline Avenel à la tête de l’académie de Versailles, poste pour lequel elle n’avait pour seule qualification que d’être bien en cours à l’Élysée (condition désormais nécessaire et suffisante pour une nomination dans la haute fonction publique). Pour faire diversion sur l’incurie de cette amie du Prince, partie pantoufler dans le privé il y a quelques semaines, Gabriel Attal a sorti une idée de son chapeau : annoncer la création d'« un cours d’empathie » à l’école. Quelques millions d’euros devraient permettre à McKinsey de nous pondre un PowerPoint sur le sujet.

Nous voilà donc dans une « nouvelle séquence » comme disent les communicants du macronisme. Dans la précédente, gouverner, c’était créer des numéros verts. Désormais, c’est créer un nouveau cours à l’école. On peut compter sur nos ministres et leurs conseillers-consultants pour faire preuve de créativité dans ce domaine.

La suppression des lignes de train un peu partout en France ? Un cours d’équitation donnera à notre jeunesse les moyens de s’en passer.

La disparition des bureaux de poste ? Pourquoi pas un cours de tam-tam pour apprendre à nos enfants à communiquer autrement ?

Les urgences au bord de l’effondrement ? Créons un cours de secourisme !

La pénurie d’eau potable ? Un cours d’œnologie y apportera une solution joignant l’utile à l’agréable.

La pénurie de logements abordables ? Rien de mieux qu'un cours pour apprendre à dresser une tente de camping.

Les vagues de chaleur dues au dérèglement climatique ? Rien de plus simple, il suffit de créer un cours pour apprendre à poser des stores, mesure phare du « plan chaleur » présenté par le ministre Christophe Béchu en juin dernier.

Le chômage ? Rien de plus efficace qu’un cours de rédaction de CV.

Le pouvoir d’achat qui baisse ? Créons un cours sur le travail du cuir pour apprendre aux futurs salariés à rajouter quelques trous à leur ceinture.

La pauvreté ? Brigitte Macron, la Marie-Antoinette de la « start-up nation », ne manquera pas de proposer un cours pour apprendre aux enfants qui n’ont pas de pain à faire des brioches. En uniforme, évidemment.

Vu le nombre de problèmes sociaux créés ou aggravés par ce gouvernement, il va falloir passer à la semaine de six jours dans les écoles. Une bonne nouvelle tout de même pour l’emploi du temps de nos enfants : il est inutile de créer un cours pour traiter le problème de la répression et des violences policières puisque celles-ci n’existent pas en France.

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