Le temps semble lointain où la Marie-Antoinette de la « start-up nation » se contentait de changer la vaisselle et la décoration de l’Elysée aux frais des contribuables. Ces dernières semaines, Madame s’exprime sur tous les sujets ou presque dans les médias détenus par les milliardaires qui bénéficient de la politique de Monsieur.
Ayant sous sa tutelle le falot Pap Ndiaye, celle qui se prend pour la ministre de l’Éducation nationale s’est exprimée en faveur du port de l’uniforme dans les écoles publiques le jour même où le RN proposait cette mesure à l’Assemblée Nationale. Monsieur a sans doute oublié de lui parler de cette fumeuse histoire de « barrage » à l’extrême-droite. Ancienne enseignante au lycée privé jésuite Saint-Louis-de-Gonzague (« Franklin ») dans le XVIe arrondissement, c’est forte de son expertise dans les méthodes pédagogiques qu’elle recommande aussi « de faire tous les jours une petite dictée ».
Madame, qui a pris sa retraite à 62 ans, a bien entendu son avis sur la réforme qui repoussera l’âge de départ à 64 ans. Interrogée sur TF1 par le très incisif Gilles Bouleau, elle déclarait : « J'ai envie de dire aux jeunes : ‘tout est fait pour que vous ayez une retraite’. » Son propos ayant suscité des réactions assez négatives, notamment de la part des intéressés, elle est revenue sur le sujet dans un entretien sur RTL : « Ce que je souhaite, c'est que les générations jeunes aient une retraite. » Madame est trop bonne !
Elle est également très satisfaite du système de santé. « Je veux me faire soigner ici (…) A chaque fois que je m'en vais, je dis : 'si je suis malade, ramenez-moi en France, je veux être soignée ici'. » Et en effet, aucun de ses proches n’a jamais eu à se plaindre de la qualité des soins à l’Hôpital du Val-de-Grâce ou à l’Hôpital Américain de Neuilly.
Toujours sur TF1, Madame exprimait sa confiance dans le bon peuple : « Les Français dans la difficulté ont toujours réagi positivement. » Pas toujours, nous semble-t-il. Quand ils n’avaient pas de pain et que la « première dame » de l’époque leur avait conseillé de manger de la brioche, cela s’était assez mal terminé pour elle. Manque de « pédagogie » peut-être ?
Enfin, Madame vante l'immense courage de Monsieur : « C’est impensable ce que fait Emmanuel dans une journée. Il ne dort pas beaucoup. » Et dire que les ouvriers qui s’esquintent la santé en exerçant des métiers pénibles ont le culot de demander à partir en retraite avant de mourir ! S'ils ont le dos cassé, qu'ils se présentent à la présidentielle ! Mais Madame a quand même de mauvais souvenirs. C’était fin 2018, pendant qu’elle faisait changer la moquette à l’Élysée et que les gilets jaunes manifestaient : « Mon pire souvenir, c'est très simple : c'est quand ils ont guillotiné mon mari sur des ronds-points. J'ai ressenti une peine infinie. » Rectifions : ce n’est qu’un pantin à l’effigie de Monsieur qui a été décapité par des gilets jaunes. Mais Madame est très sensible et on comprend que cela ait pu lui causer « une peine infinie ». S’agissant de Zineb Redouane ou de Cédric Chouviat, tués par la police de Monsieur, des dizaines de manifestants mutilés et des centaines de blessés graves, Madame a eu la pudeur de ne pas faire état de sa « peine ». Le sens de la retenue.
« J'ai plus tendance à regarder ce qu'on a que ce qu'on n'a pas » a conclu Madame Macron. Il nous semblait l’avoir remarqué. Marie-Antoinette aussi avait la même tendance.

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