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Billet de blog 21 avril 2023

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Chasse aux casseroles au Macronistan

Rassurons d’emblée le lecteur que ce titre pourrait inquiéter : les casseroles dont il est ici question ne sont pas celles que trainent les ministres nommés par l’Homme Fort de cette lointaine contrée.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pour bien comprendre ce qui se joue au Macronistan, un petit retour en arrière s’impose. Depuis sa prise du pouvoir en 2017, l’Homme Fort n’a eu de cesse de diminuer les impôts et les cotisations sociales des entreprises afin que celles-ci puissent distribuer de généreux dividendes à ses amis oligarques. Ces derniers en ont d’autant mieux profité que le gouvernement a réduit dans le même temps les impôts sur la fortune et sur les revenus du capital. Afin de compenser l’impact sur les finances publiques de ces mesures, l’Homme Fort décida que les salariés devraient travailler deux ans de plus. Il aurait préféré trois ans évidemment, mais dans son immense bonté, il se satisfit de deux. Faire travailler les pauvres pour gaver les riches, c’est ce que l’on nomme « la justice sociale » au Macronistan.

La réforme des retraites qu’il avait décidée fit l’objet d’un projet de loi que la Chambre d’Enregistrement examina dans les conditions habituelles, c’est-à-dire au pas de charge. L’Homme Fort ne goûte guère ces longs débats parlementaires, issus de traditions désuètes à ses yeux. A quoi bon débattre pendant des semaines puisqu’à la fin, ce sera ce qu’il a décidé au tout début. Quelle perte de temps !

Sauf que la plèbe continue de ne rien comprendre à cette réforme « juste et nécessaire ». Des manifestations comme le Macronistan n’en a pas connu depuis des décennies se succèdent depuis trois mois. La Milice Nationale a beau se montrer à la hauteur de sa réputation en arrêtant arbitrairement des manifestants, en les tabassant, en les gazant et en mutilant quelques-uns, rien n’y fait.

Il y a quelques jours, le Génie de la Somme (*), entendant démontrer son immense courage, a décidé d’aller au contact de la vile multitude, passant outre la répugnance qu’elle lui inspire. Enfin, c’est surtout la Milice Nationale qui va au contact et qui fait le vide autour des lieux visités par l’Homme Fort. Cela n’empêche pas les gueux, même tenus à distance par une armée de robocops, de lui faire subir outrage après outrage. En quelque coin du Macronistan qu’il se rende, il est désormais accueilli par des huées et des sifflets tandis que les miliciens qui le protègent sont sauvagement attaqués par des jets d’œufs. Pire encore, ces gens frustes ont remis au goût du jour une tradition qui remonte à la Monarchie de Juillet : les casserolades. Ils ignorent donc que « les œufs et les casseroles, c’est pour faire la cuisine » comme le leur a rappelé le Génie de la Somme avec sa bienveillance coutumière.

Fort heureusement, le corps préfectoral (qui fait la fierté du Macronistan) veille au grain. L’un de ses membres, y voyant l’occasion de plaire à son Maître en déplacement dans son département, a fait assaut de servilité en prenant un arrêté interdisant l’usage de « tous dispositifs sonores portatifs », en raison du « niveau maximal de menace terroriste ». On vit donc les miliciens du coin apporter leur contribution au rayonnement international du Génie de la Somme (lui aussi à son niveau maximal) en fouillant les sacs des manifestants et en saisissant ces armes de guerre prisées de tous les terroristes : les casseroles. Sans oublier les cuillères qui sont aux casseroles ce que les cartouches sont aux armes à feu.

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(*) La Somme est un département du Nord du Macronistan qui est la terre d’origine de l’Homme Fort. Éblouis par le génie de leur Maître, ses affidés le surnomment affectueusement le « Génie de la Somme ».

Nous avions déjà publié plusieurs billets sur le Macronistan : voir ici la chronique précédente.

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