Lors de son premier point presse tenu le 21 janvier 2017, Sean Spicer, porte-parole de la Maison Blanche, avait affirmé que la cérémonie d’investiture de Donald Trump avait attiré un nombre record de spectateurs alors que toutes les photos démontraient le contraire. Interrogée sur ce mensonge, la conseillère du président des Etats-Unis Kellyane Conway expliqua que le porte-parole de Trump n’avait pas menti mais qu’il avait présenté des « faits alternatifs ».
Si le mandat de Donald Trump a vu fleurir les « faits alternatifs » à tout propos, le Macronistan n’est pas en reste depuis la prise du pouvoir par le Génie de la Somme (*) en 2017. En effet, une telle percée conceptuelle ne pouvait pas ne pas séduire l’Homme Fort de ce pays. Ainsi, alors que la Milice nationale est considérée comme la plus violente de la région, il répondait à une interpellation sur ce sujet en mars 2019 de façon péremptoire : « Ne parlez pas de répression ou de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un État de droit. » Autrement dit : le Macronistan étant un État de droit et les violences policières étant incompatibles avec un État de droit, il ne peut donc pas y avoir de violences policières au Macronistan. Remarquable sophisme dont la proposition initiale est en elle-même un « fait alternatif » car l’État de droit n’est plus qu’une fiction dans ce pays.
L’épidémie de Covid-19 a aussi permis aux affidés du régime de faire preuve d’une admirable créativité dans la génération de « faits alternatifs ». Alors que le gouvernement ne disposait ni de masques pour la population ni de blouses de protections pour le personnel soignant, le ministre de la Santé affirmait le 18 février 2020 dès sa prise de fonction : « Je n’ai pas besoin de vérifier que [le Macronistan] soit prêt ; [le Macronistan] est prêt parce que nous avons un système de santé extrêmement solide ». Autrement dit : le Macronistan ayant un système de santé solide et un pays dont le système de santé est solide étant nécessairement prêt à faire face à une épidémie, le Macronistan était bien évidemment prêt. Nouveau sophisme dont la proposition initiale est également un « fait alternatif » car l'Homme Fort a œuvré méthodiquement à la démolition du système de santé depuis sa prise du pouvoir.
Interrogé sur les travaux de chercheurs qui, s’appuyant sur les études de victimation, affirment que la délinquance stagne au Macronistan depuis trente ans, le ministre de l’Intérieur balayait ces travaux d’un revers de main le 18 mai 2021 : « J’aime beaucoup les enquêtes de victimation et les experts médiatiques, mais je préfère le bon sens du boucher-charcutier de Tourcoing. ». Et le ministre d’appeler les différents observateurs …. à ne pas « nier le réel » dans leurs analyses. « Le réel », c’est donc le boucher-charcutier du coin qui en est le dépositaire grâce à son « bon sens ».
Plus récemment, une pédiatre réanimatrice d’un hôpital de la capitale alertait sur une situation intenable dans les urgences pédiatriques, contraignant son service à « trier nos enfants ». Bien que corroborée par de nombreux autres chefs de service, cette affirmation ne fut pas du goût du ministre de la Santé : « Je suis choqué par cette formule, c'est inadmissible (…) Je ne peux pas accepter de tels propos qui déforment la réalité (…) Soyons très clairs, on ne trie pas les enfants à l'hôpital.» Et le porte-parole du gouvernement s’empressa à la suite de présenter les « faits alternatifs » : « Le tri dans les hôpitaux n'existe pas, il y a une organisation des soins. »
Au Macronistan, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles depuis que la réalité n’existe plus.
Agrandissement : Illustration 1
Mes remerciements à Fred Sochard à qui j'ai emprunté ce dessin.
------------------------------------
(*) La Somme est un département du Nord du Macronistan qui est la terre d’origine de l’Homme Fort. Éblouis par le génie de leur Maître, ses affidés le surnomment affectueusement le « Génie de la Somme ».
Nous avions déjà publié plusieurs billets sur le Macronistan : voir ici la chronique précédente.