Qu’on se le dise : Karl Olive est un sensuel. Le voilà donc qui invite ses amis politiques à humer les senteurs bovines après avoir léché les bottes (ou bien …) du président de la République. Sans grand succès d’ailleurs, si ce n’est le hochet que le chef de l’État a remis à « son pote » et deux allers-retours à Doha dans l’avion présidentiel. Même Aurore Bergé a fini par obtenir son maroquin ! Et lui, toujours pas. Quelle ingratitude !
Pour les lecteurs du JDD, Karl Olive s’est découvert une tante bretonne qui lui aurait enseigné ce précepte empreint de « bon sens paysan » : « On ne se trompe jamais dans la vie quand on sent le cul des vaches. » Il parait que le président de la République « s’y est mis lui aussi ». On connaissait à M. Macron plus d’affinités avec le jet-ski qu’avec l'arrière-train des ruminants mais si son pote Karl le dit, c’est sans doute vrai.
Selon les gazettes de la Cour, cette tribune dans le JDD aurait déplu au président du groupe Renaissance qui menacerait de prendre des sanctions. Cette petite mise en scène a déjà servi après l’entretien de la sous-ministre Sabrina Agresti-Roubache au même journal. Attendons donc le prochain numéro du Canard Enchaîné qui nous apprendra sans doute que Karl Olive avait obtenu le feu vert du président avant de nous faire part de ses fantasmes olfactifs dans cet organe de presse nauséabond.
Notre ancien édile égrène ses formules favorites, celles qu’il a rodées sur les plateaux des chaines de désinformation où il passe le plus clair de son temps. D’abord, avant tout et à tout propos : « le terrain ». « Le terrain comme unique boussole », les « séquences terrain », les « réalités du terrain », « la démarche portée par le terrain », « les exemples venus du terrain », « les retours de terrain ». Sur les chaises des plateaux de télévision, Karl Olive saute comme un cabri en s'écriant : le terrain, le terrain, le terrain !
Le terrain ne serait rien sans le « pragmatisme » que les maires « cultivent en bandoulière (sic) ». Ils ne se contentent pas de le porter en bandoulière, ils le cultivent. Sur le terrain évidemment. Qu’est-ce donc que le pragmatisme selon Karl Olive ? C’est très simple : un maire pragmatique « ne se lève pas le matin en se demandant s’il va faire une politique de droite ou de gauche ». L'ancien maire de Poissy s’est levé un beau matin de février 2021 en annonçant qu’il allait suspendre les aides municipales aux familles de délinquants. Une politique ni de droite, ni de gauche mais tout simplement d’extrême-droite. Comme le JDD. La mesure a été retoquée par le tribunal administratif en mars 2023 mais pendant plusieurs jours, il était passé sur tous les plateaux télé et avait fait la Une des journaux. C'était là l'objectif : faire parler de lui. Quelqu'un qui l'a côtoyé dit de lui : « Il y a ceux qui savent faire et ceux qui font savoir. Karl Olive appartient à la deuxième catégorie. » La lumière des projecteurs des plateaux a sur lui le même effet que celle des lampadaires sur les papillons.
Pas de sortie médiatique de Karl Olive sans un couplet sur ces Français qui ont l’habitude de « se plaindre la bouche pleine ». Et sans dénoncer ces fainéants qui préfèrent « rester chez eux plutôt que d’aller travailler ». Ceux-là, il faut les « taper au portefeuille » comme aime à dire celui qui se proclame « darwiniste ». Pas le portefeuille des riches, n'ayez crainte. Celui des pauvres, et s’ils sont basanés, c’est encore mieux. Car ceux-là oublient qu’ils ont « des droits mais surtout des devoirs », une autre de ses formules fétiches. Les droits, c’est pour « ceux qui réussissent ». Les devoirs, c’est pour « ceux qui ne sont rien ». Le darwinisme social, une de ses valeurs actuelles.
Dans cette tribune, Karl Olive n’oublie pas de prêcher pour sa chapelle. Après qu’il a été élu à l’Assemblée Nationale, il a dû démissionner de son mandat de maire de Poissy et a adoubé son adjointe aux finances pour assurer l'intérim. Depuis, il n’a de cesse de vouloir faire voter la suppression du non-cumul des mandats. Dès septembre 2022, il a tenté de présenter une proposition de loi dans ce sens. Le groupe Renaissance l’a bloquée mais il revient régulièrement à la charge et Emmanuel Macron y serait favorable. « Servons la bonne cause et servons-nous. » Ce n’est pas la tante bretonne de Karl Olive qui le disait, c’est Benjamin Constant.
Enfin, il ne manque pas de se placer pour 2027. Et il a déjà choisi son cheval : ce sera Gérald Darmanin, « la boussole sociale et populaire du gouvernement » (!!!) Lui aussi aurait « l’habitude de sentir le cul des vaches depuis qu’il est devenu maire de Tourcoing ». Les vaches de Tourcoing, aussi réputées que celles de Poissy. Darmanin, cet ancien de l’Action Française qui trouve Marine Le Pen « un peu molle » sur l'islam et Giorgia Meloni « incapable » sur les immigrés, voilà qui ne peut que ravir le nouveau compagnon de route du JDD.
Pour enfin parvenir à ses fins - un strapontin au Conseil des ministres -, Karl Olive va de nouveau devoir exercer tous ses sens pendant quatre ans.

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Mes remerciements à Christian Creseveur à qui j'ai emprunté ce dessin.