Les festivités commencent dès ce soir avec un dîner de gala où seraient invités près de 500 convives parmi lesquels le président d’un pays qui massacre depuis 9 mois les habitants d’un territoire occupé depuis 55 ans. Ses mains couvertes de sang risquent de tacher la nappe mais son hôte affectionne la compagnie des bouchers.
D’après l’une des gazettes du royaume, le Premier ministre, brutalement tombé en disgrâce pour avoir laissé entrevoir son ambition de devenir calife à la suite du calife, ne serait pas invité à ce dîner. La Cour du Macronistan, c’est un peu comme les cours de récréation des écoles maternelles : « T’es plus mon copain, je t’inviterai pas à mon anniversaire, na ! ». C’est ce qui fait dire aux opposants du régime que son homme fort se comporte comme un enfant-roi.
Celui-ci a voulu une cérémonie d’ouverture grandiose qui sera selon lui « unique dans l’histoire ». Si les caprices du satrape n’ont pas de prix, elles ont un coût qui entrera lui aussi dans l’histoire puisqu’il serait d’au moins 122 millions d’euros, sans compter les dépenses liées à la sécurité. Mais quand l’enfant-roi aime, il ne compte pas. Ses sujets eux vont pouvoir compter le nombre de lits d’hôpitaux supprimés et le nombre de classes fermées pour régler l’ardoise.
Avant d’accueillir les visiteurs du monde entier, la capitale a été peu à peu transformée en une ville Potemkine. Le satrape a ordonné à sa milice de « nettoyer » la capitale où se dérouleront la cérémonie d’ouverture et de nombreuses compétitions. La nettoyer non pas des rats qui y pullulent mais des sans-abris qui vivent à la rue. Depuis sa prise de pouvoir, le nombre de personnes sans domicile fixe ne cesse d’augmenter et notamment le nombre d’enfants (+41% en un an selon les statistiques d’octobre 2023). La milice du Macronistan, réputée être l’une des plus violentes de la région, met les bouchées doubles afin de finir d’expulser ces pauvres gens. Dans la novlangue du régime, c’est ce que l’on appelle des « jeux inclusifs ». Plus de 12500 personnes ont été expulsées en un an afin que les visiteurs étrangers ne soient pas importunés par leur présence. D’autant que parmi eux, on trouve des réfugiés provenant d’Afghanistan, du Soudan ou du Sahel. Ceux que le gouvernement qualifie de profiteurs venus pour profiter des aides sociales voudraient de plus assister aux jeux du cirque. Intolérable !
La politique du satrape ayant consisté à puiser abondamment dans les caisses de l’État pour distribuer de l’argent aux oligarques qui le soutiennent, les services publics qui faisaient la fierté de ce pays au siècle dernier sont aujourd’hui dans un état profondément dégradé. C’est le cas des services d’urgence où il est désormais courant que des patients meurent sur des brancards dans les couloirs surchargés. Pour éviter que la mort d’un touriste étranger aux urgences ne fasse la une de la presse internationale, le régime a ouvert 1300 lits supplémentaires dans la capitale et sa région. Par quel miracle ? En déshabillant Pierre pour habiller Paul.
Depuis qu’il est arrivé au pouvoir, le satrape à la tête du Macronistan a progressivement transformé le pays en un État policier et les jeux du cirque lui donnent l’opportunité de tester et de déployer de nouveaux dispositifs de surveillance de la population : vidéosurveillance algorithmique dans les transports, usage immodéré de drones, restrictions d’accès aux zones situées à proximité des lieux où se tiendront la cérémonie d’ouverture et les compétitions. La capitale du pays est hérissée de barrières et est survolée en permanence par des hélicoptères. Il ne manque que les miradors.
Pour accéder aux zones « sécurisées », il faut obtenir un laissez-passer qui est délivré par le ministère de l’Intérieur après une enquête administrative. Les laissez-passer, c’est une tradition ancienne dans cette contrée. Dans les années 1940, le régime de l’époque en faisait aussi un grand usage. Le Macronistan se piquant d’être une « start-up nation », les QR-codes ont remplacé les ausweis et un site en ligne se substitue à la Kommandantur pour la délivrance des précieux sésames. La milice fait preuve de son zèle habituel pour les contrôles : malades ne pouvant accéder à un hôpital, familles essayant de rejoindre leur domicile en ayant omis de demander un ausweis pour leurs enfants en bas âge. Pendant la période du Covid, la presse étrangère avait qualifié le pays d’Absurdistan autoritaire : nul doute qu’il saura se montrer à la hauteur de sa réputation.
Que la fête commence !