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Billet de blog 1 septembre 2017

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Réforme du droit du travail : l'étonnante logique du Premier ministre

Le droit du travail n'est pas la première cause du chômage mais sa réforme est la première priorité du gouvernement pour le faire baisser. Cherchez l'erreur...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

S'exprimant à l'issue du séminaire gouvernemental du 28 août dernier, le Premier ministre Édouard Philippe indiquait que la réforme du droit du travail (pardon ... "le renforcement du dialogue social" dans la novlangue gouvernementale) avait pour objectif de « faire disparaitre le chômage de masse, qui reste une spécificité française » (voir ici).

Et voici qu'hier, lors de la présentation des ordonnances, il a affirmé ceci : « Nous savons que le droit du travail n’est pas la première cause du chômage en France, bien entendu » (voir ici).

C'est une affirmation aussi exacte qu’étonnante de sa part.

Exacte puisqu'une note de conjoncture de l'INSEE de juin 2017 montre que le droit du travail n'est pas, et de loin, le principal frein à l'embauche dans les entreprises françaises et que de nombreuses études établissent l'absence de corrélation entre le degré de "rigidité" du code du travail et le taux de chômage (on trouvera les références dans ce billet).

Étonnante, car si le droit du travail n'est pas la première cause du chômage, pourquoi sa réforme est-elle la priorité numéro 1 du gouvernement ? Pourquoi est-elle « la mère de toutes les réformes » selon Bruno Le Maire (discours à l'université d'été du MEDEF) ?

N’est-il pas plus urgent et plus efficace de s'attaquer aux causes principales du chômage ? Au hasard : la politique d’austérité budgétaire, la baisse de la part des salaires dans la répartition de la richesse produite, la baisse de la fiscalité sur les revenus les plus élevés et les grandes fortunes qui alimente les bulles financières, etc...

C'est bien que le but de cette réforme (qu'il convient d'appeler contre-réforme si les mots conservent un sens) n'est pas de faire baisser le chômage, ou plus précisément n'est pas de réduire la précarité et la pauvreté, celle des chômeurs comme celle des travailleurs précaires.

L'objectif est exactement l'inverse : il s'agit de forcer les chômeurs à devenir des travailleurs précaires (la réforme à venir de l'assurance chômage les y contraindra) et de faire baisser la masse salariale grâce à la pression exercée par la facilité et le moindre coût des licenciements (voir notamment cet excellent article du Monde Diplomatique sur le "modèle allemand"). Et, in fine, il est d'accroître encore les profits des grandes entreprises et des institutions financières ... dont les cadres dirigeants ont généreusement financé la campagne de leur candidat Emmanuel Macron.

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