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Billet de blog 27 décembre 2024

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Et il est où, le Nouveau Front Populaire ?

Dire, qu’il y a à peine quelques mois, ils avaient suscité l’espoir. Pourtant, le message sorti des urnes semblait assez clair. Interrogation perplexe d'un sympathisant et fidèle électeur de gauche.

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Dire, qu’il y a à peine quelques mois, ils avaient suscité l’espoir. Désormais, il y a de quoi désespérer à voir le spectacle qu’ils nous offrent. Ils ? Les “chefs” de partis de la gauche, toujours prêts à s’unir pour obtenir nos suffrages pour aussitôt s’invectiver une fois élu (lire par exemple ici : À défaut d’avoir une majorité, Emmanuel Macron réussit à diviser la gauche | Mediapart).

Pourtant, le message sorti des urnes semblait assez clair : « Non à Macron et l’extrême droite, oui à l’union des gauches, marre de vos divisions et vos calculs de boutiquiers ». Divine surprise, ce Nouveau Front Populaire (NFP) sortait même en tête des élections législatives.

Je me risquerai même à écrire qu’il y a, chez chaque électeur, une partie des idées de chacun des partis qui forme le NFP. De nombreux électeurs de gauche sont fatigués de choisir, simplement pour se compter, mais souhaitent voir leur représentant prendre les rênes du pouvoir et enfin appliquer un programme pour réparer la France que sept années de E. Macron ont tellement abîmé, sans compter F. Hollande et N. Sarkozy avant lui. La coopération de toutes les organisations est aussi une garantie solide qu’elles ne s’enferment pas dans leurs écueils : tracer sa route en solitaire à La France Insoumise (LFI), trahir à la première occasion au Parti Socialiste (PS), s’enfermer dans un combat de privilégiés chez les Écologistes et affirmation identitaire au PCF. Venant de la gauche qui prône la coopération plutôt que la compétition, la démarche devrait sembler évidente.

Souvenons-nous qu’en 2022, une grande majorité des électeurs de gauche ont voté pour Jean-Luc Mélenchon malgré une certaine rancœur, pour ne pas dire plus, à son encontre et qu’après la dissolution de 2024, nous avons tous largement joué le jeu et voté largement pour le NFP quel qu'en soient le représentant de la circonscription. Le ferons-nous aussi fortement et massivement la prochaine fois? Rien n’est moins sûr, s’ils continuent à mettre tant d’énergie à nous dégoûter de voter pour eux.

Alors que la censure du gouvernement M.Barnier et sa réplique version F.Bayrou aurait pu être le moment fort d’un NFP solide et solidaire, c’est plutôt l’inverse qui se produit. L’union de la gauche semble se disloquer sous nos yeux, alors qu’après sept ans de pouvoir, l’échec de la politique de Macron et ses affidés est patent. J’écrirai même triple échec.

Échec économique d’abord. La théorie du ruissellement, fondement idéologique du Macronisme, ne fonctionne pas. Malgré les 50 milliards d’euros annuels accordés aux plus riches et aux grandes entreprises, la croissance n’est pas au rendez-vous, le déficit se creuse, la pauvreté ne recule pas et les créations d’emplois ne sont pas au rendez-vous. Cette politique économique est un non-sens, cette évidence longuement répétée apparaît désormais au grand jour pour tous (lire ici : Bruno Le Maire, l’idéologue dont l’échec mène au désastre | Mediapart )

Échec politique ensuite : Macron prétendait se battre contre le RN, il en est devenu le marche pied. Cela a déjà été écrit à maintes reprises. Le déshonneur est désormais total puisque les élus macronistes préfèrent désormais s’allier à l’extrême droite qu’à la gauche.

Échec démocratique enfin : ceux qui se gaussent d’être les modérés, les raisonnables, les “démocrates face aux populistes” refusent aujourd’hui de lâcher le pouvoir malgré deux défaites consécutives aux élections. Ils sont la cause du blocage institutionnel, convaincus que leur politique est la seule possible. Tout est négociable pour eux, tant qu’ils gardent le pouvoir et qu’on ne touche pas à leur fondements économiques. Ils ne sont pas prêts à être minoritaires et encore moins à négocier avec d’autres forces politiques. Sinistre vision de la démocratie.

En face, le RN perd peu à peu en crédibilité. Il se révèle incapable de tenir son soi-disant “vernis social” qui craquelle pour révéler sa véritable orientation libérale (lire ici : Budget 2025 : l’imposture sociale du RN se révèle au grand jour - L'Humanité ). Les élections de 2024 l’ont montré : une large majorité de français ne veut pas de l’extrême droite.

Face à deux adversaires décrédibilisés, il y a un espace pour relever la tête, montrer une voie pour le pays, être fier de son identité politique. Encore faudrait-il ne pas se moquer des électeurs après chaque élection, ne pas chercher à chaque fois à se compter les uns par rapport aux autres. Aujourd’hui le NFP n’est pas majoritaire. Mais un tiers des voix et des sièges à l’assemblée, c’est une base solide quand on se souvient de 2017 (11% des sièges). Pour aller plus loin, il s’agit évidemment de s’appuyer sur nos forces : les quartiers populaires, la jeunesse, les classes moyennes supérieures attachées aux services publics, les outre-mer.. et d’aller chercher tous ceux qu’il nous manquent : les abstentionnistes, les retraités, les classes moyennes inférieures… “Additionner sans soustraire” comme l’écrivait François Ruffin version 2022 dans “Je vous écris du front de la somme” (lire ici).

Pour faire le lien entre les partis et les électeurs, nous avons aussi grand besoin de corps intermédiaires, de médias, d’associations, de syndicats, d’initiatives qui fassent vivre le front social et politique au quotidien. C’est une condition essentielle à la fois pour maintenir une pression sur les partis politiques et en même temps pour disposer de solides relais dans l’ensemble de la société. D’où la réponse à la question initiale : le nouveau front populaire devrait davantage être présent davantage dans chaque ville, chaque quartier, chaque village… Il apparaît nécessaire de le faire vivre au quotidien au plus près des électeurs et des acteurs de terrain, autour de mot d’ordre simple : des services publics partout pour réparer les fractures du pays (le capital de ceux qui n’en ont pas), un travail sain et rémunérateur pour tous... L’appel de Lucie Castets et Marine Tondelier (https://www.gagnons-ensemble.fr/) semble aller dans ce sens, en espérant que ce ne soit pas une nouvelle impasse comme le fut à son époque la Primaire Populaire.

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