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Billet de blog 27 janv. 2023

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Moi, végane, écolo et fatiguée – 4. santé !

Les véganes sont-ils carencés, pâles et chauves ? Ou au contraire le véganisme vous permettra-t-il de rajeunir de 10 ans ? C'est à ces clichés / arguments anti- ou pro-véganisme que ce billet s'attaque.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce billet fait suite à celui-ci.
Le suivant est .

Voici le premier billet parmi ceux qui seront consacrés à aux arguments pro et anti-véganisme. Je m'attaque ici à la santé qui fait partie tant des clichés anti-véganes que de la propagande pro-végane. En effet, si l'on fait un tour sur les réseaux sociaux, on trouvera toujours les mêmes arguments qui tournent en boucle.


Côté omnivore, on va prétendre que les véganes sont tous pâles, carencés, faibles, qu’ils perdent leurs cheveux et leurs dents, on va tirer la sonnette d’alarme sur les phyto-oestrogènes du soja et les pesticides des végétaux ; certains affirmeront que c’est impossible d’être végane et en bonne santé car ils ont essayé et ça les a flingués, ou alors ils auront sous la main l’une des vidéos ou témoignages que l’on peut trouver en tapant « why I’m no longer a vegan » sur un moteur de recherche. Et en tout cas, pour ceux qui y arrivent, c’est au prix d’une surveillance médicale de tous les instants et de supplémentations qui coûtent cher à la société.

Côté végane, on va prétendre que l’alimentation végétale est garante d’une santé éclatante, que manger végétal rajeunit de 10 ans et en rajoute autant à l’espérance de vie, qu’on évitera ainsi des cancers colorectaux et autres joyeusetés, on va alerter sur les hormones et les antibiotiques dans le lait, affirmer que si vous avez essayé et échoué c’est que vous vous y êtes mal pris ou que vous mentez, et certains dégaineront les noms de grands sportifs végétaliens (il y en a beaucoup) ou sortiront le joker spécial-muscles : Patrik Baboumian, homme le plus fort du monde de l’année 2011. On admettra en général la nécessité de la supplémentation nécessaire en B12 mais on parlera aussitôt des animaux-emballages et des carences des omnivores.

Un partout, la balle au centre.

Alors bon, qui a raison dans tout ça ? Je casse le suspense tout de suite : de mon point de vue, personne.

Tout d’abord, ici on ne parle que d’alimentation. Je ne pense pas que quiconque, d’un côté comme de l’autre, défende l’idée que porter de la laine serait particulièrement bon ou mauvais pour la santé, ni qu’utiliser des produits testés sur les animaux provoquerait des problèmes dermatologiques ou au contraire les ferait disparaître par rapport à leurs homologues labellisés « vegan ».


En réalité on parle végétalisme quand on parle de santé individuelle, végétalisme qui ne fait pas toujours partie du « package végane » comme je l’ai expliqué dans le billet précédent même si c’est le cas pour la grande majorité des gens.

Donc parlons végétalisme et santé.

Pour ce faire je vais m'appuyer sur mon parcours personnel.
Question santé, où en étais-je pendant mes 36 années d’omnivorisme, mes quelques mois de végétarisme, puis mes 8 ans de végétalisme strict, et enfin les 4 dernières années à être végane-qui-mange-les-œufs-de-ses-poules, ce qui correspond du point de vue alimentaire à l’ovo-végétarisme ?

Période omnivore

Je n’ai pas eu de problèmes particuliers pendant mes 20 premières années de vie, à part une dysplasie des hanches congénitale, quelques accidents de sport dont les conséquences se font encore sentir aujourd’hui et des problèmes digestifs de temps en temps.

Ensuite une méchante tachycardie a fait son apparition, due à une carence en magnésium. Mon médecin de l’époque a mis 10 mois à en trouver la cause : entre-temps il m’a mise sous béta-bloquants qui me provoquaient des chutes de tension, donc il m’a prescrit en même temps un hypertenseur qui m’a déclenché des allergies, donc en prime j’ai pris un anti-histaminique… Sans commentaires. Je continuerai à expérimenter des chutes de tension pendant encore 2 ans après la fin du traitement. Tout ça pour une bête carence en magnésium. Il m’a donné des cachets, je les ai pris. Aucune question, aucun conseil quant à ma façon de m’alimenter (j’étais omnivore mais je ne mangeais pas tous les jours à l’époque, et clairement pas sainement du tout).

Quelques années plus tard, suite à un évènement particulier je deviens asthmatique mais j’arrive à gérer avec simplement de la Ventoline quand ça ne va pas. En revanche mes problèmes digestifs montent petit à petit en puissance et j’ai des crises plusieurs fois par semaine, jusqu’à tomber dans les pommes de douleur un beau jour. Un autre médecin me parle de spasmophilie intestinale et me met sous Débridat en cas de crise. Ce n’est pas parfait mais ça me soulage beaucoup. Alléluia. Ce médecin est mon héros.
Lui non plus ne me parlera jamais de mon alimentation (omnivore tendance un peu plus saine à ce moment-là).

Les années passent et vers 2003 mon asthme s’aggrave : la Ventoline ne suffit plus. Après plusieurs hospitalisations, je dois prendre des corticoïdes matin et soir, tous les jours, à vie. Ils me flingueront les cordes vocales, je ne chanterai plus jamais. Quelques années plus tard, pendant ma grossesse, ne trouvant pas de données sur les éventuels effets de ce médicament sur le fœtus, je tente de diminuer les doses. Impossible de supprimer ne serait-ce qu’une bouffée sur les 4.
Pour l’asthme non plus, on ne mentionnera jamais l’alimentation (omnivore plutôt saine à cette période).

Quand je deviens végétarienne 3 ans plus tard, j’en suis là. Asthmatique, sous traitement 2 fois par jour. Système immunitaire à la ramasse, je chope tout ce qui traîne et le moindre rhume dégénère en bronchite : je double alors les doses de corticoïdes, je double la Ventoline, je prends des tas de trucs en plus pour me vider les poumons mais malgré tout je passe des nuits assise et des semaines à tousser. 2-3 semaines de répit et hop, c’est reparti pour un tour.

Niveau spasmophilie intestinale, je ne sors jamais sans mon Débridat dans la poche.

Niveau articulations, c’est pas terrible mais c’est de famille. Je sors d’une capsulite à l’épaule, j’ai de multiples tendinites au compteur, le dos en vrac et les hanches qui craquent (et la rate, qui s’déboîte).

Bon, la plupart du temps ça ne se voit pas, hein, à part pour l’asthme. J'étais quelqu'un de normal (plus ou moins), qui vivait normalement.

Période végétarienne

Donc je deviens végétarienne par éthique, sans rien en attendre au niveau de la santé. Je n’ai pas eu le temps de me renseigner sur ce sujet d’ailleurs, ce n’est vraiment pas la question pour moi. Côté alimentation finalement, je ne mange plus de viande ni de poisson mais je n’en mangeais pas tous les jours non plus et le changement n’est pas drastique. Je fais des essais de recettes, je m’amuse bien, je prends même quelques kilos par gourmandise.

Au cours des semaines qui suivent, sans vraiment faire le lien, je vois mes crises de spasmophilie intestinale s’espacer. Au lieu de 3 à 4 par semaine minimum, j’en aurai 2 en tout et pour tout au cours de mes quelques mois de végétarisme.

Période végétalienne

Puis arrive le végétalisme. Je n’aurai plus jamais la moindre crise, pas une seule en 12 ans. Après quelques mois, je constate que je ne tombe plus tout le temps malade. Et même, en réalité, je n’attrape quasiment plus rien à part un pauvre rhume à l’automne, qui passe en quelques jours. Du coup j’essaye de réduire mon traitement aux corticoïdes, quart par quart. Tout se passe bien, mais le dernier quart résiste. Une éviction temporaire du gluten en viendra à bout (après 2 ans j’ai réintroduit le gluten, mais je cuisine tout à l’épeautre dorénavant).
Ça fait déjà 2 maladies chroniques qui ont disparu ou quasiment (je reste asthmatique mais je n’ai plus besoin de traitement, même pour mon rhume annuel). Et puis je constate d’autres choses étranges : la peau rugueuse derrière les bras, que j’avais depuis toujours, elle a disparu (enfin non, elle est toujours là heureusement mais elle n’est plus rugueuse, vous aviez compris). Je cicatrisais très mal depuis quelques années, mais vraiment très mal : quand je me coupe un bout du pouce l’année suivante, je suis éberluée de la vitesse à laquelle ça repousse alors que je m’attendais à en avoir pour des mois. En discutant avec un copain, omnivore mais qui a aussi viré les produits laitiers pour sa maladie de Crohn, on se rend compte que lui aussi a vu cette amélioration sans trop savoir à quoi elle est due. Un ostéopathe me confirmera plus tard que oui, c’est lié. Encore autre chose, mon odeur corporelle s’est grandement améliorée. Pourtant à l’époque je suis sur un chantier de construction tous les jours et toute la journée, je ne me douche pas tous les jours loin de là et je n’ai pas toujours de vêtements de rechange mais franchement, si je ne sens pas la rose je ne sens pas le putois non plus.


En furetant un peu pour essayer de comprendre, je tombe sur une information qui aurait été une évidence pour les médecins s’ils avaient été formés en nutrition, au moins ceux qui m’ont suivie pour mes problèmes intestinaux : je suis intolérante au lactose, comme beaucoup (17 % dans le Nord de la France, 65 % dans le Sud). Et beaucoup de mes problèmes désormais aux abonnés absents étaient liés à, ou aggravés par ça.

Quand je pense au nombre de médocs (dont certains contenant du lactose) que j’ai avalés... pour rien en fait. Mais bon, ce n’est pas le sujet.

Mais alors, me direz-vous : c’est vrai que l’alimentation végétale, ça fait des miracles !

Mais oui ! D’ailleurs si ça vous intéresse je vends un livre de recettes, un programme de coaching et des extracteurs de jus… Non, je rigole.

Ça peut. Ça en a fait sur moi, clairement. Mais était-ce vraiment le végétalisme le responsable ?

Végétalisme = régime miracle ?

Depuis 4 ans que je mange des œufs, aucun de mes problèmes précédents n’a réapparu. Et si j’avais continué à consommer de temps en temps des produits laitiers pauvres en lactose comme certains fromages, du beurre ou du « vieux » yaourt, ça aurait probablement fonctionné aussi. Peut-être que si 3 fois par an je mangeais une de mes poules, ça ne changerait rien non plus à ma santé (par contre pour celle de la poule… on est d’accord).

Bref, dans mon cas ce n’est pas à proprement le végétalisme qui m’a requinquée. C’est l’arrêt des produits laitiers + l’éviction du gluten pendant un temps, et sans doute aussi au moins l’élimination des produits carnés, ou en tout cas d’un certain type de produit carné (peut-être la charcuterie, ou la viande rouge…) puisque j’avais déjà constaté quelques améliorations pendant ma phase de végétarisme.

Et donc j’étais intolérante au lactose. On est certes nombreux dans ce cas mais encore plus nombreux dans l’autre et pour les tolérants au lactose, manger du fromage de temps en temps ne leur causera probablement aucun souci.

Petite parenthèse sur le lait

Les véganes ont raison sur ce sujet : oui, boire du lait quand on est adulte, et a fortiori du lait d’une autre espèce si différente, c'est-à-dire un produit destiné à faire grandir et grossir des petits mammifères… si on est honnête avec soi-même il faut reconnaître que c’est quand même carrément bizarre, non ? On ne parle pas d’éthique, là, mais de besoins physiologiques.
Si vous ne vous êtes jamais posé la question vous serez peut-être tenté de l’évacuer d’un haussement d’épaules comme je l’ai fait la première fois que je suis tombée sur la phrase « le lait, c’est pour les veaux », mais arrêtez-vous deux minutes là-dessus s’il vous plaît et réfléchissez-y.

Le lait maternel est produit par une mammifère femelle pour son ou ses petits. Dans la nature, une fois que ces derniers ont grandi, ils ne tètent plus, la femelle se tarit et la période de reproduction peut repartir.
Donc oui, c’est bizarre pour une personne humaine adulte de boire un produit fabriqué pour faire grandir des veaux.

D’ailleurs si on regarde un peu ce qui se passe dans la nature, contrairement au miel et aux œufs qui se font allègrement boulotter par tout un tas d’autres animaux, pour le lait on est les seuls à faire ça (non, les fourmis et les pucerons, c’est autre chose).


Mais bon, on le fait depuis longtemps et finalement ça me semble bien plus bizarre de devoir acheter sa nourriture ou payer pour un toit au-dessus de sa tête (et ça aussi, on est les seuls à le faire).

Et puis là on parle de santé et rien que de santé. Le fait que l’intolérance au lactose une fois adulte soit notre état d’origine et que la tolérance chez certains soit due à une mutation qui remonterait à quelque part pendant le néolithique, ça ne confère en aucun cas une sorte d’aura de pureté ou de supériorité au végétalisme ni à ceux qui ont gardé les vieux gènes tout moisis de leurs ancêtres. Tant mieux pour ceux qui l’ont, cette mutation : c’est toujours préférable de pouvoir consommer une grande variété d’aliments sans être patraque ensuite. J’aurais bien préféré l’avoir moi aussi et gagner des années de tranquillité, ce qui ne m’aurait aucunement empêchée de devenir végétalienne par ailleurs et pour exactement les mêmes raisons que celles qui étaient les miennes il y a 12 ans.

Fin de la parenthèse.

Aujourd'hui...

Bon, et aujourd’hui alors ? Eh bien mon système immunitaire reboosté et vacciné ne m’a pas empêchée de choper le covid il y a pile un an : je ne l’ai pas eu très fort mais je suis en covid long depuis avec tout un panel de symptômes variés… Bref, la santé a déjà été meilleure même s’il y a bien pire que moi dans les « covid longs » et que je commence à entrevoir une amélioration sur certains points. Par contre mes anciens problèmes n’ont pas réapparu à part l’asthme un chouia plus présent (j’ai même dû reprendre des corticoïdes pendant 2 semaines à la fin de l’automne dernier).
Les articulations vont toujours mal, rien de changé de ce côté-là.

Voilà pour mon cas. Je le trouve intéressant, pas parce qu’il s’agit de moi mais parce que assez longtemps, en toute bonne foi car j'en étais convaincue, j’ai clamé que c’était le végétalisme qui m’avait guérie.

Preuves et non-preuves

Je n’hésite d’ailleurs pas à sortir mon expérience personnelle pour contrer l’argument des carences, de l’impossibilité de vivre avec un régime végétalien, de la perte des cheveux, de la faiblesse, de la maigreur ou autre. Parce que oui, moi et plein d’autres dans mon cas, on constitue à nous tous une preuve que c’est tout à fait possible d’être végétalien et en bonne santé. Et il y a plein, mais vraiment plein d’études qui vont dans ce sens, entre les bienfaits des végétaux (non traités et non transformés de préférence) et les méfaits de la surconsommation de produits carnés et laitiers.

En revanche, même si notre santé pour certains s’est drastiquement améliorée en passant au végétalisme, ça ne constitue pas une preuve que le végétalisme est meilleur pour la santé. Ça prouve juste que notre végétalisme actuel est meilleur pour nous que notre ancien omnivorisme, ce qui est bien différent.
Et je doute fort qu’un végétalien qui se nourrit de plats industriels soit en meilleure santé qu’un omnivore qui consomme un peu de viande, d’oeufs et de produits laitiers de qualité.

Tous végétaliens ?

Maintenant, que penser des gens qui ont essayé le végéta*isme et ne l’ont pas supporté ? Les véganes en général sont prompts à les accuser de ne pas avoir su s’y prendre car de leur point de vue, tout le monde peut devenir végétalien.
Pour certains, c’est vrai. D’ailleurs la fameuse recherche « Why I’m no longer a vegan » ramène de ces cas… La pharmacienne crudivore en régime dissocié qui a finit par renoncer au bout de 7 ans parce qu’elle perdait ses cheveux, elle existe vraiment. Mais ce n’est pas, vraiment pas, un exemple de végétalisme sain et équilibré.

Pour d’autres, c’est la transition qui aura été trop brutale, et après 2 semaines à se sentir fatigués ils ont abandonné. À ce propos je ferai sans doute un billet spécialement consacré à l'affirmation « 84 % de véganes abandonnent leur régime alimentaire » qui circule pas mal ces temps-ci.

Pour un intolérant au lactose qui s'ignore et qui, en devenant végétarien, compense l'arrêt de la viande ou du poisson par une augmentation de la consommation de produits laitiers, cela peut également poser certains problèmes et entraîner un retour au régime omnivore.

Pour d’autres, eh bien ils avaient sans doute des particularités qui ont fait que le régime végétalien classique n’était pas pour eux. Peut-être qu’en cherchant un peu, ils auraient pu trouver une solution.

Mais pour d’autres… Si on met un Inuit au régime végétalien, par exemple, je ne suis pas sûre qu’il pète la forme à court, moyen ou long terme. Alors certes, les Inuits ne courent pas les rues dans nos contrées mais de mon point de vue on est tous différents et il existe très probablement des gens qui ont réellement besoin de produits animaux pour être en forme. Ça ne veut pas forcément dire qu’ils ne pourraient pas vivre sans, mais qu’ils vivraient peut-être moins bien. Un tas de gens ont survécu à des disettes en ne mangeant que des patates, mais une monodiète de pommes de terre n’est pas pour autant conseillée pour être en bonne santé.

J'en profite également pour indiquer que les œufs et certains fromages sont des alliés précieux dans l'alimentation de mon mari, diabétique de type 2 depuis une dizaine d'années. Cela fait quelques mois qu'on a décidé de résister à l'accumulation de médicaments qu'on lui prescrivait et qu'on a réajusté son alimentation. On en est pour le moment à 2 des 3 prises quotidiennes concernant le diabète supprimées, et ses glycémies ne sont pas pires qu'avant.
Il faut reconnaître que pour quelqu'un qui souhaite réduire sa consommation de glucides, les œufs, riches en protéines et lipides, pauvres en glucides, sont assez fantastiques. Idem pour les produits laitiers pauvres en lactose, et la viande et le poisson pour les non-végétariens (mais toutes et tous ne sont pas conseillés pour les diabétiques). Côté alimentation végétale, on ne trouvera guère que le seitan et le tofu qui soient comparables d'un point de vue nutritionnel, même si la richesse en fibres des végétaux compense en partie leur apport supérieur en glucides.
Ah... je ne peux m'empêcher de témoigner que depuis 10 ans que son diabète a été diagnostiqué, diabète plutôt modéré quand je vois les analyses des participants à un groupe que je fréquente sur fb, mon mari a été suivi par au moins 4 ou 5 médecins. Aucun ne lui a jamais parlé d'alimentation, aucun ne l'a orienté vers un diététicien ou un nutritionniste, non, on lui a donné des cachetons et seulement des cachetons.
Oui, je sais, ce n'est pas le sujet du jour mais qu'est-ce que ça m'énerve…

Conclusion sur la santé individuelle et le végétalisme

Je ne vais pas donner un cours de nutrition, ni parler des protéines, du fer ou tout le bataclan : ce n’était pas le but de ce billet. Chacun peut chercher les informations qui vont bien.

Et la B12 alors ? Parce que oui, le consensus est qu’on peut être végétalien et en bonne santé à condition de se supplémenter en B12.
Comme c’est un sujet complexe je ne vais pas en parler ici mais je consacrerai l’un des prochains billets rien qu’à cette petite vitamine qui provoque tant de débats enflammés.

Sur ce que serait le régime idéal (si tant est qu'il existe), je me contenterai de remarquer que dans les endroits du monde où l’on vit le plus vieux et en bonne santé, ce qu’on appelle les « zones bleues », on trouve de fortes convergences au niveau de l’alimentation : beaucoup de produits végétaux cultivés sur place, un peu d’animaux (viande, poisson et/ou produits laitiers), produits sur place également, pas de produits industriels.
Et puis un mode de vie qui n’a rien à voir avec le nôtre.

Si je résume, voici mon avis perso sur l'alimentation et la santé.

La viande est-elle indispensable, même en petite quantité ? Probablement pas pour la plupart des gens. Je pense que quasiment tous ceux qui lisent ce billet pourraient devenir végétariens sans aucune conséquence néfaste sur leur santé.

Les œufs et les produits laitiers ? Pareil, et pour les produits laitiers, beaucoup se porteraient sans doute mieux sans, ou en tout cas sans ceux qui contiennent du lactose. Ce n’est pas le seul problème causé par le lait, remarquez, mais à part pour les allergiques et les intolérants, une consommation modérée de produits de qualité est probablement tout à fait bonne pour vous.

Le régime végétalien permet-il de vivre en bonne santé ? Pour pas mal de monde et si vous ne mangez pas n’importe quoi, oui. On peut se nourrir d’oreo et de chips, c’est végétalien mais pas sûre que votre corps apprécie beaucoup.

Faut-il être suivi par 40 médecins différents quand on est végétalien ? Non.

Le régime végétalien est-il la panacée ? Non plus.

Quel rapport entre véganisme et santé individuelle ? Aucun, ni dans un sens ni dans l’autre.

En revanche, si on dézoome un peu les véganes n'ont pas tort sur un point, pourtant rarement avancé dans les discussions, à savoir celui de la santé publique.

Véganisme et zoonoses

L'élevage favorise l'émergence de zoonoses, c'est un phénomène bien connu. Et ça ne date pas d'hier : les premières zoonoses se seraient manifestées dès les débuts de la sédentarisation des humains et de la domestication des animaux. Bien plus tard, l'intensification de l'élevage et les marchés d'animaux vivants n'ont rien arrangé à l'affaire, ni les phénomènes d'antibiorésistance dus essentiellement aux pratiques de l'élevage industriel (et aussi dans une moindre mesure à celles de la médecine).

D'après la fiche Wikipédia sur le sujet, au début des années 2000, une nouvelle maladie émergente est découverte tous les 14 à 16 mois (contre une tous les 10 à 15 ans dans les années 1970). Cette augmentation s'explique par une veille épidémiologique plus intense, mais aussi par une aggravation des conditions favorisant ces émergences.

Selon les institutions internationales, 60 % des maladies infectieuses décrites chez l'humain sont d’origine animale. C'est également le cas de 75 % des maladies humaines émergentes. Enfin, 80 % des pathogènes utilisables pour le bioterrorisme proviendraient de réservoirs animaux. Les alertes de santé publique du début du XXIe siècle ont révélé comment un événement sanitaire à point de départ animal pouvait constituer une menace pour la santé publique, l’économie mondiale, l’environnement et les sociétés. 

Pas bien réjouissant, tout ça.
En ce qui concerne l'antibiorésistance, elle est due à des pratiques particulières : elle n'est pas intrinsèque à l'élevage en lui-même. Les zoonoses en revanche sont bel et bien comprises dans le package « domestication des animaux », que ce soit pour les manger ou non.

Reconnaissons donc que sur le sujet des zoonoses, un monde végane (et non uniquement végétalien qui pourrait tout à fait continuer l'élevage pour d'autres buts qu'alimentaire) apporterait sans doute une amélioration notable à la situation actuelle, même si d'autres solutions existent (le mode de vie chasseur-cueilleur ne provoquait pas ce genre de problèmes bien que non végane, par exemple).

Ce tour d'horizon du lien entre véganisme et santé s'achève ici. Le débat reste bien entendu ouvert dans les commentaires.

Le prochain billet quant à lui devrait être consacré à un sujet tout aussi clivant mais encore plus épineux : véganisme et écologie.

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