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Billet de blog 20 février 2022

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Droite et gauche. Y-a-til encore una distinction en Italie?

Comment une organisation catholique très sérieuse et rigoureuse, comparable d'un certains facon à l'Opus Dei, avec une vision très traditionaliste de la société et donc proche des partis et des politiciens de droite, était passée au soutien de politiciens de gauche sans changer d'un iota sa vision de la société.

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Y-a-til encore une différence entre la gauche et la droite en italie? A cette question cherche de trouver une réponse partielle le numéro neuf de l'hebdomadaire L'Espresso du 1er mars 2012, intitulé "Communion et Spéculation". 
Le titre faisait référence à une enquête sur l'organisation de lobbying d'inspiration catholique Comunione e Liberazione
Ne l'enquete, les journalistes ont montré comment une organisation catholique très sérieuse et rigoureuse, comparable d'un certains facon à l'Opus Dei, avec une vision très traditionaliste de la société et donc proche des partis et des politiciens de droite, était passée au soutien de politiciens de gauche, sans changer d'un iota sa vision de la société.
L'article soulignait comment ce changement etait lié à la chute du consensus de l'organisation meme, causée par des scandales et des poursuites judiciaires pour certaines de ses personnalités politiques, qui sont toujours proches au monde de CL.
Par exemple l'ancien gouverneur de la région de Lombardia Roberto Formigoni, condamné à sept ans de prison pour corruption pour avoir facilité une série d'entrepreneurs dans le secteur de la santé, en échange d'avantages économiques.  
Au moment de son arrestation l'ancien président de la Lombardia a subi une saisie de biens meubles et immeubles, pour 59 millions d'euros.   Une autre personne proche du monde du CL est Silvio Berlusconi, qui a été définitivement condamné pour fraude fiscale. Berlusconi était un proche de Don Verzè, président fondateur de l'hôpital San Raffaele ainsi que président de la Fondation St.Raffaele del Monte Tabor (la holding qui possède aujourd'hui l'hopital). 
Mais qu'est ce qu'il a etè Don Verzè? C'etait le 1996 quand l'hôpital St.Raffaele s'est séparé de l'université de Milan pour former un nouveau centre universitaire, avec l'université Vita Salute S. Raffaele dont Verzè était le recteur.
Par la suite la holding Monte Tabor, une fondation crèe en 1958 par Don Verzè, a acquis les laboratoires d'analyse Laboraf spa et puis le centre de médecine moléculaire MolMed spa.
En 2000 le Vatican a reconnu l'association "I Sigilli", crèe au sen de la fondation Monte Tabor par Don Verzè et composée par des fidèles proches de la Fondation qui ont consacré leur vie à la Compagnia delle Opere. 
La relation entre Verzè et Berlusconi remonte à 1970, lorsque Verzè a acheté le terrain sur lequel l'hopital San Raffaele devait être construit, terrain adjacent à la zone sur laquelle la societè Edilnord de Berlusconi devait construire le quartier de Milano "Milan 2".
Accablée par des dettes d'un milliard et demi d'euros, en 2011 la Fondation décidé de confier la gestion de l'hopital San Raffaele à un consortium dirigé par le Vatican.
En juin 2011, après le dépôt de la demande de faillite, le parquet de Milan a commencé à enquêter sur le San Raffaele, dans l'hypothese d'une faillite frauduleuse. En juillet 2011 la gestion de l'hôpital a été confiée à l'ancien PDG de Parmalat Enrico Bondi, ainsi qu'à l'ancien directeur general de l'hôpital Renato Botti.
Le 10 janvier 2012 l'hopital San Raffaele a été acheté par le groupe San Donato, pour 405 millions d'euros, devançant l'IOR et le Vatican. En juin 2020 Roberto Maroni, ancien ministre de l'Intérieur de la Ligue, a rejoint le conseil d'administration de l'hôpital. 
Quelques années auparavant, avec l'aide du Premier ministre Berlusconi, Verzè avait réussi à détourner le vol des avions qui décollaient de l'aeroport de Linate loin de l'hopital, parce que retennues beaucoup trop polluant.
Selon le parquet de Rome, grâce à son amitié avec le directeur des services de renseignement militaires (SISMI) de l'époque Nicolò Pollari, Verzè était tenu au courant des résultats de l'activité illégale d'espionnage menée par le collaborateur des services Pio Pompa, contre des hommes politiques, des syndicalistes et des journalistes, tous opposants au gouvernement Berlusconi.
En décembre 2011 Don Verzè a été hospitalisé pour une insuffisance cardiaque. Il décédé quelques heures plus tard.
Nombreuses enquêtes journalistiques ont été produites sur les liens entre Berlusconi et Don Verzè, des liens qui selon beaucoup sont à l'origine de la fortune politique de l'ancien Premier ministre. Enquetes menè ainsi sur le détournement de sommes provenant de l'hôpital S.Raffaele, à des fins personnelles. 
En particulier je voudrais signaler l'enquet conduit par l'emission Report, qui montre le transfert de fonds importants au Brésil, à travers la création d'un hôpital privé à Salvator De Bahia. L'enquête montre également la création d'une série de fazendas au nom de personnes proches de Don Verzè, ainsi que l'utilisation systématique par ce dernier de l'avion de Berlusconi, lorsqu ce dernier était Premier ministre.
Parmi les hommes politiques de centre-droite proches du monde du CL qui ont été impliqués dans des affaires judiciaires, il faut également mentionner l'histoire de l'ancien président de la province de Catania (CT), devenu sous-secrétaire à l'agriculture pour le parti Nouveau Centre Droite du gouvernement Monti, Giuseppe Castiglione. 
Dans le quadre de l'enquet "Mafia Capitale", M. Castiglione a été accusé par le parquet de Rome d'avoir truqué des appels d'offres concernant le plus grand centre d'accueil de migrants d'Europe, le Cara di Mineo (CT).
A l'epoque il a etè le compagnon de parti de l'ancien ministre de l'Intérieur Angelino Alfano,  lui aussi proche de CL. 
Castiglione aurait favorisé le Consortium Calatino, auquel appartenait le groupe de coopératives blanches Sisifo, proche du CL, en relaction a le contrat de gestion du Cara susmentionnée. En particulier Castiglione aurait fait de l'appel d'offres en question, d'une valeur de 100 millions d'euros, une offre "dediè" a la coop blanche Sisifo. 
Il y a un interception telephonique selon la quel, en échange du contrat, les coopératives proches du CL auraient financé le parti Nouveau Centre Droit, auquel appartenaient aussi bien Castiglione qu'Alfano.
Parmi les politiciens de centre-gauche sur lesquels  CL aurait mis l'accent, il y a certainement l'ancient premier Matteo Renzi, dont la carrière fulgurante a été le moteur de figures politiques appartenant à son courant, comme l'actuel maire de Florence Dario Nardella, également proche du CL. Ou encore l'ancien adjont à la mobilité a la mairie de Florence Massimo Mattei, à la tête d'une entreprise appartenant à la Compagnia delle Opere, dans laquelle travaillait également l'ancien secrétaire de Florence du PD Michele Morrocchi, ainsi que son homologue du PDL (centre droite) élu à la Chambre des députés Gabriele Toccafondi.
Parmi les entrepreneurs le plus proches au Renzi, il y a certainement Marco Carrai, un constructeur des batiments nommé président de l'Aeroporto di Firenze spa, et aussi administrateur délégué de Firenze Parcheggi spa, ainsi que membre de Ente Cassa di Risparmio di Firenze, actionnaire de Banca Intesa (banque proche de CL).
M. Carrai siège également au conseil d'administration de l'importante institution culturelle de la ville de Florence, Gabinetto Viesseux. Il est aussi ambassadeur pour l'État d'Israël pour les régions de Toscane et d'Émilie-Romagne. Le cousin de Carrai est l'entrepreneur qui a créé la Compagnia delle Opera en Toscane. Autre homme politique de centre-gauche proche de CL, ancien PDG de Banca Intesa, nommé ministre des infrastructures dans le gouvernement Monti, est Corrado Passera.
Enfin, entre les hommes politiques de longue date qui se sont recemment rapprochés au monde de la CL, il y a l'ancien ministre du développement du gouvernement Prodi Pierluigi Bersani, et aussi l'ancien président de la Chambre des députés Fausto Bertinotti.  

La polemique entre Bertinotti et Boffano
C'ètait le 21 aout 2015 quand l'agence de presse AdN Kronos titrait: Meeting Rimini: Bertinotti, "La gauche doit apprendre de l'Eglise. La politique est misèrable".
L'occasion c'etait celle de l'assemblèe annuel de Comunione e Liberazione qui se tient chaque annèe a Rimini, pendant le mois d'aout. Pour mieux comprendre ce que CL represente et aussi le Meeting de Rimini, nous renvoyons à un post precedent.
"La gauche doit apprendre de l'Eglise du pape Bergoglio la rupture, la discontinuitè", dit l'ex secretaire du parti della Rifondazione Comunista Fausto Bertinotti, qui poursuit en expliquand d'avoir acceptè l'invitation parce que "c'est une occasion de dialogue".
A ceux qui lui demandent s'il etè d'accord avec les paroles de l'Eveque Ms. Nunzio Galantino, qui a parlè de la politique comme d'un harem de cooptès et rusès en soulevant une polèmique, il rèpond:"Oui, et je pense que cette vèritè peut etre dite quand le point de vue n'est pas interne à la politique politicienne".
"L'operation que Galantino fait - reprend Bertinotti - est celle d'une sortie de la logique de la proximitè avec un dèploiement politique. Et le placement n'est pas entre le centre-droit et le centre-gauche, mais c'est la critique aux formes de pouvoir et de gouvernement de cette societè. Ce n'est pas un hasard si la sollicitation vient chez les ultimes, c'est-à-dire des immigrès, de tous ceux qui vivent en dehors de la "citadelle". Prendre cette position donne un regard prophetique a l'horizon". Mais "chaque fois que le pouvoir est soumis à une critique, il tend a dèlègitimer la critique elle meme. La politique aujourd'hui c'est cette misère, et fait comme les trois singes: il ne voit pas, il n'entend pas, il ne parle pas".
Presque un an plus tard, en Avril 2016, Bertinotti accorde une nouvelle interview au Corriere della Sera:
"Lors de l'assemblèe annuel de Comunione e Liberazione - declare l'ancien leader de Rifondazione Comunista - j'ai trouvè les gens".
"Le mouvement ouvrier ne se remet jamais en question". Bertinotti explique au journal que ses relations avec le monde de CL se sont intensifièes depuis l'ètè 2015. Le journaliste lui demand ce qui l'a frappè dans le monde de CL, et il repond: "La capacitè de prèvoir l'avenir". Et il ajoute: "C'etait vrai pour Don Giussani (le fondateur de CL et notamment dans sa denonciation de la crise du rapport entre l'Eglise et le peuple qui ètait pour lui memorable) comme pour Don Julian Carron (l'ex leader de CL)". Pour Bertinotti "la gauche politique est morte et le mouvement ouvrier est en crise et ne se remet pas du tout en question".
Bertinotti a partecipè à de nombreuses initiatives pour presenter le livre de l'ex leader de CL, Don Carron, "La beutè desarmèe", et aussi a des debat avec des representants de l'Eglise, pour comparer des experiences "radicalement diffèrentes". 
Selon Don Carron c'est prècisèment la mauvaise relation avec le pouvoir et les institutions qui est la cause et l'effet de la perte d'identitè dont souffre la gauche. 
Dans un article publiè en aout 2020, l'ancien codirecteur de Il Fatto Quotidiano, Ettore Boffano, ecrit que CL reprèsente "le pire catholicisme".
Ce que CL c'est devenu, ecrit le journaliste, c'est clair depuis longtemps pour ceux qui ont des yeux pour le voir. Un "collatralisme religieux" dont la parabole devait culminer avec le delits commis par Roberto Formigoni (ancien president de la Region Lombardia) et les vingt ans (au pouvoir) de Silvio Berlusconi, grace a la bènèdiction du cardinal de Milan, Mons. Camillo Ruini. Au mepris du renouveau souhaitè par le Concile et incarnè par des hommes tels que Vittorio Bachelet ou le cardinal de Tourin Mons. Antonio Ballestrero, qui sans etre ecoutè avait dejà dit tout ce haut et fort à pape Wojtyla en 1980. Et aujourd'hui ce "pouvoir politique soutenu par la religion", apres avoir pris le controle du systeme de santè publique en Lombardia, tente à nouveau sa chance avec Mario Draghi à l'occasion du derniere meeting de Rimini.
La rèponse de Bertinotti se trouve dans une interview publièe sur le site Il Sussidiario, le 5 aout 2020:
"(l'article de Boffano) c'est entièrement et uniquement politique. C'est l'expression parfaite de la misère de la politique rèduite à un conflit à consommer dans l'immèdiatetè quotidienne". L'existence ne se justifie que par la diffèrence: je ne suis pas "lui" - en l'occurence CL, demain quelqu'un d'autre. "Mais vous - il demande - qui etes vous?"
Bertinotti explique que chez l'auteur de l'article il n'y a pas du reel interet a connaitre le monde et les raisons du CL, que sous la direction de Don Carron c'etait une rèalitè diffèrente de celle du passè. L'ancien secrètaire du PRC ajoute que rèduire CL à une experiènce de centre-droit c'est rèducteur, montrant de ne pas comprendre l'aspect spirituel aussi bien que son lien avec le peuple. (cm)

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