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Billet de blog 5 novembre 2018

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Pour défendre son parti homophobe, un adhérent de l'UPR me traite de "chouineuse"

Je publie le témoignage que je viens d'envoyer à SOS Homophobe suite aux invectives homophobes d'un adhérent du parti de François Asselineau, parti qui considère que l'égalité et les droits des personnes LGBTI+ sont secondaires et ferments de division - ce qui est le fondement même de l'homophobie. Ne laissons plus rien passer, combattons l'homophobie partout.

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Le 2 novembre 2018, j'ai été traité de « chouineuse » et de « gamine » en tant qu'homosexuel militant, par Aurélien Enthoven, militant au micro-parti UPR qui l'a récemment mis en avant médiatiquement.

La raison était que je défendais une définition exigeante de l'homophobie dans laquelle l'UPR, qui refuse de se positionner au-sujet des droits des LGBT au motif qu'ils seraient secondaires et ferments de division, rentre parfaitement. Je milite contre les homophobies et la transphobie depuis plus de 20 ans. J'ai été militant à Act Up-Paris, que j'ai représentée à vos côtés lors de la plainte contre Christian Vanneste, première affaire permettant d'appliquer l'extension du délit d'injure aux insultes homophobes.

Je suis régulièrement pris à partie sur les réseaux sociaux pour mes autres engagements, notamment contre l'islamophobie, auprès du CCIF*. J'ai témoigné des insultes que me vaut ce double engagement et j'ai expliqué la cohérence de ces engagements dans ce billet : https://blogs.mediapart.fr/merome-jardin/blog/041117/lutter-contre-lhomophobie-lutter-contre-lislamophobie-une-double-evidence

Vendredi 2 novembre, je critique sur Twitter le message d'un représentant du collectif libéral Antigone, Nicolas Moreau, qui explique les agressions par la trop forte présence dans les débats publics des questions liées aux droits des personnes LGBTI+ , ce qui est pour moi un retournement homophobe insupportable des causes de la hausse actuelle des agressions rapportées.

© peabodyjoshua

Dans la discussion qui s'en suit, je suis pris à partie par le compte « MGigantoraptor », pseudonyme d'Aurélien Enthoven, youtubeur et adhérent à l'UPR. Ce micro-parti l'a récemment mis en avant médiatiquement. Son compte Twitter est suivi par plus de 7000 personnes, sa chaine Youtube par 47 000 abonnéEs.

Aurélien Enthoven vole au secours du tweet dont je relevais l'homophobie en ces termes :

© mgigantoraptor

Ce n'est pas la première fois qu'Aurélien Enthoven me reproche mon engagement auprès du CCIF qu'il diffame en qualifiant les adhérentEs d'islamistes. Je lui rappelle que son parti considère les droits des LGBT comme secondaires, que c'est homophobe et qu'il est donc mal placé pour me faire la moindre leçon alors que je subis l'homophobie et que je lutte sans cesse contre elle :

© peabodyjoshua

C'est alors qu'il me répond en confirmant que les questions LGBTI et que je suis une « chouineuse pas possible » : « Ce n'est pas stigmatisant, il n'y a aucune espèce de discrimination au sein du parti, ne pas s'exprimer là-dessus n'est pas stigmatiser un ensemble de minorités. Vous êtes une chouineuse pas possible. » 

Illustration 4

Je m'étonne qu'il utilise ce féminin, qui reste un classique de l'humiliation homophobe – de même que l'idée de chouiner vise à disqualifier la dénonciation de l'homophobie. Il reprend alors en me traitant de gamine, avec une blague appuyée sur l'écriture inclusive : « Vous vous conduisez comme une gamine, ou comme un gamin si vous préférez, soyons inclusifs. »

Dans ces derniers tweets, il étalera son incompétence sur les luttes minoritaires, les outils pour combattre et nommer les oppressions. Il me reproche l'usage du mot « fragilité » comme étant viriliste, alors qu'il désigne simplement la réaction d'un oppresseur à la mise en évidence d'une oppression systémique, notamment dans « fragilité blanche ».

De même, il me reproche d'utiliser les termes de « pédés » et de « pédales » alors que l'usage militant de réappropiation des stigmates est un outil classique des luttes.

Il me semble important de témoigner de ces invectives homophobes pour rappeler que l'homophobie est partout, que la féminisation des homos est une arme homophobe et sexiste, et que lutter pour une définition exigeante de l'homophobie – qui ne se limite pas au rejet et aux violences physiques, mais rappelle que la hiérachisation des droits, des vies, des politiques en fonction de l'orientation sexuelle est le fondement même de l'homophobie, et qu'à ce titre, l'UPR est homophobe – est indispensable dans le contexte actuel.

[MAJ le 7 novembre]

Alors que je dois faire face à des invectives homophobes d'une militante d'En Marche, qui utilise le même arsenal que l'adhérent de l'UPR ("pleureuse", écrit-elle), Aurélien Enthoven intervient pour me traiter de "déchet du CCIF" :

Illustration 5

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* Rappel : adhérent au CCIF, je ne suis pas mandaté pour porter sa parole et mes propos dans mon blog n'engagent que moi.

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