Riga: Art Nouveau, nationalisme et petits oiseaux

La Lettonie, comme les autres pays baltes, a redécouvert l'indépendance à sa sortie de l'URSS. Après des siècles passés sous la coupe des royaumes voisins, des féodaux teutons puis de l'ours russe, elle n'avait jusqu'ici connu que deux décennies d'existence indépendante entre les deux guerres mondiales.

Cette histoire chahutée explique que la commémoration du Réveil Letton soit omniprésente, tout comme les drapeaux ukrainiens qui accompagnent un peu partout le drapeau européen et le drapeau national:

Comme à Tallinn en Estonie, il existe un Musée des Occupations qui décrit la dureté de l'occupation soviétique à partir de 1945 avec son cortège d'exécutions sommaires et de déportations. Il s'y trouve aussi un musée juif et un musée de l'Holocauste que je n'ai pas visités. La plupart des Juifs lettons furent exterminés par les nazis, avec, comme en Pologne, une large complicité des citoyens "de souche". J'imagine que la création de ces deux musées est une façon pour la Lettonie d'aujourd'hui de faire implicitement amende honorable.

De l'époque soviétique ne subsiste que le monument aux fusiliers lettons qui s'étaient ralliés à la révolution bolchevique après avoir été copieusement sacrifiés au cours de la guerre contre l'Allemagne par l'incompétence et la stupidité du haut commandement de l'armée impériale russe. Ils constituèrent dès 1919 les troupes les plus aguerries et les plus disciplinées au sein de l'Armée Rouge (Lénine, qui craignait d'être assassiné, avait choisi des Lettons pour constituer sa garde personnelle):

Le centre historique de Riga est un haut lieu de l'Art Nouveau, dans sa version Jugendstil d'origine hollandaise, moins exubérante que le "style nouille" de Guimard et autres, plutôt une sorte d'hybride entre l'Art Nouveau et l'Art Déco:

Le musée national des Beaux-Arts présente les peintres lettons du 19ème et 20ème siècle, quasi-inconnus en France malgré l'exposition consacrée aux peintres nordiques par le Musée d'Orsay il y a quelques années, et en dépit de la visible influence du symbolisme, de l'impressionnisme ou du cubisme chez la plupart d'entre eux qui étaient passés par Paris dans leurs années de formation:

Aucune des toiles relevant du réalisme socialiste, qui doivent dormir dans les réserves, n'y sont exposées. On peut supposer que, de la même manière que l'on redécouvre chez nous la très stalinienne Nadia Léger, on remontrera un jour les œuvres de certains peintres officiels de l'époque soviétique, comme l'Estonie l'a déjà fait.

Les œuvres les plus originales relèvent d'un expressionnisme nordique plutôt lugubre, reflet des tourments de l'Histoire:

Autour des nombreux cafés-pâtisseries qui attendent les touristes déambulant dans les vieilles rues pavées, les moineaux sont à l'affût des miettes de strudel qui restent dans les assiettes: