Un bon exemple de ces multiples erreurs est le papier d'Eric Fassin, une des têtes de gondole habituelle de la "gauche moralisatrice" de Mediapart (une gauche impuissante parce que seulement moralisatrice).
Par-delà ses erreurs d'analyse sur la participation (lire le commentaire circonstancié de Sycophante à ce sujet, commentaire auquel Fassin n'a évidemment pas répondu) son papier se trompe sur un point crucial: le poids primordial de l'obscurantisme religieux dans le vote Trump, une dimension du problème qu'il cherche à toute force à rabattre sur la question raciale (point sur lequel il commet également des erreurs dans l'analyse des hispaniques qui sont aussi en partie des "Blancs").
Ceci n'est pas surprenant compte tenu de la posture multi-culturaliste qui constitue la ligne du Médiaparti, posture dont le principal défaut (pour cause d'anti-islamophobie) consiste à minimiser le caractère politiquement nuisible de toutes les religions révélées. Or s'il est une certitude statistique bien établie en sociologie électorale, c'est bien la corrélation entre pratique religieuse et vote à droite.
S'il y a bien une droite religieuse, il n'y a pas de gauche religieuse.
Trump ne s'y est d'ailleurs pas trompé en choisissant un vice-président évangélique tendance "ultra" et en adoptant un positionnement réactionnaire sur les thèmes sociétaux qui sont les points d'ancrage traditionnels de la droite religieuse (avortement, prière à l'école etc.)
Les deux variables explicatives principales du vote Trump sont bel et bien la pratique religieuse et le faible niveau d'étude, alors que le revenu moyen n'est pas une donnée statistiquement significative:
https://blogs.mediapart.fr/michel-delarche/blog/230916/les-electeurs-de-trump-ne-sont-pas-les-plus-pauvres-mais-les-plus-bigots-et-illettres
Le discours dénonciateur de Fassin vis-à-vis des couches populaires et moyennes qui votent pour l'extrême-droite se colore volontiers du même mépris de classe qu'affichent les technocrates néo-libéraux de Bruxelles et d'ailleurs lorsqu'ils expliquent que les gens qui s'opposent au libre-échange et à l'immigration n'ont pas bien compris (sous-entendu: parce qu'ils ne sont pas très intelligents ni très éduqués) ou qu'on ne leur a pas suffisamment expliqué:
"Les électeurs d’extrême droite ne sont pas des victimes dont il faudrait écouter la souffrance." (Ben si, un peu quand même aussi...)
Ce n'est décidément pas avec ce genre de discours que la Gauche va remonter la pente...