Le dernier entretien d'Edwy Plenel avec Edgar Morin, ou le débat entre Stiegler et Emmanuel Todd, sont de ces interviews ou débats passionnants, tant ils élèvent la pensée et amènent à la réflexion...
Me vient alors l'idée d'une nouvelle table ronde assez originale entre Edwy Plenel, Laurent Mauduit, Alain Bentolila, Alain Rey, Patrick Chamoiseau, Philippe Sollers, Julia Kristeva, Marie NDiaye, François Weyergans, Vincent Peillon (ou d'autres ?), pour un débat d'idées sur la langue et sa transmission, sur l'enseignement, et plus précisément la transmission ET l'enseignement du français à l'école mais d'abord dans les familles, et à travers les médias, et ce qu'on appelle maintenant la novlangue des "experts" qui se répand à vitesse grand V un peu partout en France, mais aussi sur l'échec scolaire et l'illettrisme - conséquence directe, selon moi, du non entendement du français dans notre monde de plus en plus "informatisé " et médiatisé, où l'évolution technologique galopante aggrave considérablement les choses, pour ne pas dire la dévastation en cours...
Cette table ronde pourrait s'intituler : "Notre langue française et sa transmission". "Conversation sur la langue"...
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Je rappelle qu'Alain Bentolila est un linguiste français né le 21 avril 1949 à Relizane (Algérie). Auteur d'une vingtaine d'ouvrages (*) concernant notamment l'illettrisme des jeunes adultes et l'apprentissage de la lecture et du langage chez l'enfant, il est professeur à l'université Paris Descartes.
(*) De l'illettrisme en général et de l'école en particulier, PLON 1996. Grand prix de l'académie française.
Le verbe contre la barbarie, ed Odile Jacob, 2007
Parle à ceux que tu n'aimes pas, le défi de Babel, ed Odile Jacob, 2019
La langue française pur les nuls, ed First, 2013
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"Si on veut qu'un enfant apprenne, comprenne, fasse l'effort de rentrer dans la grammaire et l'orthographe, il faut qu'il sache pourquoi," explique Alain Bentolila. Aujourd'hui, nous disposons de plus en plus d'outils de corrections. Mais cela n'est pas une raison pour arrêter d'apprendre les règles. "On n'écrit pas simplement sur un clavier, on n'a pas toujours un correcteur sous la main, l'orthographe est fait pour passer sa pensée à un autre par écrit. Quand j'écris ancre et non pas encre, je ne veux pas dire la même chose. Il faut expliquer aux enfants que si on a décidé d'écrire avec des règles c'est pour pouvoir "transmettre à un autre, à distance, sa pensée."
"Pour Alain Bentolila, les inégalités linguistiques ne cessent d'augmenter. "Lorsque l'on fait passer des tests de vocabulaire à 1.000 enfants qui rentre au cours préparatoire, on se rend compte qu'entre ceux qui connaissent le plus de mots et les 20% qui sont les plus pauvres en vocabulaire, la proportion est de un à sept. Ceux qui en connaissent le moins culminent à 350 mots et ceux qui en ont le plus à 2.500 mots. Au moment où ils vont apprendre à écrire et à lire, certains apprendront facilement et les autres auront d'énormes difficultés. Mais tout n'est pas joué car les instituteurs se battent contre cela."
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Et qu'Alain Rey est un linguiste et lexicographe français né à Pont-du-Château (Puy-de-Dôme) le 30 août 1928. Il est le rédacteur en chef des publications des éditions Le Robert.
Alain Rey est un observateur de l'évolution de la langue française. Il incarne, à l'instar du Robert, une langue française moderne, n'hésitant pas à inclure dans ses dictionnaires du verlan ou des régionalismes.
Alain Rey a écrit de très nombreux ouvrages, dont :
- À mots découverts, 2006
- Mille ans de langue française. Histoire d'une passion (avec Frédéric Duval et Gilles Siouffi), Perrin, 2007
- L'Aamour du français : contre les puristes et autres censeurs de la langue, Denoël, 2007
- Miroirs du monde : une histoire de l'encyclopédisme, Fayard, 2007
- Lexi-com'. Tome 1, De Bravitude à Bling-Bling, Fayard, 2008.
- L’Esprit des mots, PURH, 2009.
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Patrick Chamoiseau, qui tient un blog sur Mediapart, né à Fort-de-France le 3 décembre 1953, est un écrivain français originaire de la Martinique, Auteur de romans, de contes, d'essais, théoricien de la créolité, il a également écrit pour le theâtre et le cinéma. Le prix Goncourt lui a été décerné en 1992 pour son roman Texaco.
Faut-il rappeler qui est Philippe Sollers, écrivain, essayiste et directeur de la revue et de la collection L'Infini chez Gallimard, Ph. S dont je recommande mon livre de chevet "Grand beau temps" (le cherche midi).
Julia Kristeva, est psychanalyste et écrivain. Le Prix Holberg lui a été décerné pour ses travaux novateurs consacrés à des problématiques qui se situent au croisement entre langage, culture et littérature.
Marie NDiaye est une femme de lettres françaises, ayant notamment remporté le prix Femina en 2001 pour Rosie Carpe, et le prix Goncourt en 2009 pour Trois femmes puissantes.
Et nommer encore François Weyergans, qui, à la suite d'une analyse, publie en 1973 un compte-rendu sarcastique de sa cure. C'est la substance de son roman Le Pitre, remarqué par la critique, qui obtient le prix Roger-Nimier.
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A l'heure donc où les Français sont souvent désorientés par l'enseignement à l'école, où les inégalités se creusent entre Français, où le français se perd au détriment de l'anglo-américain, où s'exprime tant d'interrogations quant à notre identité, où Jacques Lacan affirme que notre inconscient est structuré comme un langage, où l'analphabétisme devient une chose patente, une réflexion sur la langue n'est-elle pas VITALE ?
Je suis persuadée qu'un tel débat aurait une très grande audience.
Chers Edwy Plenel et Laurent Mauduit, que pensez-vous de cette idée ?
Et vous, lecteurs-abonnés de Mediapart, que penseriez-vous d'une telle table ronde ?
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