RAPPEL : les fiches solutions ont pour but de donner des pistes pour mettre en place un projet de société alternatif au capitalisme. Les propos tenus ici étant à l'opposé des discours politiques et médiatiques ambiants, il est indispensable d'infléchir son mode de pensée pour pouvoir se les approprier. Je ne saurais trop recommander de ne lire ces fiches solutions qu'après avoir lu les fiches précédentes figurant sur ce blog, ou au minimum la Fiche pratique 17 : bilan non exhaustif .
OBJECTIF: il est important de rappeler que les solutions représentent un projet de société complet. Chaque solution seule ne suffit pas à résoudre le problème. Elles s'imbriquent, se complètent et sont par conséquent toutes indispensables.
SOLUTION 3 : répartition des richesses produites
Même s'il est largement critiquable car il ne prend en compte que les aspects purement économiques et pas les aspects sociaux ou environnementaux, nous allons quand même nous servir du PIB (Produit intérieur brut) pour visualiser la répartition des richesses telle qu'elle est faite aujourd'hui et telle qu'elle devrait l'être dans un monde plus juste. Pour rappel, le PIB est la somme des valeurs ajoutées d'un pays, autrement dit il représente les richesses (économiques) créées dans ce pays. En France le PIB se situe aux alentours de 2 300 milliards d'euros par an, chiffre en constante hausse ce qui prouve bien que la productivité des travailleurs augmente contrairement aux discours que nous font passer les dominants (il était aux alentours de 2 000 milliards il y a 5 ans, soit une augmentation d'environ 300 milliards sur cette période). Remarquez, nos représentants et leurs amis qui se prétendent journalistes ne sont pas à un mensonge près... Mais bon la manipulation des masses n'est pas l'objet de ce billet.
Donc aujourd'hui, le PIB se répartit en 3 grandes familles : les salaires pour environ 40%, les cotisations sociales pour environ 25% et les profits pour environ 35%. Depuis 40 ans, les parts des salaires et des cotisations sociales ne cessent de baisser tandis que celle des profits ne cesse d'augmenter. Inutile de dire que c'est une des raisons majeures de l'augmentation de la pauvreté puisque seuls les propriétaires lucratifs décident de ce qu'ils font de ces profits. Ils vont investir ? Si oui vont-il le faire en France ou dans des pays à bas-coûts ? Vont-il investir dans des choses utiles ou bien dans des choses inutiles ou dangereuses ? Vont-ils spéculer ? Vont-ils en placer dans des paradis fiscaux ? Vont-ils les garder pour eux ? Il est bon ici de rappeler que la fortune personnelle de M. Bernard Arnault est passée de 50 à 100 milliards après 2 ans de gouvernement Macron. A-t-il réellement travaillé pour gagner ces 50 milliards supplémentaires (sachant que ses journées ne font que 24h) ou bien s'est-il servi sur le travail des autres ?
Il semble évident que la répartition du PIB n'est pas bonne. Il est surtout évident que les profits ne sont pas dans des mains dignes de confiance. Alors comment faire pour changer tout ça ? Je ne vous propose pas d'inventer un nouveau système car certains trouveraient encore ça utopique. Non le plus simple est de regarder ce qui a déjà été fait et de faire pareil. Tout simplement.
En 1946, le ministre communiste Ambroise Croizat, aidé par la CGT, créé le régime général de la sécurité sociale dans le but de pallier aux risques de la vie. Ainsi, la sécurité sociale finance la santé, les retraites, le chômage et les allocations familiales. Pour financer ça dans un pays ruiné par la guerre, il a pris un pourcentage sur le PIB, pourcentage qui sera donc socialisé (mis en commun) afin que tous les citoyens sans exception en bénéficient.
Comme nous l'avons vu, à la différence de l'après-guerre, notre pays est très loin d'être ruiné. Il n'a même jamais été aussi riche. Alors pourquoi diable ne pourrait-on pas faire comme en 1946 ? Et pourquoi pas aller plus loin en socialisant l'ensemble du PIB ? En effet, puisque nous sommes tous producteurs, nous gardons collectivement les fruits de notre travail et nous les gérons en commun. Une partie de ce PIB irait dans des caisses de salaires afin de payer les salaires à vie* de l'ensemble des citoyens. Une partie irait dans l'investissement global (nous reviendrons sur ce terme dans les prochaines fiches solutions). Une partie irait dans l'auto-financement des entreprises (là encore nous y reviendrons). Et une dernière partie permettrait de financer la "gratuité" de certains services publics comme par exemple les transports en commun de proximité, les premières consommations d'eau et d'électricité, les écoles...
Les caisses seraient bien évidemment gérées par les salariés eux-mêmes et non pas par la petite caste de voyous qui gère aujourd'hui tant les profits que les caisses de la sécurité sociale ou encore les institutions.
Là encore cette solution seule ne suffit pas. Elle doit être accompagnée d'autres comme la fin de la propriété lucrative, la fin des crédits, et la mise en place d'un système qui donne aux citoyens les pouvoirs de décision. Nous verrons chacun de ces aspects dans les prochaines fiches.
* Le salaire à vie proposé ici n'a rien à voir avec le revenu de base proposé notamment par Benoït Hamon lors de la campagne présidentielle de 2017. C'est même l'exact opposé. C'est un sujet traité dans la Fiche pratique 12 : les mauvaises idées.